Suite de la traversée du Guatemala

Mars 2006

Nous ne faisons qu'une courte escale à Ciudad Guatemala, un peu échaudés par sa réputation, et filons rapidement vers Antigua. Nous sommes vite mis au parfum, c’est un dimanche de carême, et toute la ville regarde défiler les « pénitents » à pas lent… le soir, la place centrale s’anime à la lueur des bougies, et les chants plaintifs des Indiennes s’élèvent, poignants. Romain, notre petit mystique est aux anges, sa petite flamme à la main… 

procession

christdimanche de carême

Antigua est une jolie ville coloniale, animée sans être surpeuplée, avec de larges rues pavées. Elle a revêtu son habit de carême, le mauve des jacarandas domine la jolie place centrale. Vraiment dommage qu’à cause de ses écoles d’espagnol reconnues… ça ne parle qu’anglais à chaque coin de rue !!! On arpente la ville dans tous les sens, on visite le musée de Jade, le marché, on regarde nos enfants se mêler aux jeux des petits guatémaltèques de la place centrale...

Antigua

Les villages du lac Atitlan
Encore quelques frayeurs et quelques prières muettes sur la route vers le lac Atitlan. Difficile de ne pas voir la pauvreté gagner du terrain, au fur à mesure qu’on avance dans cette région, durement touchée par l’ouragan Stan en octobre dernier. Les villages autour du lac se remettent difficilement de la tragédie. Mais, comme à Rio Dulce, ça n’empêche pas les hélicos de tourner et les jet-skieurs de skier… Sous les nuages les premiers jours, le plus beau lac du monde daigne enfin se montrer dans toute sa bleuté, avec en fond les trois volcans, c’est magique ! Mais le rythme est un peu trop soutenu, et les balades en lancha jusqu'à Santiago et San Pedro vite éprouvantes pour toute la famille. Nous retrouvons avec bonheur notre petit bout de terrain à l’entrée de Panajachel, les yeux sur les volcans et les roues près du lac.

l’entrée de PanajachelAtitlan

Virée en bus au marché de Chichicastelnango
Il faudrait déjà songer à repartir… le marché de Chichicastelnango est alléchant, mais la route difficile et les enfants tout juste reposés. Trop frustrant, je me décide à la dernière minute et lâche la petite troupe pour une virée solitaire, juste moi et mon Minolta, aahhh….

marché de Chichicastelnango

Mais ma mauvaise conscience me titille sans doute, parce que je passe la matinée à traquer des bébés dans leur baluchon !!! Je m’enivre de couleurs, d’étoffes et… d’encens, une procession force le passage à travers les étals.
Romain ne le sait pas encore, mais je voyage dans un de ces bus mythiques que nous admirons depuis notre arrivée. Un touriste français amusé par ma « témérité » me prend en photo, comme si je partais pour un aller sans retour !
Le voyage est éprouvant, certes, mais tellement riche ! Coincée sur une fesse au fond de la banquette, je n'en perd pas une miette... Sur le toit, c'est la valse des baluchons bariolés, que chaque Indienne a chargé à bloc en revenant du marché. Au plafond, on peut lire "God Co-pilot" et "Dios bendiga nuestro viaje"... C'est sûr qu'à l'allure où l'on va, mieux vaut avoir les Dieux à nos côtés pour espérer arriver indemnes. Mais finalement, c’est bien moins impressionnant de voyager dans ces bus que de les cotoyer sur la route au volant du camping car et de les voir débouler en face !!!

habitants de chichicastelnangobus

De longues journées de route nous attendent, puisque nous voulons traverser le Salvador et le Honduras d’une traite pour arriver le plus vite possible au Nicaragua. Dernière nuit, dernière halte au Guatemala, dans le jardin d’un petit resto de bord de route. La piscine vient d’être remplie, on se délasse de la fatigue d’une journée de route. Tout cela sous les yeux du vieux proprio, accueillant et bavard, qui ne nous a pas réclamé un seul quetzal (un peu gênés, nous grignotons quand même au resto).
Il nous quitte sur ces paroles : "je serais heureux que vous gardiez un bon souvenir de l'accueil guatémaltèque..."