Catacombes de Paris

Voyage au centre de Paris

Il existe à Paris un endroit caché, un domaine pourtant immense que chacun foule presque partout où il se déplace : les catacombes. Dans un dédale de galeries chargées d’histoire et d’anecdotes, la balade au cœur de la ville est empreinte de mystère et entraine le visiteur dans une atmosphère mêlant excitation et angoisse. Longez les couloirs de pierre dans les entrailles de Paris et suivez la ligne noire jusqu’à « l’empire de la mort »…

Informations Générales

Le ventre de Paris

anciennes carrières

Vous allez dire que c’est une entrée en matière bien macabre. Mais qu’est-ce qui peut bien se cacher sous nos pieds ? Quel lieu maléfique voit les âmes des défunts errer sans fin et menacer le monde des vivants ? Les fantasmes pourraient aller bon train.
Il y a effectivement plus de 300km de galeries souterraines à Paris. Mais ce sont les vestiges des carrières de gypse et de calcaire qui dès le XIIe siècle ont permis la construction de la ville. Notre-Dame est ainsi en partie née du ventre de Paris, et non d’une antichambre des Enfers. La capitale serait-elle donc un gigantesque emmental dont la croûte terrestre menacerait de s’effondrer ? Oui, à ceci près qu’il aura fallu le génie humain pour élaborer toute une architecture de consolidation des sous-sols faite de piliers et de colonnes érigés pour que les ciels de carrières ne s’écroulent plus. Parce qu’il y en a eu des accidents, notamment en 1774 lorsque la rue d’Enfer s’affaissa sur 300m de long et 30m de profondeur ! Il était grand temps de faire quelque chose.
Dans l’enchevêtrement de couloirs de ces anciennes carrières, seule une infime partie est officiellement accessible. Et au bout de ce parcours se trouve les immenses galeries d’ossements. Si l’endroit n’a pas été conçu dans un but d’adoration mystique, il y a tout de même un côté sombre, même s’il ne s’agit que d’un ossuaire municipal et non de quelques limbes pétrifiés.

Plaque cimetière des Innoncents

Les catacombes de Paris n’ont en effet rien d’un sanctuaire, contrairement aux souterrains de Rome. Il y a donc bien une erreur de vocabulaire qui s’est glissée dans la culture et le patrimoine de Paris. C’est en fait un gigantesque dépositoire dont le but n’est pas de rendre hommage à d’illustres défunts mais de désengorger les cimetières bondés. En effet, tout juste dotée d’une Inspection Générale des Carrières, la vile décide en 1785 de transférer le cimetière des Innocents dans un ossuaire. Ce projet d’assainissement urbain répond aux plaintes des riverains dont la vie est empoisonnée par la pestilence et l’air vicié. Il faut dire que près de 10 siècles se sont écoulés entre l’enterrement de la première dépouille et le décret officiel de déplacement des ossements ! La translation prend 2 ans, puis d’autres cimetières sont vidés jusqu’en 1814. En 1859, les travaux du baron Haussmann mettent à jour de nouveaux ossements qui sont alors eux-aussi disposés dans les catacombes. Résultat : on estime aujourd’hui que près de 6 millions de Parisiens reposent là…c’est-à-dire trois fois la population des vivants !
Aujourd’hui, l’endroit est aussi devenu le paradis d’une communauté occulte, séculière et casse-cou : les cataphiles.

Galerie

En toute illégalité, ces escaladeurs de la nuit se faufilent dans les tunnels de roche dont eux-seuls connaissent les accès, et s’offrent des sensations fortes de galeries en galeries. D'autres arpenteurs des lieux ont l’âme moins aventurière que vandale et d’importantes dégradations doivent régulièrement être réparées, notamment en septembre 2009 (il aura fallu trois mois de travaux pour que le site soit à nouveau ouvert au public). Mais ces exploits peu glorieux ne sont pas l’apanage des générations modernes puisque dès le premier Empire, lorsque les catacombes sont ouvertes au public, il faut fermer les lieux à plusieurs reprises dans les années 1830 suite à des dégradations. Quoi qu’il en soit, mieux vaut donc emprunter le parcours aménagé de près de 2km partant de la place Denfert Rochereau que finir aux Urgences ou au poste de police.
Il est à présent temps de commencer la visite…

 

Audrey Bonnet
Publié le 01/02/10

Crédit photos : © Christophe Fouin / DAC