Météores

Vendredi 20 Mai

Camping Vrachos à Kastraki.le monastère Agios Georgios bâti sur un rocherY a-t-il rien de plus beau que les Météores au soleil du matin ? C’est assurément la beauté à l’état pur….La route monte, en lacets serrés à l’assaut de ces étranges tours rocheuses, sculptées et polies par les caprices de l’érosion. Sur chaque sommet est érigé un monastère, véritable nid d’aigle qui domine toute la vallée. Mais Agios Georgios est le seul à être creusé dans le rocher à mi-hauteur. C’est là qu’à Pâques de jeunes grimpeurs viennent nouer leur foulard comme un ex- voto dédié à Saint Georges après avoir varappé sur le rocher lisse. Depuis la route on croit voir un séchoir à linge, mais en réalité c’est un courageux acte de foi, doublé d’une jolie tradition  plus que millénaire.

Il y avait trente monastères au XIme siècle. Leur construction permettait à des ermites de se retirer dans la solitude et de prier. Plus tard c’est pour se soustraire au brigandage qui sévissait que les moines se retirèrent dans ces lieux difficiles d’accès, où les matériaux et même les hommes étaient hissés à l’aide de treuils.

Il n’en reste plus que cinq ou six  aujourd’hui. Ils ouvrent leur porte au tourisme qui peut arriver jusqu’à eux, grâce à des escaliers taillés dans le roc.

Sur notre route, nous avons vu, dans l’ordre : Agios Nikolaos, Roussanou, Varlaam, Great Météoro, Agia TRiada et Agios Stéphanois.

Nous visitons Varlaam : Icônes, bois sculptés, incrustés de nacre, reliquaires, objets religieux d’or ou d’argent, enluminures sur parchemins manuscrits signés de noms prestigieux, comme l’empereur Constantin.

On ne peut manquer d’être impressionnés, pourtant la  visite du cellier nous réserve d’autres étonnements…Trône ici, un superbe tonneau de bois, pouvant contenir 12OOO litres de vin. A quoi servait cette réserve dans ce monde où pénitence, privations et jeûne étaient les maîtres mots quotidiens ?
Monastère de Varlaam

La tour a gardé son treuil et ses cordes, servant à la dernière ascension du jeune moine, lové dans sa nacelle, c’est très émouvant !...Il y a aussi une autre tour, avec des cellules bâties au-dessus du vide, il y en a une cinquantaine, c’est là que l’ermite  coupable de manquement à son devoir religieux était enfermé le temps de sa pénitence. Ces mesures cruelles sont abandonnées de nos jours, d’ailleurs il n’y a presque plus de moines.

Il y en a un en haut de l’échelle en train de cueillir des cerises, tout en s’empiffrant. Il nous fait bien rire et l’on pense qu’un Dieu bon et généreux ne peut que l’absoudre de son péché de gourmandise….Ce rie d’humanité, nous fait adorer les monastères des Météores, tout au moins ce qu’ils sont devenus avec le temps : de magnifiques monuments où son conjugués le talent de Dieu et celui des hommes.

Monastère de VarlaamAu bout du plateau, enfin se dresse Agio Stéfanos, le seul couvent de nonnes où elles cultivent les traditions de la peinture d’icônes, de la broderie et du chant C’est de là que l’on prend le temps de contempler la vue sans égale sur Kalambaka et la plaine où coule le fleuve Pénée, qui façonne le paysage.le monastère de Agio Stéfanos

 

 

Samedi 21 Mai

Camping Vrachos à Kastraki…..Vers Kalambaka, Trikala et Delphes.
Il a plu toute la nuit, le temps est gris ce matin, mais un carré de  ciel bleu s’est glissé entre les pics gris des météores, que l’on voit depuis notre place de camping. Tous les espoirs de beau temps sont permis.

On refait la route jusqu’à Agio Stéfanos pour réaliser une photo au matin et aussi pour s’assurer que cette route ne va pas plus loin et qu’elle s’arrête et au monastère, comme c’est le cas, on doit rebrousser chemin jusqu’à Agia Triada à deux kilomètres à peine. A l’angle se dresse un magnifique oratoire fleuri où les gens du pays viennent se recueillir, mettre des fleurs, de l’huile dans la lampe qui brûle jour et nuit, épousseter et prier. Il y en a partout de ces petites chapelles dressées à la mémoire de victimes de la route. Certaines à coupoles sont de véritables œuvres d’art, d’autres plus modestes témoignent qu’une vie s’est arrêtée là, tout d’un coup. Il y en a hélas ! une infinité sur tous les itinéraires.

