Ce volet conclut notre périple de prés de 4500 kilomètres dans cet immense pays qui émerveille par la beauté de certains paysages et monuments, énerve et exaspère par le manque de retenue de la plupart de ses habitants, terrorise par le côté suicidaire de la circulation. Nous y avons fait la rencontre de gens charmants qui nous ont accueillis de la meilleure manière qui soit.
En aucun cas l'Inde ne peut laisser indifférent.
Nous n'avons pas quitté notre havre de paix du petit village de Vagator depuis plus d'une demi-heure que déjà nous commençons à le regretter. Fini la tranquillité, le farniente ; nous revoilà plongés dans la mêlée, direction le Kerala.
Nous longeons la côte sans jamais la voir sur la première centaine de kilomètres au milieu d'un cortège de camions venant charger au port de Karwar ou en route vers Mangalore. C'est l'enfer. Dans chaque traversée de village nous sommes bloqués et l'attente est quelquefois longue. Nous quittons cet axe pour un cap plein Est direction Jog falls.
La route étroite serpente et s'élève rapidement dans la jungle. Nous ne tardons pas à apercevoir les premiers singes. Un calme absolu règne, nous sommes pratiquement seuls.
Jog Falls, une faille de plusieurs centaines de mètres de profondeur dans laquelle la rivière se déverse. Il aurait fallu le voir quelques semaines plus tôt, quand les pluies de mousson avaient grossi la rivière. On se l'imagine, impressionnante cataracte.
Nous roulons maintenant vers Shimoga sur un plateau d'altitude riche de cultures de riz, de plantations de cocotiers, de bananiers, d'aréquiers, de forêts de tecks ou d'eucalyptus. Nous traversons de petits villages paisibles et propres. La température a chuté de plusieurs degrés et une relative fraicheur a envahi les véhicules. Pour un peu on ne se croirait plus en Inde tellement le changement est stupéfiant. Pour nombre d'entre nous, ce sont les plus beaux paysages que nous avons croisés dans le pays. Les gens doivent bien vivre ici.
Histoire de gaz
Dans la banlieue de Shimoga où nous passons la nuit, nous avons la chance de rencontrer un vieil homme qui circule avec une voiture au GPL. C'est excessivement rare passé New Delhi. Notre dernière bouteille de gaz est pratiquement vide. Il nous invite à le suivre chez lui avec nos deux bouteilles vides. Il sort de son garage une petite pompe, genre pompe à eau bricolée qu'il pose sur le trottoir. Un rickshaw s'arrête, pose deux bouteilles de propane pleines et l'opération de transvasement commence. Ahurissant ! Si René (mon ancien chef à l'époque où j'ai travaillé dans le gaz) était là, il se serait arraché les derniers cheveux. Ça marche, c'est l'essentiel. Nous repartons trente minutes plus tard avec nos deux bouteilles pleines.