Musée du Moyen-âge

Une histoire vieille de 2000 ans

Qui osera après cette visite dire que l’époque médiévale est une période artistiquement et culturellement creuse en comparaison aux merveilles antiques et aux innovations de la Renaissance ? Témoin du passé, le musée du Moyen-âge fait revivre à travers l’art une époque qui a démontré sa richesse, tant en Occident qu’en Orient.

Informations Générales

Le musee national du moyen-age

Depuis Denfert-Rochereau, droite toute sur l’avenue du même nom et vers le boulevard Saint-Michel. Depuis châtelet, foncez sur l’île de la cité, et poursuivez sans relâche vers la rive gauche. On ne se laisse pas tenter à la flânerie dans les rues de Saint-Germain et on rejoint le boulevard Saint-Michel. Il se dresse là, en plein quartier latin, ovni en ruine au milieu des immeubles haussmanniens : le musée national du Moyen-âge-Thermes et hôtel de Cluny. Une sorte de « refuge à petites merveilles » de l’art médiéval.

Antique ou médiéval ?

Et bien les deux ! Le musée est installé dans deux bâtiments.
Tout commence à la fin du IIème siècle lorsque Paris était encore Lutèce et où pas moins d’un hectare parisien, depuis le boulevard Saint-Germain, jusqu’à la rue des écoles, était consacré aux thermes.
À la bénite époque où le luxe de construire des villas à Paris était encore possible, d’incroyables monuments voient le jour. Parmi eux, les arènes rue Monge, le forum sous la rue de Soufflot, et des thermes rue Gay-Lussac, sous le collège de France et bien sûr celles de Cluny.
Une mode thermale finalement à nouveau d’actualité mais dont les bâtiments antiques n’ont malheureusement pas traversé les siècles.

Les thermes de Cluny ont pour particularité d’avoir été constamment remaniés.
Au IIIème siècle, ils comprenaient trois salles : le frigidarium, un mot latin qui se traduit aisément, il s’agissait bien sûr de la salle froide, une pièce facilement reconnaissable dans le musée de par sa voûte postée à 15m de haut.
Mais aussi deux caldarium, les salles chaudes, en majorité détruites au XVIIIe siècle. De ce que savent les historiens, les salles étaient faites de mosaïques, marbre et peinture, un chef d’œuvre qui a laissé quelques trop rares traces dans le frigidarium.
De thermes antiques, le bâtiment est agrandi pour former l’hôtel des abbés au XIIIe siècle.
Au XVe siècle, le bâtiment est encore étendu par l’abbé de Cluny en Bourgogne, Jacques d’Amboise.

vitrail exposé
Vitrail exposé

À la Révolution, l’hôtel des abbés est nationalisé, parmi les différents propriétaires particuliers, dont Alexandre Du Sommerard en loue une partie en 1832.
Il est le premier à y installer sa propre collection et sera nommé conservateur.
L’architecte Albert Lenoir aura aussi un rôle important dans la transformation des lieux en musée. Passionné par le bâtiment des thermes, il propose de les rénover et d’y installer un musée.

Les thermes étaient en effet jusque là le dépôt lapidaire de la ville de Paris.
L’Etat rachètera l’ensemble des bâtiments ainsi que la collection d’Alexandre du Sommerard en 1843.
À la mort de ce dernier, son fils, Edmond de Sommerard reprendra le poste de conservateur, c’est à ce moment que le musée s’approprie une collection très représentative des arts du Moyen-âge. Des pièces comme la célèbre Dame à la licorne rendront le musée exceptionnel.

Les pièces présentées ainsi que le thème de la visite guidée sont entièrement centrés sur l’époque médiévale et sur les arts décoratifs de cette même période.
Le choix fut fait, sous la direction de Francis Salet, de concentrer la représentation à l’époque moyenâgeuse ; néanmoins l’importance donnée aux thermes de Cluny au sein du site est conservée.
Le musée a une place toute particulière dans le sens où il constitue à lui seul un très « large panorama de l’histoire artistique médiévale ».
Il permet de considérer l’évolution des techniques au fil des siècles, un savoir faire mise à l’honneur et expliquée au cours de la balade, tout autant que les méthodes de rénovation. Les artistes, ainsi que les pièces sont ici valorisés.
Et le panel est complet entre peinture, sculpture, tapisserie, vitrail et orfèvrerie.
 

Valérie Gautier  

Crédits photos : © RMN / Thierry Ollivier; © RMN / Franck Raux