On traverse la Thessalie, Delphes Defoï en Grec sera notre prochaine étape.

Il n’est pas question de passer la nuit librement sur un parking en Grèce. Il faut impérativement prendre une place de camping ou une chambre d’hôtel. Les « rooms to let » sont si nombreuses dans le pays que leur nombre est supérieur à celui des habitants. Je ne parle pas des tavernes qui pullulent sans la moindre clientèle. Pourtant la vie se déroule douce sous un ciel bleu….

Nous trouvons à nous caser au camping Apollon où les Français sont absents. Comment s’étonner que notre langue disparaisse peu à peu dans tous les pays rencontrés, alors que l’italien progresse avec les visiteurs qui arrivent nombreux et curieux de tout. Nos compatriotes arriveront demain sur le site, par autobus entiers , solution facile après tout et les commerçants leur font une grande place….

Donc, pour l’instant, nous sommes perchés tout en haut de la falaise, tranchée à la verticale, devant un somptueux panorama sur les villes situées autour du golfe d’Itéa, sur les vignes et les oliviers. Le ciel clignote d’étoiles, en se reflétant sur une mer d’huile. Beau temps pour demain. 

Dimanche 22 Mai

Camping Apollon à Delphes.
Beau soleil dès 7 heures (8 ici). On va visiter la zone archéologique que l’on n’a pu retrouver hier au soir. Sans doute l’heure matinale va nous permettre d’avoir le site pour nous presque seuls. On peut toujours rêver !...
DelphesMais les autocars occupent déjà tous les parkings et l’on doit rouler un kilomètre plus loin pour se garer. C’est pareil pour les monuments envahis par les groupes et les guides parlant haut et fort.

Delphes est un endroit absolument magique…et dire que le village moderne de Delphes était entièrement bâti sur le site antique, rendant les fouilles impossibles. Il a fallu toute l’obstination de l’école Française d’archéologie pour convaincre le gouvernement Grec de déménager 5OO mètres plus loin. Le Parlement Français finança le déplacement et la construction des maisons à leur emplacement actuel. Inaugurée en 19O3, la ville antique est devenue le site le plus visité de la Grèce après l’Acropole.
Accrochée aux flancs du Mont Parnasse, la vieille cité étage ses ruines blanches parmi les pins, les oliviers, ruines blanches de Delphesque dominent les cimes pointues des cyprès. On récupère l’émotion qui nous avait étreints lors de notre première visite, il y a 2O ans déjà.  Nous grimpons sous un soleil de plomb le long de la Voie Sacrée, atteignons le petit temple dorique de marbre blanc. C’est le fameux Trésor des Athéniens qu’Athènes fit ériger pour abriter le butin pris aux Mèdes, lors de la bataille de Marathon. 490 avant JC.

La Voie Sacrée se poursuit et rejoint le temple d’Apollon, dont il ne reste que six colonnes qui se découpent sur le ciel bleu. C’est au pied de l’autel, que la Pythie donnait ses fameux oracles, assise sur un trépied près de la pierre Omphalos qui situait ici le centre de l’univers. On s’attarde un peu sur les vestiges du temple, chacun s’aidant de l’histoire et de son imagination.

Les groupes ont suivi la Voie Sacrée jusqu’ici puis se sont dispersés. Il faut dire que le sentier continue de monter à pic, jusqu’au théâtre bien conservé, qui contenait 5OOO spectateurs. C’est de là que nous avons pu avoir les plus belles images de l’ensemble du site de Delphes et le panorama sur la vallée est merveilleux.

Il y a encore un effort à fournir pour joindre le stade par un petit chemin pentu, tout en haut de la colline. Il n’y a plus que les sportifs qui arrivent jusque là et aussi les vrais curieux de l’histoire. Construit au IIIme siècle avant JC il est superbement préservé. On peut sans problèmes imaginer les 7OOO spectateurs qui l’occupaient , lors des jeux Pythiques qui comportaient des compétitions sportives et intellectuelles. Ces jeux avaient lieu tous les quatre ans. On remarque à l’entrée, les dalles de marbre avec les rainures pour caler les pieds à la ligne de départ, sorte de starting blocks avant la lettre en somme.

le stade antique de DelphesOn n’est plus qu’une petite poignée au stade, les plus sportifs essaient de parcourir les 177 mètres de longueur en courant. Le retour à la ligne de départ se fait plus calmement.

