Lundi 30 Mai
Quelque part entre Fornikountas et Méthoni.
Il est 7heures 30, beau soleil sur la mer à quelques pas de nous.
Tous nos voisins sont toujours là , Allemands pour la plupart, dans une nature sauvage et belle, si l’on ne voit pas les ordures partout en abondance. On éprouve une grosse déception pour la Grèce, ce pays qui donna l’exemple au monde et qui ne se respecte pas aujourd’hui….
Jeannot a réussi à capter une radio RFI qui donne tous les jours des informations en français à chaque heure ronde. Hé bien voilà !
Ils ont dit « non » à la constitution Européenne seuls contre tous, il fallait le faire !... Désormais nous aurons 24 adversaires, j’espère qu'ils » auront des idées pour faire front. Hier au soir les quelques informations étrangères que l’on a pu prendre, recommandaient aux Français d’arrêter de se regarder le nombril….D’après eux, on n’a pas cessé de se croire au-dessus de la mêlée, alors qu’on y est en plein dedans…Mais heureusement, on apprend rapidement que peu de nations nous donnent tort et que peut-être certaines vont nous imiter. Je dis « ils » plus haut car nous n’avons pu voter, n’ayant pu faire à temps les formalités, nécessaires. Il aurait fallu renoncer au voyage, le destin en a décidé autrement.
Tout au bout de la presqu’île de Méssinie, il y a Methoni, on y va de ce pas.
Nous longeons une belle plage de sable fin, au bout de laquelle se dresse au ras des flots la citadelle, enfin les ruines de la citadelle. Elle occupe un site idéal pour surveiller l’entrée de lamer Ionienne.
Déjà dans l’antiquité un fort défensif s’élevait à cet endroit précis, puis ce fut une cité médiévale Franque, puis Vénitienne et enfin Turque.
L’ensemble des vestiges très évocateurs laisse une forte impression et pour visiter en détail on doit passer le pont bâti plus tard par les Français. On débouche ainsi dans une enceinte composée de murs entrecoupés de tours effondrées et envahies d’herbes et de ronces. En suivant l’allée centrale on longe les vestiges de plusieurs bâtiments : un bain Turc, des citernes et une cathédrale byzantine.
Tout au bout de la citadelle, nous passons un autre pont au ras des flots. Sans aucune rambarde, il faut regarder droit devant soi, pour éviter le vertige qui me guette et c’est alors la silhouette de la jolie tour de Bourdzi construite par les Turcs. Sorte de bastion intérieur, point stratégique propre à décourager les envahisseurs qui malgré cela furent nombreux. Un petit escalier mène au sommet de la tour d’o^l’on jouit d’un beau panorama sur la ville, la plage et la mer.
C’est cet instant précis que la caméra de Jeannot pour tomber en panne…. Quittons Méthoni et sa citadelle, pour remonter sur Pilos et Kiparissia. Près de notre route, sur une colline, dans un océan d’oliviers se dresse le palais de Nestor. Mais il est déjà 15 heures, la conservatrice nous informe de la fermeture du site, alors on se rabat sur la partie historique de notre guide, pour savoir qui était ce Nestor. C’était je crois, le roi de Pilos et un homme de paix. Revenu vivant de la guerre de Troie, il accueillit Télémaque à la recherche de son père Ulysse. Le destin de ce roi hors du commun fil l’objet de contes Homériques, on aurait aimé voir l’endroit où il avait vécu. Nous prenons un petit repas sous les oliviers puis allons visiter une tombe circulaire à coupole, rappelant à Mycènes le trésor d’Atrée. Les arbres plusieurs fois centenaires entrelacent leurs branches tourmentées et prennent des formes inquiétantes. Quelques uns sont les vedettes de notre album de photos.
Poursuivons notre route vers Kiparissia. Il y a quelques curiosités dans deux villages. A la sortie de Fillatra, se dresse une Tour Eiffel de 13 mètres au milieu d’une place publique. Faisant suite au Palais Fantastique d’Agri.
C’est une construction insolite due à un « facteur Cheval » local qui avait été complimenté par De Gaulle et Kennedy en leur temps. On appelle aussi ce « chef d’œuvre » « Le Palais des contes de Fées ». Nous avons pensé que c’était la fée Carabosse, compte tenu du mauvais goût de la construction aux couleurs agressives.. Nous réservons un gros zéro pointé aux routards qui ont indiqué ces sites « à ne pas manquer ».
Notre inquiétude va grandissant, car Jeannot souffre de son genou, il a mal à l’estomac et aux intestins, il y a aussi la panne de la caméra et de tous ces maux réunis découlent une humeur massacrante… Quelques remèdes sont là dans ma valise à pharmacie, encore faudrait il accepter d’en prendre pour résorber ces douleurs….et me rendre un peu d’optimisme…. Mais c’est une autre histoire !....
