Monts Nebrodi

Mercredi 24 mai

Camping Scorpio à Pollina
Il est 8 heures 20, malgré l'heure presque matinale, le ciel allume déjà ses incendies.

On longe la 113, qui surplombe la mer, c'est le rendez-vous des montagnes se succédant sans cesse, on passe de l'une à l'autre grâce à des viaducs belvédères d'une impressionnante longueur . Le sol composé de plaques munies de fentes régulières qui absorbent la dilatation, nous réserve des sauts tous les 4 ou 5 tours de roues, résultats, bruits et chutes d'objets à l'arrière du véhicule. Tapis, journaux et guides se retrouvent par terre. On ne ramasse rien, car ça recommence jusqu'au bout du chemin.

La traversée des villes ou des villages, je n'en dirais plus rien, car j'ai la chair de poule à leur seule pensée . Aucun contournement, donc on n'a pas le choix, la route passe au milieu des agglomérations et l'on se glisse à quelques centimètres près tout juste, des véhicules en stationnement anarchique. On frise la catastrophe à chaque instant et s'ensuit une fatigue nerveuse qui ne nous quitte pas.

Une église et son clocher en laveSanto Stefano di Canasta, est la capitale de la céramique. Tout le patelin fabrique, décore et commercialise les jolis modèles ensoleillés qui ornent murs et vitrines. On ralentit notre allure pour entrapercevoir toutes ces petites merveilles, mais on se fait klaxonner et l'on continue à ronger notre frein. Donc, on suit la route côtière faisant l'impasse sur des tronçons menant à Capo di Orlando, station balnéaire de classe et on bifurque vers Randazzo. On vient de décider de retourner à l'Etna par un autre itinéraire qui nous permettra de souffler un peu. On circule maintenant dans le Parc Régional des Monts Nebrodi, dont le plus haut sommet est à 1847 mètres. Des bois de Hêtres, de chênes et de noisetiers, il n'y a pas de conifères, mais des forêts de fenouil dont les tiges atteignent des hauteurs que je ne connaissais pas et dont les fleurs en ombelles se teintent de jaune. On voit aussi des massifs de mauves que les gens cueillent par brassées et des liserons roses qui habillent les talus. Des pâturages croissent sur les pentes, entrecoupées de cascades et les petits villages sont parcourus par un lacis de ruelles impraticables pour nous Je fais une photo d'une église et son clocher en lave, c'est noir, un peu triste et étonnant. Le volcan en toile de fond donne vie au paysage, avec ses fumerolles que le vent pousse à sa guise.

Volcan de l'EtnaPrendre une photo relève du parcours du combattant , car il n'y a pas de bas-côté et quand l'arrêt est enfin possible, le paysage a disparu derrière la montagne, ou bien des arbres, ou pire encore des pylônes..70 kilomètres à peine, nous venons de passer le parc des Neibrodi, maintenant nous entrons dans celui de l'Etna. Durant le parcours nous admirons le volcan fumant et les profusions de genêts qui éclaboussent de soleil toutes les pentes. On ne peut restituer le parfum subtil que la nature déverse, pour pallier o celui des hommes tout aussi tenace mais moins délicat.

On a bien trouvé le moyen de se perdre, dans cet itinéraire inhabituel aboutissant à un cratère qui serait beau s'il ne servait de dépotoir On revient sur nos pas, pour prendre la route qui, de Zefferana rejoint le refuge de Sapienza, où l'on arrive à la nuit tombée.

Repos et relaxe au pied de l'Etna.

Jeudi 25 mai

C'est l'Ascension aujourd'hui, on décide de faire relâche toute la journée et un peu de shopping aussi. On va refaire les magasins à touristes où l'on peut trouver de jolis objets.en cherchant un peu. A l'achat, l'argent liquide prime tout autre mode de paiement, basta la carte !.Ils sont prudents les marchands ! Echaudés peut-être ! ! ! ...

On fait peu de choses, la sieste, la passagietta, même pas une photo. Le soleil a planqué ses rayons, mais le climat est tiède, avec un peu de vent. J'écris les cartes postales mais je ne sais pas quand ni où je pourrai les poster, car je n'ai pas le moindre timbre ( francobollo en Italien ).

Un couple de Moissac nous aborde. Ils rayonnent dans le pays depuis deux mois et sont assez contents d'eux, sans aucune réserve pour la vie en camping car dans ce pays difficile, pourtant. Jean se souvient de leur véhicule rencontré à Enna, où ils ne sont pas restés. Comme je dis souvent, il ne faut pas croire les gens, car les problèmes rencontrés par nous-mêmes ils les ont eu aussi, mais évitent d'en parler pour avoir l'air plus malins.Question d'appréciation de soi ! ...