Nous descendons le sentier jusqu’au théâtre, le temple d’Apollon, puis le Trésor en faisant les photos que l’on n’a pu faire à la montée, à cause de l’envahissement trop important, malgré l’heure matinale….D’autres groupes arrivent… C’est la rançon du succès !

Il nous reste à voir les ruines de Marmaris de l’autre côté de la route. On y trouve le sanctuaire d’Athéna que l’on devine grâce à des fondations de murs et des bases de colonnes endommagées par des éboulements de rochers, ainsi que la Tholos dont il ne subsiste que trois colonnes, visiblement restaurées, c’est ce qu’ils appellent l’anastylose.

ruine de Marmaris Ce curieux édifice circulaire était destiné à je ne sais quelle déesse peut-être Gé patronne de la Terre et mère des Titans. Les pèlerins venaient la prier avant de se rendre au temple d’Apollon.. C’est ce monument que les dépliants touristiques de la Grèce arborent comme invitation au voyage dans ce pays.  C’est tout ce qu’il reste des sanctuaires qui occupaient le site, plusieurs siècles avant JC, les pierres ayant servi à d’autres constructions, ainsi que les blocs de marbre et peut-être des fûts de colonnes. D’où le nom de Marmaris qui veut dire Marbre.

Le cadre cerné de montagnes piquetées de sapins est un magnifique écrin à ce pur joyau qu’il faut déchiffrer lentement  pour nouer tous les liens de l’histoire ancienne.

D’autres groupes arrivent maintenant. Il y a beaucoup de Français et des Asiatiques à la pelle. Les dames sont pittoresques, toute petites, avec d’immenses capelines de toutes les couleurs pastel : bleu, rose ou jaune chacune flanquée d’une ombrelle imprimée de fleurs de lotus ou de feuilles de bambou, mais parfois blanche et toute brodée, elles prennent des photos de leurs petites mains habillées de mitaines, pour se protéger du soleil qui colore la peau. Dans les pays où le hâle est mode, elles prônent la blancheur, du teint synonyme de douceur et de beauté dans leur pays. C’est ce que je croyais, jusqu’à ce que j’apprenne que, montrer le moindre bout de peau est prohibé par leur religion et même répréhensible. C’est fou, le nombre d’interdits qui frappent les femmes partout dans le monde !...

La flânerie parmi les légendes racontées par les pierres prend fin …Il est je ne sais plus quelle heure, mais on a soif, faim et nos jambes demandent grâce. On se fait un petit dîner frais sur le parking où le soleil règne en maître, je crois qu’il fait 4O° dans nos appartements, donc, on ne traîne pas et l’on va prendre avec appréhension la route vers Athènes, remettant à plus tard la relaxation dont nous avons besoin.

Lundi 23 Mai

De Delples à Athènes la route se faufile au milieu de la presqu’île de l’Attique, mais on ne voit rien d’autre qu’une circulation effrénée, dans laquelle il faut se frayer un chemin. Lors de notre précédent voyage nous avions trouvé refuge au camping de Daphni, juste à l’entrée de la ville. Mais il n’existe plus aujourd’hui. Notre guide nous oriente vers le quartier Kifissia que l’on ne peut manquer écrit il témérairement, si l’on suit ses indications. Hélas ! on le manque bel et bien, à cause d’un pont passé dessus et qu’il fallait passer dessous, donc on perd l’itinéraire. Le retour en arrière étant impossible, le hasard nous fait découvrir un autre camping où l’on atterrit avec soulagement. C’est l’heure de la sieste à notre arrivée, bien qu’il soit 17 heures passées. La porte d’entrée est fermée, on stationne donc devant la porte en attente de la fin de cette pause sacrée.

La propreté n’est pas le fort de ce lieu pourtant situé dans la capitale et pour joindre la ville, il faut prendre trois moyens de transports, dont un taxi. Alors on va à regret faire l’impasse sur Athènes que nous aurions aimé revoir, en projetant de revenir à notre retour.

