Dimanche 17 juin : Asinau (1530 m) => Usciolu (1750 m). Le doute.
La plus longue étape du GR 20 commence par une montée de 600 m de dénivelée, par dalles, rochers et éboulis, vers l'Alcudina ou Monte Incudine (2134 m). Le calvaire est renversé. Une branche de la croix touche le sol. Ce spectacle est désolant ; j'espère que les Corses ne le supporteront pas longtemps. Après les deux étapes précédentes, force est de constater que Marie et Nicolas marchent sensiblement à la même allure et beaucoup plus vite que moi. Lors de notre pause au sommet, nous décidons de poursuivre, Nicolas et Marie, ensemble, et moi, seul, chacun à son rythme et de nous retrouver au refuge. Je ne suis pas vraiment seul car, la veille, j'ai lié contact avec un groupe de 4 anciens élèves de L'ICAM (Institut Catholique des Arts et Métiers de Lille) qui progresse pratiquement à mon allure. Ce contact se poursuivra.
Un chemin en crête puis une légère descente m'amène aux ruines d'I Pedinieddi où se trouve un emplacement de bivouac autorisé. Une source est portée sur la carte et sur le topo guide. Je ne la vois pas. Le chemin poursuit sa descente jusqu' à une passerelle suspendue qui franchit le ruisseau de Furcinchesu. J'y fais le plein d'eau avec les précautions d'usage. Viennent ensuite plusieurs kilomètres de vallonnements à travers hêtraies et pozzines pour arriver au Bocca d'Agnone (1556 m). On y trouve une source captée à une centaine de mètres du GR. Vient ensuite le cheminement interminable le long de l'Arête des Statues. Le tracé du Topo guide ni celui de la carte IGN ne rendent compte de la difficulté du parcours. C'est, d'ailleurs, la première difficulté du GR, en tout cas, pour moi.
Le refuge d'Usciolu (29 places) est à classer parmi les bons refuges aussi bien pour les installations que pour le dîner et l'accueil. Il m'a fallu 10 bonnes heures pour couvrir cette étape de 1100 m de dénivelées positives cumulées et 850 m de dénivelées négatives. J'avoue qu'à l'arrivée un doute, resté secret, s'est installé sur ma capacité à atteindre Calenzana. Et puis il y a le miracle de la petite logistique : Il faut laver son linge, le mettre à sécher, se laver, se raser, s'étirer, se bichonner un peu, boire sa première Pietra, préparer son étape du lendemain, discuter avec les anciennes et nouvelles connaissances, dîner, regarder le soleil se coucher en observant le doute s'envoler à tire d'ailes vers l'Occident pour ne plus jamais revenir. Un peu lyrique ce couplet. Il a son importance et sa réalité.
Lundi 18 juin : Usciolu (1750 m) => Prati (1820 m). L'Espoir revient plus radieux que jamais !
Cette étape, toute au long d'une ligne de crête Sud/Nord, ne m'a pas laissé de souvenir impérissable en dehors des panoramas, en particulier sur la côte Est, qui sont splendides. Sur le plan pratique, je signale, à 200 m au sud de l'intersection avec le « mare a mare centre », en contrebas à l'Est du GR, la présence d'une cabane disposant d'une source captée mais une pancarte spécifie bien qu'il ne s'agit pas d'un refuge.
Comme le précédent, le refuge de Prati (28 places) est à classer parmi les bons refuges.
J'ai couvert cette étape reposante (+ 750 ; - 680 m) en 8 petites heures.