Il est maintenant 21 heures, la nuit est noire . Jean va faire trouver flash sur les villes au bas du volcan, dont les lumières scintillent, comme autant d'étoiles..C'est superbe ! On a l'impression d'être au milieu de la fête. Le stationnement ici est une vraie récompense. Repos.

Vendredi 26 mai

Refuge de Sapienza.
Nuit sans sommeil au pied de l'Etna, l'altitude sans doute est à incriminer et ce matin très tôt, les battements précipités de mon cour, emplissent mes oreilles. Dès 6 heures 30 on lève l'ancre en vêtements de nuit . Le but actuel est de descendre par petits paliers, puis on verra au fil de ma santé.

On reprend la route autour du volcan, vers Zefferana, puis bifurquons vers le nord pour joindre Milazzo.éventuellement . Au fur et à mesure de la descente ma santé se rétablit et nous rattrapons au vol nos projets.

Vieux villagesCe parcours dans le parc de l'Alcantara est très pittoresque, avec ses vieux villages et ses cultures en terrasses, où croissent les primeurs, irrigués par l'eau des systèmes d'irrigation « maison »très efficaces si l'on en juge par la beauté des plantes cultivées.

On joint Milazzo vers 18 heures, car on n'a pas encore renoncé à nos projets de revoir les Îles Eoliennes. Il faut se diriger vers le cap pour trouver refuge dans un camping, donc traverser une ville pleine de sens interdits. La route après le port est magnifique, bordée de beaux hôtels qui escaladent la falaise jusque sur la plage privée. Les camping se trouvent au bout du cap, nous prenons le premier venu, qui s'appelle : Esmeralda .L'accueil en Français par une charmante hôtesse nous ravit.

Juste à côté de nous, la mer bordée de rochers balance quelques bateaux de pêche et nous sommes à peine 3 ou4 campeurs très calmes qui tentons d'évacuer la fatigue et le stress de ce long itinéraire. Nous allons compléter le manque de sommeil à ce camping du Capo di Milazzo, d'où nous embarquerons pour les Eoliennes quand la forme sera revenue. Sinon nous rejoindrons Messine et l'embarquement du départ vers la botte.

Samedi 27 mai

Capo di MilazzoCamping Esméralda à Capo di Milazzo.
Il est 9 heures, Jean farfouille dans ses outils pour tenter de réparer quelque chose de cassé à son ordinateur portable . Je profite de ce temps pour élaborer une cuisine un peu plus soignée, toujours à base d e légumes de saison : tomates, poivrons, qui mélangés à de la semoule font de délicieux taboulés.

En réponse à la page précédente, c'est la deuxième solution qui est adoptée à l'unanimité. La fatigue, la chaleur ont raison de tous nos projets. Les énormes difficultés provoquées par la fréquentation massive de ce pays ont accentué cette décision irrévocable.

Nous partons.

Il y a seulement 40 kilomètres pour rallier Messine et d'autres difficultés se profilent. L' "embarghi" signalé n'est pas le bon, il faut reprendre la route de Palerme et sortir à Boshetto qui n'est pas encore le bon embarcadère. On doit poursuivre nos recherches dans l'encombrement du port et prendre la compagnie « Caronte et Tourist » où enfin on peut embarquer. Tous ces contretemps paraissent provoqués par la diversité des compagnies maritimes basées en des endroits différents, obligeant le passager à des recherches sans fin.

Traversée en la Sicile et l'ItalieLa traversée est de courte durée, on pense que peut-être un pont sera jeté entre les deux terres, lorsque les Siciliens voudront abandonner leur condition d'insulaires et les compagnies maritimes leurs prérogatives sur ce détroit dont ils sont les maîtres actuellement. En tout cas, nous débarquons à Villa San Giovanni et entamons un autre circuit sur Reggio di Calabre, vite abandonné. C'est la débâcle !

Retour sur Salerne. Nous stationnons sur une aire avec un autre camping-car venant de Belgique. Nous pouvons parler Français et ne nous en privons pas. Nous déversons ensemble notre lot de récriminations et du coup notre regret s'en trouve allégé. Nous avons eu les mêmes problèmes, il a écourté ses vacances et va passer la suite ailleurs, sans jamais revenir en Sicile, nous confie t'il. La même chose pour nous cher monsieur, une fois seulement...