Xiwa, Kham, Gelug, Sershul

Le 28/08

...Difficile, impossible de d'écrire toutes ces merveilles avec de l'encre et du papier.. Comment parler de Serxuces splendeurs avec des mots alors que la beauté jaillit des paysages, le bonheur suinte des pierres et l'émotion transpire de ces murs séculaires?

Ce matin nous avons quitté Yushu la poussiéreuse en camion pour le carrefour de Xiwu. Changement de «taxi» pour Serxu. Le mini van à peine plus gros qu'une voiture à pédales s'élance, sur le bitume encore neuf, à l'assaut du prochain col à 4585 mètres. Plusieurs arrêts techniques sont nécessaires au van hors d'age pour se ravitailler en eau.

Au passage du col nous entrons dans le Kham (sichuan). Le plateau s'étend devant nous bordé par des collines verdoyantes (de plus de 5000 mètres).

collines verdoyantesLe paysage nous semble désert pourtant de nombreux oiseaux fuient devant notre engin en faisant vibrer leur queue blanche ou leur ventre rouge dans la lumière. Plus loin, jaillissant de nulle part, des murs de terre arrachée à la montagne dessinent un village. Les Khampas (habitants du Kham) sont de solides gaillards dont le teint buriné et les tresses de jais font penser aux indiens d'amérique pourtant ils ont des bottes de cuir et une démarche de cow-boy.

Ici ce n'est pas l'ouest mais bien le Farest!!!

La route s'est transformée en piste et suit maintenant les méandres harmonieux de la rivière qui coule dans ce paradis vert. De temps en temps des tentes de nomades prennent place au milieu des troupeaux de yacks qui se dispersent à l'infini. Eric dit en rigolant(?!): «c'est le plus grand parcours de golf que je n'ai jamais vu!»

La perfection du décor nous réjouit, un sentiment de bonheur s'empare de moi et ne cédera sa place qu'au sommeil. Sershul est un bourg qui s'étend au pied de la colline où s'étage les bâtiments du monastère. Nous avons du mal a en croire nos yeux tant la ville ou plutôt ses habitants sont pittoresques et magnifiques!

Costumés, dignes et curieux les khampas nous acceptent sur la scène du spectacle hallucinant de leur vie quotidienne.

Nous avons posé nos sacs dans l'unique hôtel de la ville, près du monastère.

Charmant, l'hôtel est de style Tibétain mais sans aucune "commodités". Nous avons déjeuné dans la cuisine avec des légumes sautés et des momos(1 euro 20 pour 2).

entrée de la ville de Serxu

monastère Gelug de SershulA quelques pas derrière l'hôtel se trouve le monastère Gelug de Sershul. Il parait très ancien mais surtout très vivant, de nombreux moines y étudient et y travaillent. Tous sont délicats et très accueillants. Visiblement une fête se prépare, on accroche banderoles et drapeaux.

Nous entrons dans la cour d'un premier bâtiment pour regarder les peintures extérieures. Les moines nous invitent à pénétrer au coeur du temple en ouvrant les lourdes portes. La lumière entre avec nous éclairant une magnifique statue de Jampa (Maitreya) haute d'environ 7 mètres La statue est éclatante et parait très ancienne.

Aux murs les tangkas de Mitrougpas, Sangye Menla, Dordje sempa, Drolma. Le choc est immense, à l'échelle de la beauté des lieux.

Plus haut sur la colline, dans un bâtiment orange où je suis invité à entrer, se déroule une pooja célébrée par 2 moines. Si j'en crois le rythme du tambour, il doit s'agir d'une pooja pour une divinité courroucée.

Alors que je redescends vers le grand hall, un moine m'invite à boire le thé chez lui. Dans l'unique pièce Colop buvant du thé avec un moinese trouve un vieux moine et un adolescent. Le thé chauffé sur le poêle alimenté par de la bouse de yack séchée qui brûle exactement comme du charbon. Nous arrivons à communiquer avec quelques signes et trois mots de tibétains que je connais. Nous partageons le thé.

vieillard faisant le tour du monastèreTout le monde ici est fasciné par mon livre guide du Tibet. Je découpe la photo du mont Kailash (le mont le plus sacré pour les Tibétains) de mon livre et l'offre à mon hôte avant de prendre congé. Je retrouve Eric sur les hauteurs du monastère ou nous croisons tous les fidèles, enfants et vieillards qui font la Kora (tour du monastère). Nous nous joignons à eux pour le bonheur de tous.

Les visages qui nous parlent sont pleins de vie et de personnalité dans la lumière du soleil qui descend.

En repassant devant le grand hall nous sommes attirés par l'agitation qui y règne. Ce hall séculaire est grand hall du monastèremagnifique, la lumière qui entre par le toit éclaire les tangkas. Les moines accrochent aux colonnes un objet dont je ne connais pas le nom ni la destination, cela ressemble à un mobile ou à un cerf-volant de 5 mètres de haut fait en fils de laine colorés dessinant des motifs géométriques. Ce doit être les préparatifs pour la fête à venir...peut être en l'honneur de Yamantaka.

personnes s'inclinant devant un moineLes moines sont heureux de me voir, ils viennent me serrer la main pour essayer leur «hello» ou pour entendre mon «Tashi delek» (bonjour Tibétain). Je croise et je salue un moine qui doit être un haut personnage à voir la façon dont on s'incline sur son passage. Nous échangeons quelques mots dans un anglais hésitant et me voici bienvenu au monastère. Cette immense salle dégage un sentiment de paix.

Un jeune moine me fait signe de le suivre pour la visite de l'arrière salle, celle où sont les statues. De nombreux trésors s'offrent à mon regard admiratif et je suis comblé par l'honneur qui m'est fait car peu de gens voient cette salle. Le moine nouscuisine du restaurant raccompagne jusqu'a l'hôtel.

A l'heure du dîner nous délaissons le restaurant pour reprendre notre place dans la cuisine. La famille est là et la vie y est plus intense! Avec quelques mots, des gestes et beaucoup de sourires nous communiquons avec tout le monde et il en a fallu de peu pour que nous aussi nous fassions partie du décor, de la famille.

Pour couronner cette journée au coeur du voyage, la lune, ronde et belle s'élève sur l'horizon pour éclairer encore un peu le paysage extraordinaire...

Cyclopsouslalune (o-o