En fin de journée on manque l’embranchement du camping Apollo que l’on voulait rejoindre, mais on se retrouve sur la plage, face à la mer Ionienne, à l’abri de deux magnifiques tamaris. D’un commun accord on décide de dormir ici.
Jeannot accepte enfin les soins que je lui dispense et, bientôt se trouve soulagé de ses nombreux maux. Il peut manger de bon appétit le riz créole que je viens de préparer, remède miracle des intestins fatigués. Le soleil est encore là à éclairer un ciel sans nuages, il nous prodigue ses ardeurs, un peu tempérées par la brise marine.
Bon sommeil sans rêves….
Mardi 31 Mai
Sur la plage de Kalo Nero Beach.
En consultant la carte je m’aperçois qu’on est à Thôlo ou Eroxo, c’est selon si on lit en Latin ou en Grec. C’est en ratant l’embranchement pour Apollo signales trop tardivement que l’on a atterri ici sur de petit bout de plage, o^les cafés qui furent édifiés en bois sont aujourd’hui démolis. Tous les matériaux sont là, sur place, dans une indescriptible pagaille. C’est pitoyable !...A terre toujours les papiers gras, les gobeltes, boites de boisson et quantité d’autres choses. Quel pays !...
Il va être 9 heures, on s’apprête à déjeuner et à brancher RFI pour écouter les informations et avoir des nouvelles du futur que le « non » nous réserve inévitablement. On entend MG Buffet exulter par ce résultat de référendum…. On aimerait la croire….
On se dirige aujourd’hui sur Olympie. C’est le premier jour de flânerie, toute relative. La réserve d’eau en se résorbant, va nous obliger à prendre un camping où j’aurai une lessive de mère Denis à faire. Jeannot un énorme plein d’eau. Un peu de repos sera à l’ordre du jour, visite des sites, après on verra…
Un arrêt à Zacharo ou zaharo, ce qui nous change de Sahara. Recherches vaines du chargeur de batterie, responsable du non fonctionnement de la caméra, mais on trouve dans ce patelin de jolis légumes, puis des cartes postales avec des stamps.
On se ménage un autre arrêt sur une plage près des dunes de sables insolites ici. En partant on manque s’enliser. Il fait doux, la mer est belle, la route est…ce qu’elle est !...
Fastueux dîner de tomates face à une mer d’huile, repos puis départ à nouveau. Il reste peu de kilomètres pour rejoindre Olympie, mais ils comptent double, car par manque de panneaux indicateurs, on pense s’être trompés et on rebrousse chemin. Puis on finit par trouver le panneau dans le feuillage …On est sauvés !...
Le camping Diana à Olympie est aussi noyé dans les feuilles, on doit demander où le trouver et un jeune homme nous accompagne. Il nous est octroyé un emplacement assombri par les arbres, délaissé par les ondes qui n’arrivent pas jusqu’ici. Derrière nous, le cimetière … Nous sommes les seuls occupants de ce camping sinistre, chaudement recommandé par notre guide.
Un bon point quand même, il est à deux pas de la ville, où tous les shops ouvrent leur porte une partie de la nuit et font des affaires en or. Nous avons ainsi l’occasion de voir de magnifiques objets, tout en réservant nos achats pour demain.
Auparavant Jeannot renouvelle sa provision d’eau, opération facile habituellement, mais à cet instant précis se déclanche un orage d’apocalypse, salut la douche !... On est tout trempés et les k ways sont à tordre. Comme le pluie ne cesse pas je dois les mettre à couler dans la cuvette des WC. Je ne sais que faire du linge que je viens d’étendre, sans pouvoir le sécher….
Tous ces petits soucis domestiques font aussi partie du voyage, ils meublent les jours et notre vie, ils sont primordiaux et nous occupent à plein temps, tout en nous laissant des espaces pour nous adonner au tourisme.
Dans le calme de ce camping champêtre, sommeil sans rêves...
Mercredi 1er Juin
Camping Diana à Olympie.
Ce matin beau soleil, après l’orage effroyable d’hier au soir. Le gérant du camping nous donne le plan de la ville et de la cité Olympique, il parle un Français correct, ayant vécu dans notre pays de nombreuses années. Il aimerait bien que l’on réserve notre place pour le prochain soir, ce qu’on se garde bien de faire ne sachant où en seront nos projets. De toutes façons on ne se bouscule pas ici en cette pré saison.
