Meybod, Transfert Shirãz

Lundi 5 juillet 2004

Lever difficile vers 7h40. Visiblement, la soirée s'est prolongée bien après notre départ car les serveurs sont de véritables zombies ce matin. Ils dorment habillés à même les banquettes, toutes les vaisselles ont été laissées en plan sur les tables. Et pour quelle raison ? Le foot évidemment : à cause du décalage horaire pour la diffusion, nos zozos sont bien crevés ce matin.

Le chauffeur de l'hôtel (150 000 RI) nous emmène à Meybod distant d'une cinquantaine de kilomètres, au travers d'une morne plaine, par endroits avec d'immenses hangars vides, des industries polluantes, des champs de pastèques et des dunes rappelant la côte belge.

en coupleA Meybod, nous visitons en premier lieu les restes d'une citadelle en pisé, "Narim Castle" (1500 Ri). L'immense cour-parking est déserte, des ouvriers sont occupés à sécher des briques de terre crue qui serviront à la restauration. La citadelle semble avoir souffert du temps qui passe et est soutenue par d'énormes échafaudages sur toute la partie externe.

Nous en faisons le tour assez rapidement, la vue sur les jardins de la vieille ville est jolie. De la terrasse supérieure, vue à 360 °. Au loin (1km environ), nous apercevons le dôme typique d'une glacière. Elle se situe sur Chardori Street (rue aboutissant au rond point situé juste devant la citadelle).

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popolNous visitons ensuite le très beau caravansérail Robat entièrement restauré et qui abrite dans sa cour, un qanat, un restaurant et le musée du Tapis dont certaines pièces datent de plus de 700 ans. Un vieux tisserand nous fait une petite démonstration (5.000 Ri). C'est fou le nombre de fils qu'il faut entremêler pour produire les divers motifs. Et quelle rapidité pour fabriquer ces tapis Ziloo (des sortes de kilims aux points très serrés).

C'est dans ce caravansérail qu'il convient de se renseigner sur les clefs à prendre pour accéder à l'ancienne poste (située juste à côté) et à la glacière (de l'autre côté de la route).

L'ancienne poste, un bâtiment aux murs crénelés abrite sur son pourtour intérieur des boxes pour chevaux et on voit encore les endroits qui servaient à attacher les brides des bêtes.

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De l'autre côté de la route se tient l'énorme glacière. C'est impressionnant : la seule et faible lumière de l'extérieur provient par un petit trou situé à la verticale. Le centre du bâtiment a été creusé de manière cylindrique et servait à l'époque à refroidir l'eau, à en faire de la glace en hiver et à la conserver pendant l'été.

En partant, le taximan pensant bien faire, s'arrête devant une petite épicerie et nous ramène 2 galettes de glace ! Zut ! Cela fait 3 semaines que nous essayons de résister courageusement, même dans les endroits où il y a beaucoup de débit. Et là, on se voit obligés de manger une glace artisanale, achetée dans une petite épicerie perdue dans une moche ruelle d'un petit bled situé en plein milieu de l'Iran. Et nous ne voulons pas le vexer : alors nous nous la farcissons. Elle n'est d'ailleurs pas mauvaise du tout. Mais Ercefuryl obligatoire au retour !

une poterieNous pensons en avoir terminé mais il nous fait visiter une série d'ateliers de poterie.
Un ouvrier produit à la chaîne des vases et des jarres. Il est doué. Son assistant, un petit malabar costaud et musclé, lui prépare l'argile en la malaxant. Il la dépose sur son tour.

L'artisan en crée une forme en moins de temps qu'il faut pour l'écrire. C'est l'expérience personnifiée (4.000 Ri). Le chauffeur achète un vase (5000 Ri).

Il nous emmène ensuite dans un atelier fabriquant des tasses à base de plâtras où un gosse d'une dizaine d'années approvisionne la machine. Elle est où l'inspection sociale ?

Et puis dans un 3ème atelier où les ouvriers appliquent de la couleur et de la glaçure sur les pièces qui finiront par être cuites et exposées dans le magasin dans lequel il nous fait patienter.

le potier  le potier

Retour à Yazd où nous tentons désespérément de trouver un bus pour Shirãz.
Quelle galère ! C'est vraiment le premier endroit où nous devons galérer autant pour un bête ticket. Et la présence de ce chauffeur, ne parlant pas un mot d'anglais mais se mêlant de tout, n'arrange pas nos bidons. Nous y rencontrons des espagnols qui logent au Silk Road et eux aussi nous confirment que c'est un vrai bordel, cette gare routière !

Donc, nous voilà dans de beaux draps : il n'y a pas de bus Volvo (ou pas de bus aujourd'hui et demain - on n'a jamais bien compris puisque personne ne parle un mot d'anglais). Il y a un bus à 8 h le soir et 8 h le lendemain matin mais sans air-co. Mais n'oublions pas que nous sommes en plein désert, que le trajet dure 8 h.

