Cité de l’architecture et du patrimoine

L’intérieur est éblouissant et surprend par la clarté du hall et des galeries qui y prennent naissance. L’arpentage des salles est très agréable. Les œuvres sont très espacées et leur monumentalité s’estompe sous la hauteur du plafond. En plus, la présentation est loin d’être monotone et survole l’histoire de l’architecture et du patrimoine en exposant un florilège divers et varié : moulages reconstituant en taille réelle les richesses du patrimoine français (tympans, portails et jubés principalement), peintures murales et vitraux également reproduits à l’identique, galerie résolument tendance dédiée à l’architecture moderne et contemporaine. Un parcours complet pour tout comprendre de notre patrimoine français ainsi que de nos villes et de nos bâtiments.

Une cité qui a une histoire

Tout commence en 1882. La folie comparative de l’époque pousse à créer une institution qui confronte en un même lieu des œuvres variées pour mieux les distinguer et en percevoir les liens de parenté avec les constructions étrangères. C’est le musée de Sculpture comparée instauré par Viollet-le-Duc, architecte et inspecteur des Monuments Historiques resté dans les annales. Il nécessite la réalisation de copies d’œuvres françaises et le moulage de sculptures étrangères. Les collections s’étoffent peu à peu et prennent de l’ampleur. La période couverte s’élargit : partant du XIIe siècle, on se rapproche de plus en plus du XIXe.

Mais, en 1937, la comparaison est passée de mode et un élan nationaliste incite plus à la mise en valeur de l’art français qu’à sa comparaison avec les tendances étrangères. Paul Deschamps profite alors des travaux qui défigurent le palais de Chaillot à son état primitif pour réorganiser l’institution et lui donner une nouvelle vocation en même temps qu’un nouveau nom. C’est l’acte de naissance du musée national des Monuments français.

Le bâtiment qui abritait le premier musée perd sa rotonde centrale affublée de ses deux tours et est « camouflé » par Carlu, Boileau et Azéma, le trio d’architectes, gagnant du concours mis en place à l’occasion de l’Exposition Universelle des arts déco de 1937.
Les deux ailes que nous connaissons aujourd’hui prennent forme et se superposent à la structure d’origine de l’ancien palais éclectique. Les couleurs vivifiantes laissent place à la grandiloquence et à la monumentalité du classicisme à la française qui intègre le site. Les moulages sont alors regroupés dans l’aile Paris par écoles régionales pour la période romane puis chronologiquement pour les splendeurs postérieures (du gothique jusqu’au XIXe siècle). La nouvelle muséographie profite d’un enrichissement du fond auquel 340 nouveaux moulages viennent s’adjoindre. On élabore également en plus une galerie de copies de fresques (qui occupera les trois niveaux du pavillon de tête) et de vitraux pour saluer encore plus la force du patrimoine français.

Dernière étape : avril 1997. On décide de fermer les portes du musée pour permettre des travaux conduisant à l’édification d’un nouveau lieu pour un Centre national du patrimoine, réunissant le musée des Monuments français, l’école de Chaillot et la médiathèque du patrimoine. Le 22 juillet, le feu en décide autrement en s’attaquant à l’édifice. Le projet du coup vacille et est remis en question. Une grande période de doutes met en suspend toutes les initiatives, jusqu’en 2004 où François de Mazières est nommé responsable de la création d’une nouvelle entité : la Cité de l’architecture et du patrimoine. Regroupant à la fois le Musée des Monuments français, l’Institut Français d’Architecture (IFA, 1981, pour promouvoir l’architecture française contemporaine) et l’école de Chaillot (formation des Architectes du Patrimoine et des Architectes en Chef des Monuments Historiques), le nouveau complexe ne sera finalement inauguré qu’en 2007.
Aujourd’hui, c’est donc cette cité que l’on peut visiter dans l’aile gauche du Palais de Chaillot, entièrement dévolue au prestige de l’architecture française, la plus ancienne comme la plus récente.

Sophie Graffin

Crédits photos : © CAPA - Nicolas Borel ; © Archives du musée des Monuments français - CAPA ; © CAPA - Nicolas Borel ; ©Wikipédia ; © Sophie