Mais devant le site d’Olympie,
autobus larguent leur cargaison de touristes qui ont vidé les hôtels de la ville. Le tourisme organisé bat son plein et récupère tous les suffrages, de sorte qu’en un temps record, finie la solitude de ce site extraordinaire. On dirait bien la foire à l’ail, où chacun discute et rit Des groupes énormes arrivent de partout, mais s’arrêtent dès que la difficulté se fait jour. Les photos se tirent par centaines, et salut les poses sur les colonnes de Zeus. Heureusement que le ridicule ne tue pas, ce serait un champ de bataille !....
On se sent vraiment tout petits au milieu des vestiges imposants de l’antique cité des jeux. La palestre où se déroulaient les épreuves de lutte n’est plus qu’un bel alignement de chapiteaux corinthiens. Au pied du temple de Zeus gisent en chaos les gigantesques colonnes et la statue du dieu faite d’ivoire et d’or mesurant 13 mètres de hauteur, a disparu depuis longtemps. Cette statue de Zeus olympien était considérée comme une des sept merveilles du monde antique.
Le temple d’Héra, épouse de Zeus abritait la statue de la déesse, de moindre importance, dont la tête fut retrouvée et exposée au musée avec d’autres trésors. Quelques colonnes subsistent, elles furent relevées et font de ce temple du VIIme siècle avant JC le plus vieux monument d’Olympie. Quelques mètres plus loin se dressait l’autel d’Héra où brûle la flamme olympique. En méditant sur les pierres et leur histoire, on découvre l’atelier de Phidias, sculpteur de la statue de Zeus et d’Héra, qui réalisa aussi les plus célèbres statues des temples.
Poursuivons notre balade vers la terrasse des trésors où s’alignaient les statues érigées en l’honneur de Zeus, avec le produit des amendes infligées aux tricheurs ayant failli au règlement olympique. Passons maintenant sous le passage voûté qui conduit au stade. C’est toujours le même depuis sa construction et l’on est très émus à la pensée des nombreux athlètes qui l’on emprunté pour se rendre à l’aire sportive. On repère sur le sol la ligne de départ, faite de rainures sur des dalles de marbre, starting blocks des courses de l’époque. Ca y est, on est sur la piste de sable longue de 192 mètres. Cette longueur fut fixée par Heraclès lui-même, elle correspondait à 6OO fois son pied. Le demi-dieu chaussait donc un bon 48…...
En faisant le tour de cette formidable arène où se déroulaient, courses à pieds, luttes et pugilats, on passe devant la tribune, bien dégradée où se rassemblaient les notables, tous masculins. Les autres spectateurs se plaçaient sur les talus herbeux, tandis que la seule femme autorisée à pénétrer dans le stade était la prêtresse de Demeter, déesse de la fertilité. Elle prenait place au pied de l’autel de marbre que l’on aperçoit toujours face aux gradins. Pourquoi cette ségrégation ? C’est sans doute une affaire de pudeur, car les athlètes concouraient nus, cependant que les esclaves et les femmes pouvaient assister en fraude, au spectacle en grimpant sur le mont Kranion qui domine la ville olympique. ….et jouir du spectacle …de loin…
Un petit monument est érigé à la mémoire de Pierre de Coubertin qui fut le rénovateur des jeux olympiques modernes. Ceux-ci furent organisés à nouveau en 1896 et repris tous les quatre ans sauf au moment des guerres. A côté de la stèle, l’autel de la flamme olympique porte les cinq cercles, symbole des sinq continents. Au début de chaque olympiade la flamme sacrée est transportée d’olympie à l’endroit où se déroulent les jeux.
Pour terminer en toute beauté cette émouvante visite à la cité du sport, nous visitons le musée, peuplé des statues et objets trouvés en fouillant le site. Tous ces trésors sont présentés, par ordre chronologique des découvertes et il est possible de s’attarder à chacun d’eux. Puis une salle entière est réservée au magnifique Hermès de Praxitèle sculpté au IVe siècle avant JC. On aperçoit juste sa tête et ses épaules car des groupes entiers agglutinés à ses pieds n’en bougent plus. Un pareil engouement nous énerve, car on voudrait bien l’apercevoir nous aussi, un court instant ….Peine perdue ! Alors on achète une carte postale représentant le bel éphèbe dieu de la force et de la beauté.
Il est tard à la fin de notre visite, nous restons sur le parking où d’autres camping caristes ont trouvé place et après le repas, nous allons faire un peu de shoping dans les magasins ouverts jusqu ‘à minuit. C’est en sortant de l’un d’eux que je renverse une vitrine remplie d’objets qui se sont cassés en tombant. Double confusion de ma part, celle de l’indulgence du marchand qui me dit que c’est sans importance …et de ma maladresse.
Repos jusqu’à demain, départ on ne sait où….