A l'écoute du peuple groenlandais

Maison sur piltos

Dans un décor de sport d'hiver digne des plus belles stations des Alpes, la première étape qui nous mène sur le village d'Appilattoq, donne le ton. Depuis le départ, il nous est impossible d'accoster, les parois de granite tombent directement dans la mer. À deux heures du matin, le village se découvre enfin derrière un labyrinthe de glaces, cette vision n'est pas pour nous déplaire. Nous cherchons un point de sortie, mais il nous faut monter le camp à l'extérieur du village. Le lendemain, un adolescent vient spécialement en canot moteur pour nous offrir boissons et viennoiseries. Ce geste de bienvenue est le premier d'une longue série.

Nous pensions les fjords de ce début de programme propice à une entrée progressive en matière. Il n'en est rien.

Fillettes

Les cartes topographiques au 1 : 250 000, ne nous permettent pas d'anticiper les lieux de bivouac. Les points d'arrêt, même momentanés sont inexistants. De longues et froides journées, de huit à dix heures, s'enchaînent sans pouvoir descendre du kayak. Notre maximum sera une étape de quarante-cinq kilomètres. Après cinq jours de navigation, nous optons pour une navigation côtière. Là, une autre surprise nous attend : le brouillard arctique. Des traversées de fjords de plus d'une heure en pleine eau sont effectuées aux instruments. Ce début de programme, avec ces longues étapes et ces conditions encore hivernales, nous met à l'épreuve. Mais, très vite l'option côtière s'avère être la bonne.

Nous passons une semaine, dans le village de Kangersuatiaq et assistons le 21 juin à la Fête nationale, qui coïncide cette année, avec l'accession du pays à une autonomie renforcée. Pour l'occasion, nous remettons un cadeau souvenir de Monaco. Le geste nous est spontanément retourné. Nous recueillons de nouveaux témoignages. Pour la première fois, nous partageons un toit chez l'habitant. Comme cela se répétera à plusieurs reprises, le départ est émouvant.

Navigation à côté des baleines

S'en suivent trois mois de navigation au milieu des glaces, et de séjours dans les villages parmi les populations inuites. À plusieurs reprises, nous réalisons des périodes de quinze jours de navigation en totale autonomie le long des côtes sauvages. Il y a aussi de nombreuses rencontres rapprochées avec les baleines, ou tels des complices, nous passons plusieurs heures ensemble. Au terme de 43 étapes, et 600 miles nautiques, soit plus de 1 100 kms, nous atteignons le 5 septembre, la ville d'Ilulissat, lieu d'arrivée de ce premier périple.

Nous rapportons une vingtaine de témoignages recueillis tout au long de ce parcours et de nombreuses images. Les plus belles sont toutefois gravées au fond de nous. Et s'il ne devait y en avoir qu'une, se serait certainement, les enfants du petit village de Sondre Upernavik, avec lesquels nous avons partagé un bout du chemin. Ils sont la joie et l'optimisme incarné. Nous avons joué ensemble, aux billes, à la marelle, leurs rires résonnent encore dans nos têtes. Les craintes de leurs parents sont pourtant bien réelles. C'est reparti ! Cap au sud vers la capitale Nuuk. Nous devrions ainsi retrouver nos amis, et poursuivre l'aventure...

Enfants jouant sur une balançoireEnfants

Enfants à bord d'un bateauJeunes garçons sur les berges