Dans ces circonstances stressantes (comment quitter cette putain de ville?), Koko et Popol, comme tous les couples au monde, finissent pas s'engueuler. Nous nous décidons par dépit pour le bus de ce soir (18.000 Ri/p) (il fera moins chaud) tout en admettant que ce sera galère (vieux bus, pas d'air co, arrivée à Shirãz à 3 ou 4 h du mat).

Nous retournons à l'hôtel où nous pouvons garder la chambre jusqu'au soir pour éviter d'attendre dans la fournaise.

Repas à l'hôtel tout aussi délicieux que la veille.

Vers 19 h, le taximan (toujours le même mais c'est un gros gourmand 10.000 Ri) nous amène à la gare routière. Nous craignons le pire quant au bus que nous allons avoir et nos craintes se confirment. Notre bus est un antique Mercedès, vieux, qui servira de carpette volante (ou plutôt d'épave roulante) pendant 8 longues heures.

Le départ est prévu à 20h mais le chauffeur et ses nombreux autres assistants préfèrent discutailler autour d'un verre de thé. A 20 h seulement, ils commencent à embraquer hommes / femmes / enfants / valises dans une cohue incroyable.

meybodEtant dans les premiers, nous montons dans le bus et souhaitons nous asseoir vers le milieu. Et bien non, le capo de service en décide autrement : soit nous restons assis vers le milieu du bus mais nous devons nous séparer, soit nous restons assis côte à côte mais alors sur la roue arrière ! (Nous signalons que le capo ne cause pas anglais et tout ceci a du être compris par la déduction). C'est parce que dans les bus de nuit, les gens dorment. Et on sépare hommes et femmes, même les locaux !

Sur la banquette, il y a juste assez de place pour les pieds, il fait mourrant de chaleur et personne n'ouvrira la fenêtre tout au long du chemin. Ces gens sont dingues !
Et parlons en : il y a des gosses partout, sur les genoux, on s'échange des biberons, il y a des cris, des pleurs : l'enfer (et tout aussi chaud).

Et avant que tout ce beau monde ne trouve sa place, il y a des permutations qui durent bien après que le bus ait enfin démarré : et que je te passe le bébé n°1, que je reprend le n°2, que le n°3 se réveille en pleurant, etc, etc.

Le bus traverse à grande peine (c'est à dire à 20 km/h) les quelques petites montées et dénivellations. Il les dévale par contre à toute vitesse lorsqu'elles sont descendantes. Et ça nous angoisse à mort.

La route est à 2 voies, ce qui oblige le bus à de multiples et périlleux dépassements. En face arrivent à pleins tubes de gros camions citernes ou d'autres bus. Autant dire que si nous versons dans le fossé ou que nous nous prenons un poids lourd : plus de Koko et plus de Popol. Expédiés dans le néant des incroyants. Gloups ! Cette perspective n'aide pas à trouver le sommeil.

sandwich bahmanVers minuit, nous faisons un petit arrêt dans un restoroute. Et là, quelle n'est pas notre surprise, et agacement, de voir un superbe bus climatisé Volvo, venant de Yazd et allant à Shirãz, se garant à côté de notre épave. Notre sang de fait qu'un tour. Nous abordons le chauffeur en lui demandant pour quelle raison, ce matin, il nous avait assuré qu'il y a pas de bus Volvo pour Shirãz ?
Il nous convainc, à moitié seulement, en nous assurant que les 2 ou 3 prochains bus Volvo étaient complets. Soit.

C'est finalement vers 3h30 que nous débarquons à la gare routière de Shirãz (Carandish) où nous prenons un taxi (10 000 RI) pour l'Eram Hotel, préalablement réservé.
Par contre, le chauffeur de taxi est un menteur. Nous répondant "yes, no problem, come with me " à la gare, nous en concluons qu'il sait où se trouve l'hôtel. En fait, dans le taxi, nous nous rendons compte que non seulement il ne parle pas anglais, mais en plus, qu'il ne connait pas l'hôtel! Il ne nous manque plus que cela. Et descendre de son taxi n'est pas une bonne idée car les rues sont complètement désertes. Finalement, après quelques recherches et après nous avoir proposé un tas d'autres hôtels, il finit pas nous déposer devant les grilles fermées de l'Eram Hotel. Evidemment, le chauffeur veut nous faire aller au Kowsar mais nous insistons et sonnons. Le gardien vient nous ouvrir.

Par contre, même après avoir été payé, le taximan ne décolle pas. Nous en déduisons qu'il veut, en plus de nos 10.000 Ri, une commission de l'hôtelier.

Et là, après une journée et un trajet de merde, ce taxi menteur et gourmand nous exaspère : ça suffit. Nous interdisons au réceptionniste de lui payer quoi que ce soit : nous avons une réservation, c'est tout. Et le réceptionniste le vire.

shiraz eram hotel  a table !

Nous avons la chambre 321 pour une seule nuit car des travaux de rénovation sont entrepris au 3ème étage.

C'est une belle chambre, spacieuse, avec une belle salle de bains, frigo, tv, air-co.