Le Caire

Olivier nous dévoile les dessous du Caire et nous fait découvrir d'étranges paysages.

Intro

15 janvier, arrivée au Caire

Quel bonheur que d’être dans une ville ou aucun Père Noël hideux et démantibulé n’est suspendu aux fenêtres. Cette nouvelle mode qui concurrence déloyalement celle des nains de jardins, me fait gerber tant je la trouve de très mauvais goût. Trop de Père Noël tue le Père Noël. Si encore ils étaient bedonnants, joufflus, proportionnés, rigolos mais non, ils sont simplement informes quand ce n’est pas difformes, voir décapités par une rafale de vent. Je souhaite que l an prochain, à l’ instar du MLNJ ( mouvement de libération des nains de jardins) se crée un CDPNF ( comité de destruction des Père Noël de Fenêtre) ou le but du jeu consisterai pour les membres actifs, à les décrocher d’une manière ou d’une autre( harpon, lasso, boomerang) et à les immoler sur la place publique pour le motif suivant , accusé d’enlaidir et de polluer visuellement le paysage urbain (et rural).

Tout cela pour dire qu’effectivement au Caire il n y a pas de Père Noël de ce genre accrochés aux fenêtres, aux balcons, aux échafaudages ou aux minarets filiformes. Une bien bonne raison pour retrouver le moral et la joie de vivre, jusqu’a ce que j’arrive à lSIS hôtel et que je découvre avec une stupeur affligeante un joli vilain Père Noël ( quand même joufflu et de face celui ci) collé sur la porte de ma chambre et accroché à un beau parachute multicolore en relief et dépliable à souhait. Pour une entrée en la matière en Egypte, j'aurais tout de même préféré un vieux portrait kitch de Ramsès II ou à la rigueur, deux dromadaires symétriques sur fond de pyramide isocèle. Sinon le Caire c'est comme Jasseron en 1 million de fois plus grand, aussi bien en long, en large ou en hauteur. Supposons qu'à Jasseron il y ai dix coups de klaxons par jour, faites le calcul et vous comprendrez pourquoi une paire de boules quiès est indispensable au moins pour dormir en paix.

la ville du Caire la nuit

Et figurez vous que moi, petit homme des collines, fervent adepte du silence, du calme, de la nature et de l’isolement et bien j aime cette ville et non seulement parce qu’il n’y a aucune crotte de chien sur les trottoirs ( ni de Père Noël en mauvaise posture sur les façades des immeubles délabrés). J’aime cette ville, crazyfolledingue, je m'y sens à l’aise et en sécurité, on ne m’embête guère, et je voyage dans le temps à ma guise en changeant simplement de quartier. J’imagine aisément comment pouvait être une ville musulmane au moyen âge et je devine facilement comment sera la même ville en l’an 3000. Contrairement a la majorité des capitales que j ai déjà visité (donc hormis Stockholm et Reykjavik), je n ai pas croisé un seul mendiant, pas aperçu un seul pauvre hère agoniser sur un trottoir, pas décelé la moindre trace de misère extrême, peut être tout simplement parce que je ne me suis pas encore suffisamment approché des gros sites touristiques. Ça a vraiment l’air d'être un beau pays l'Egypte, je ne comprends pas cet homme qui ne voulait pas embarquer dans l’avion lors de l’escale à Milan, Il se débattait tellement que trois policiers suffirent à peine à l’attacher sur le dernier siège au fond de l’avion. C’était sans doute le seul à ne pas payer son billet pour Le Caire et en plus il n’était pas content. le monde est vraiment mal fait. Et au fait avez vous déjà remarqué que TERRIEN ça peut aussi s’écrire T'ES RIEN.....?

19 janvier, stage de survie

Après un premier stage de survie en milieu urbain (et musulman) me voici presque acclimaté au Caire. J'ai tout à fait réussi le premier niveau qui consiste à traverser toute chaussée goudronnée sans se faire tailler plus d 'un short. J'ai mis au point une tactique assez simple en imitant les mouvements de hanche des toréadors. Et OLE, un taxi sur la droite, OLE une Lada sur la gauche, OLE un bus en face qui m évite de justesse OLE…

Le deuxième niveau est un test d'orientation "Retrouvez votre hôtel tout seul en partant de la cité des Morts" pouvons-nous lire sur la plaquette publicitaire du stage. Pour compliquer les choses mais gagner plus de point, j'ai choisi la version "no map, no card". Pas facile les trois premiers jours, j'ai failli rater cet examen mais finalement j'ai obtenu le deuxième niveau avec mention grâce à la conjonction de mon flair et de ma bonne étoile. Seules mes jambes ont eu l'audace de me reprocher de ne pas avoir pris le plus court chemin à l'inverse de mes yeux qui m'ont félicité de cette initiative involontaire. Quand à mon nez il est resté partagé entre bonheur et envie de se suicider.

les rues du Caire

J'ai également réussi haut la main le troisième niveau qui est censé tester ma tolérance aux aliments les plus déroutants. 20 points de bonus m'ont été attribués le jour ou j'ai mangé dans cette lugubre impasse crasseuse et peu fréquentable. Le cuisano (le cuisano est un cuisinier propre comme un mécano) m'a servi à la main et sans me demander mon avis, trois poignées de tambouilles différentes (garanties sans viande) de couleurs douteuses et de consistance approximativement comparable a du mortier, le tout accompagné de l'incontournable salade du chef et servi sur une feuille de journal, avec, issue des temps pharaoniques, une charrette en ruine en guise de cuisine.
-Et m'sieur, vos tomates elles sont bios n'est ce pas?

Bien que le quatrième niveau relevait de l'épreuve de force, j'ai tout de même passé la demi-journée prévue par le maître de stage dans KHAN EL KHALILI bazar, le fameux quartier des souks, sans débourser une seule livre égyptienne malgré les rabatteurs intraitables qui veulent, quoi qu'il arrive, vous refourguer un petit souvenir du pays pour chaque membre de votre famille. Entre un Toutankharton en plâtre et une Cléoplâtre en carton, une pyramide made in china et du papyrus imitation feuille de bananier (à moins que ça ne soit le contraire) j' ai quand même réussi à boire à l'œil 3 thés, 1 karkadé et 2 ilbas (infusion de fenugrec de belle couleur jaune), à me faire quelques amis et à apprendre le mot TAMALOU à tous les égyptiens croisés qui baragouinent un peu de français.

J'abrège sur le cinquième et dernier niveau que j'ai moyennement réussi et qui s'intitule ainsi "Essayez de passer une bonne nuit malgré les GMV (Gros Moustiques Voraces), la PLM (Putain de Literie de Merde), le MUEZZIN (Muezzin), la DTDVS (Dose de Théine Dans Votre Sang) et les DBISMD (Divers Bruits Impondérables liés a notre Société Moderne et Défaillante)"

Pour célébrer cette fin de stage, je m'offre une petite visite de pyramide, mais attention ! pas n'importe laquelle, car figurez-vous qu'en Égypte il n'y a pas 3 ou 4 pyramides comme je le pensais moi aussi il y a encore quelques jours, en fait on en dénombre environ 90.