Fin

Dimanche 28 mai

Il est 8 heures, beau soleil qui menace d'être chaud. On bivouaque sur l'aire routière vers Salerne, où la nuit fut bruyante comme jamais . Garés sur le parking des camions, avec les frigorifiques et les moteurs assourdissants, on n'a pu fermer l'oil qu'après minuit où ils se sont calmés.

Les Belges se sont installés juste derrière nous et ne se sont pas plaints du manque de calme, dans ce fichu pays, on finit par s'habituer à tout. Ils nous font part de leur projet , remonter l'Italie par la côte est, traverser la Suisse et rentrer chez eux désappointés à notre image.

Nous rentrons par la côte ouest, sans traîner.à quoi bon ! Parfois nous cherchons une' aire pour faire une coupure, un peu ombragée si possible, autant chercher le merle blanc..et nous faisons la pause en plein soleil 30 degrés dans l'habitacle.

La route est banale aujourd'hui, Jean dit que non, car à cause des travaux, elle est scindée en deux et il faut bifurquer sans arrêt d'un seul côté. Les plots de délimitation en caoutchouc sont souvent bousculés et la casse des voitures visible en plein d'endroits. Les girophares de la police stradale ne chôment pas et les capots relevés sont légion ainsi que la tôle froissée, nous n'en menons pas large.

La traversée de Rome nous souciait beaucoup, mais elle s'est faite à peu près bien. Pourtant sur la route de Civitavecchia, la file de voitures rentrant de Week end est impressionnante, pour une fois on est du bon côté.

Camping Queen à LadispoliLes routes s'emmêlent et on perd la nôtre à plusieurs reprises. GPS, au secours, mais il se repose et nous cherchons à sa place . .. A l'heure du bivouac nous décidons une incursion en bord de mer ou parfois on peut stationner. On bifurque sur Ladispoli, village dont nous n'avons jamais entendu parler . Hé bien! Nous ne l'oublierons pas de sitôt, car c'est une station balnéaire réputée fréquentée par les romains. C'est donc la suite du refrain habituel :monde fou, voitures en tous sens. On tourne désespérément pour nous sortir de ce labyrinthe, sans pouvoir se placer ni trouver la suite de notre itinéraire. Merci la Providence, qui sous les traits de notre petite Tarbaise nous conduit au camping Queen, nulle part indiqué et que nous n'aurions pas trouvé sans elle. Nous sommes sauvés!

Excellent accueil, au camping ou les familles dans des cottages de rêve s'apprêtent derrière le gril.

Téléphone de notre fille, souper, et au lit. On est si fatigués que l'on dort jusqu'au matin sans entendre partir nos gentils voisins de campement.

Lundi 29 mai

Camping Queen à Ladispoli, après Rome.
Pendant les préparatifs de Jean, je vais au bord de la mer, visiter le camping désert maintenant. Sur une digue de galets roses, subsiste une ruine aux trois quart démolie. Peut-être était-ce un phare ? Mais j'apprends que c'était la Torre Flavia, sans pouvoir préciser mieux. La route qui passe devant le camping est la Via Aurélia, les deux ont sûrement un destin lié.

Drôle de campementPresque tous les campeurs ont levé l'ancre ,car c'est Lundi, jour de labeur.. Il ne reste que les étrangers de passage et quelques mères avec des enfants en bas âge qui, lorsque ceux-ci se reposent vont au bac à vaisselle avec une brouette pleine d'ustensiles à laver. Je traverse les rues aux bungalows coquets, agrémentés de gloriettes où s'empilent les fauteuils. Ici ou là , une balancelle, des hortensias gros comme des choux et des feux d'artifices de bougainvillées. Drôle de campement au coin de la rue ! Original à souhaits ! Deux vélos sont placés selle et guidon au sol, roues en l' air. Une toile de tente couvre le tout et sous cet abri dorment deux sportifs à l'aise dans leurs baskets qui, d'ailleurs les attendent devant cet édifice drôlement ingénieux. Je les photographie sans demander leur avis.