C’est avec soulagement que l’on quitte les abords de la ville infernale et l’on va tenter de joindre le Péloponèse où l’on espère trouver un peu de calme pour poursuivre notre voyage.vue du Pont de Fer

On file donc sur Corinthe, Korinthos en Grec. Les 8O kilomètres qui séparent les deux villes Athènes-Corinthe sont plutôt stressants car l’on doit se glisser dans une file ininterrompue de camions. Le réseau férré étant insuffisant les échanges commerciaux se font par la route et rendent les        parcours touristiques vraiment très difficiles. Mais Corinthe est obligatoire pour se rendre dans la presqu’île de Pélops, le Péloponèse. Alors patience !...

J’ai souvent parlé du fameux canal que nous avons emprunté à plusieurs reprises, par voie maritime et terrestre. Il nous subjugue chaque fois. Aujourd’hui nous nous frayons un chemin sur le pont de fer qui surplombe la route d’eau. Justement un navire fait la traversée précédé du remorqueur qui le tire dans l’espace réduit, large de 24 mètres seulement, pour l’amener jusqu’au port du Pirée .Ce serait l’empereur romain  Néron qui le premier eut l’idée de ce projet et inaugura les travaux  en 67 après JC avec une pelle en or. Plus simplement les Français reprirent les travaux en 188O. Ceux-ci furent terminés par les Grecs en 1893. Depuis cette date, le Péloponèse est devenu une île reliée au continent Grec par la route dur le canal. Nous reviendrons à Corinthe au retour.

Mardi 24 Mai

le temple d'Aphrodite sur le sommetAcropole fortifiée, l’Acrocorinthe conserva longtemps une importance stratégique de premier plan. L’antique cité grecque devient franque en 1210, soumise par guillaume de Villehardouin. La montée assez rude, longe les remparts et depuis les tours de guet le panorama sur la vallée est superbe. A l’infini, les vignes découpent l’espace en carrés où croissent aussi des oliviers. La vue sur le golfe de Corinthe complète la splendeur du cadre. La pente raide, parsemée de ruines nous conduit aux vestiges du temple d’Aphrodite, sommet de l’expédition, puis c’est la descente et le départ vers Mycènes.

La route vers la presqu’île de l’Argolide est brûlante « ici, l’ombre est un rêve » disait je ne sais plus quel poète inspiré. Lorsqu’on aperçoit un parc arboré faisant face aux ruines de Thyrinthe on sait qu’un dieu  bon s’est glissé dans ce monde sans pitié…

Après la pause repas, nous contournons le site déjà fermé pour cause d’été et de « manque de personnel » nous dit on à l’envi.  On peut quand même en longeant les remparts clôturés, admirer cette construction faite d’énormes blocs de pierres de 1O tonnes chacun, les murs cyclopéens rendaient imprenable cette citadelle militaire. Ici se mêle l’histoire réelle d’Amphitryon roi de Thyrinthe et la légende d’Hercule et de ses douze travaux.

C’est ainsi qu’au cours de notre voyage le lointain passé émerge continuellement dans le présent et que notre parcours touristique se double d’un pèlerinage dans l’histoire.

Bientôt nous atteignons Mycènes, où l’histoire devint tragédie, la plus sombre des tragédies.

Dès 15 heures le site étant ferlé il est désert. On peut apercevoir la colline où s’échelonnent les ruines de l’orgueilleuse cité des Atrides, puis nous préparer à la visite demain matin à la première heure. Nous trouvons refuge dans un camping à l’entrée de la ville, le même qu’à notre précédent voyage. Calme, fraîcheur et sérénité nous reposent d’un climat d’enfer, dans lequel on évolue toute la journée.

Porte de la ville de Mycènes Au matin  il y a déjà beaucoup de monde à la porte des lionnes où chacun fait sa pose photo. Ainsi la foule grossit à vue d’œil, sans dégager l’entrée, la visite va être longue….
          Cette porte commandait l’entrée de la ville, bâtie au IIième siècle avant JC. Elle est entourée de remparts, faits de blocs de pierres énormes, qui ont donné le nom aux murs cyclopéens, c’est à dire  faits par ces géants les cyclopes. La porte elle-même est surmontée du triangle de décharge dont la sculpture est l’une des plus connues au monde : les deux lionnes au corps intacts, mais dont les têtes en bronze ont disparu au cours des séismes, des guerres, ainsi que les siècles passés.

On entre, enfin : A notre droite on trouve le cercle royal des tombes dont celle d’Agamemnon.  Les fouilles menées par schielmann ont révélé quantité d’objets précieux qui permettent de reconstituer l’histoire  de ces Atrides près desquels il ne devait pas faire bon vivre…. Vases, épées, bijoux, ainsi qu’un superbe masque d’or que l’on a attribué au roi. Il est aujourd’hui au musée d’Athènes.
tombe d'Agamemnon

Sur cette colline rocheuse, entourée de montagnes arides d’une sauvagerie oppressante, nous parcourons la cité des Atrides maudits par les dieux. La citadelle érigée en acropole n’était destinée qu’au roi, à la famille royale, aux nobles et à la garde. La ville proprement dite était concentrée au pied de la forteresse que l’on doit découvrir parmi les herbes sèches et les pierres ruinées.

En montant dans le sentier rocailleux, aux marches approximatives, on entre dans les ruines de la ville, puis tout en haut celles du palais. Rien ne le distingue des autres vestiges de maisons, sortes de rectangles de pierres, formant les murs démolis au ras du sol. C’est ici qu’il faut se remémorer la cruelle histoire de ce peuple , si l’on veut que la visite de ces ruines ait un sens…Alors les pierres s’éveillent et avec elles tous les mythiques personnages qui vécurent ici, s’entretuant les une les autres afin de prendre le pouvoir. Ils commirent les pires exactions dont Homère s’inspira pour construire sa tragédie  « Le sang des Atrides », ce récit tellement,nt cruel qu’il fit penser à une œuvre de pure imagination.  Mais la découverte des tombes royales, apprit la réalité des faits, ainsi que la révélation d’une société Mycénienne où les arts eurent une place importante.

Avec le Trésor de l’Atrée, nous terminons la visite de Mycènes. Ce bâtiment est la plus grandiose des tombes découvertes ici.  Passé la porte et son monumental linteau (12O tonnes je crois) on a devant soi les murs cyclopéens, faits d’un savant assemblage de pierres disposées en éventail jusqu’au sommet, sorte de coupole à 13 mètres au-dessus de nos têtes. Cette sépulture aurait abrité la dépouille d’un roi : peut-être Atrée le fondateur de la dynastie….

Nous quittons la ville fantôme, pour joindre Epidaure et son très célèbre théâtre.
Il est superbe, grandiose, intact, un peu restauré peut-être. Il a traversé les siècles sans dégradation. Nous sommes sous le charme. Ce sont les membres Français de l’expédition scientifique qui ont retrouvé ce théâtre complètement enfoui sous les pins et les oliviers, protection  naturelle qui lui a permis de se conserver jusqu’à nous. Il est considéré comme le plus parfait de l’Antiquité, harmonie architecturale  et acoustique extraordinaire. Des représentations antiques ont lieu encore de nos jours pour les 17000 spectateurs que peuvent contenir les gradins.

le théâtre d'EpidaureNous avons grimpé tout en haut, nous accrochant à la corde de salut, en cas de glissade. Sous nos yeux les gradins blancs s’échelonnent en arcs de cercle jusqu’au sol.  La scène envahie ce soir par de nombreux touristes reçoit encore les textes de Sophocle ou d’Euripide qui retrouvent vie dans leur décor d’antan, tandis que La Callas y chantait ses meilleurs livrets. Il est impossible aujourd’hui de faire l’expérience du chuchotement que l’on entend distinctement du dernier rang alors qu’il est proféré depuis la scène. Des groupes sont là à se dire des blagues en riant à gorge déployée, alors on va de ce pas voir le musée d’Asklépios, où sont exposés des instruments chirurgicaux, des recettes de remèdes, des moulages de serpents, dont le célèbre médecin s’était inspiré pour orner son caducée. On y trouve aussi des ex-voto remerciant le savant pour une guérison. N’empêche que Zeus n’hésita pas à le foudroyer, jaloux de l’influence et de la popularité d’Asklépios qui voulait soigner le monde et rendre l’homme immortel.

Le soleil en se couchant amène vite la nuit. On est ici loin de partout et le parking sous les pins est déserté par les bus rentrés à leur hôtel. Peu à peu les dernières voitures partent aussi et on est seuls, un peu inquiets quand même. Heureusement, d’autres camping-cars  arrivent et s’installent pour la nuit. La fraîcheur et le silence font place à l’incroyable effervescence de la journée. Bon sommeil réparateur.