Le gérant du camping reçoit mes félicitations pour la tenue de son camp avec un plaisir non feint et nous donne en souvenir une sorte de fourragère brodée au nom de Queen destinée à suspendre un appareil photo.

Notre itinéraire aujourd'hui ? Poursuivre la Via Aurélia qui, depuis le moyen âge reliait Rome à Arles et continue de nos jours. Il faut doubler un camion, puis deux, puis trois.puis on y renonce, on se laisse dépasser et on observe le dos de ces camions, ainsi toute la journée. On a juste le temps de voir, les admirables montagnes qui défilent sans arrêt, depuis les viaducs se succédant sans cesse .après les viaducs, voici les tunnels dans une succession infernale.

Nous décidons de nous arrêter tôt pour être sûrs de trouver une place, sur ces aires minuscules et rares compte tenu de l'énorme trafic. Il y en a une avant Genova, hélas ! en travaux, donc réduite de moitié. Nous trouvons place près d'un break qui, en y regardant de plus près est un corbillard.Ne soyons pas racistes, me dit Jean, c'est le voisinage le plus calme de la journée . D'ailleurs le chauffeur s'en va, avec son passager, après s'être désaltéré au bar.

La hâte de rentrer chez nous nous gagne, mais pour ce soir ... repos !

Mardi 30 mai

Aire de Nervi, avant Genova.
Il est 6 heures 50 seulement, on est prêts à partir, mais cernés de toutes parts il n'y faut pas penser encore. Peu à peu, les camions reprennent la route et libèrent l'espace autour de nous. 7 heures, le temps est gris, les acacias se défeuillent et les pétales fanés tombant sur le toit font un bruit de gouttes de pluie.

Aujourd'hui aussi, la circulation est folle. Succession ininterrompue de camions et de tunnels nombreux et dans lesquels l'allure ne ralentit pas le moins du monde. Les klaxons entrent en action pour signaler au précédent d'accélerer sa moyenne, faisant fi de toute prudence . La police stradale est sur la brèche pour réparer les dégâts, canaliser et aider les accidentés ,nombreux comme chaque jour.

Derniers kilomètres en Italie ...Le changement de direction est peint par terre, sur la route, de sorte qu'on ne peut la manquer en dépit des gros gabarits qui précèdent en masquant tout. J'ai vu passer Francia destination chérie que je veux photographier. Le temps de prendre l'appareil et de viser, c'est Vintimiglia qui figure sur l'image. Tant pis ! l'essentiel est d'être là.

Le choc entre les deux pays n'est plus visible comme au temps passé, tant des deux côtés chacun s'est efforcé de ressembler à l'autre et y est parfois arrivé.

Roquebrune et la vallée du vent, le beau et long viaduc de Ventabren, nous retrouvons les paysages de chez nous et le moral revient au triple galop. Le vent fou souffle en rafales fait se courber les cyprès d'Arles et tanguer le véhicule. Dans le massif de la Sainte Victoire la fumée épaisse signale par son importance des feux qui se multiplient et sont sans cesse attisés.

Dernier arrêt à Montpellier Fabrègues, où nous décidons de prendre un repas différent des autres jours, au petit restaurant d'autoroute. Puis on y renonce, afin de ne pas laisser le véhicule sans surveillance de crainte de le retrouver « visité ».

Mercredi 31 mai

Aire de Montpellier Fabrègues, parmi les camions, encore ! ...
Il est 7 heures, le soleil est là, bien moins chaud que les jours précédents.D'ailleurs les sacs de couchage de sortie sont à ranger ce matin. Le climat est plus tempéré. Itinéraire sans problèmes et dernier arrêt à Carcassonne.

10 heures 30 Toulouse.

 

A quoi bon ressasser le regret de toutes les belles choses près desquelles nous sommes passés, sans pouvoir les approcher, nous avons tout notre temps désormais pour trouver une conclusion plus optimiste à ce voyage partiellement raté , mais quand même très beau.