Mardi 9 et mercredi 10 mai
Aire de Vidauban Sud.
Il est 9 heures 40 Beau soleil et thermomètre à 20°, contrairement au reste du pays où sévissent la pluie et le froid. On continue la route vers Nice où le beau temps est là en toutes saisons.
On passe le magnifique rocher de Roquebrune qui dessine un canyon de western.Il était une fois dans l'est.Puis c'est le parc zoologique de Fréjus, où les animaux de la savane vivent en semi liberté. Ainsi, girafes, gnous, zébus regardent passer tout ces abrutis de la route avec une belle indifférence..
Encore quelques péages.les derniers sans doute, à Antibes, Nice et Monaco. Le belvédère de Beausoleil nous réserve un superbe panorama sur Roquebrune et sur la route dominant les paysages de cette merveilleuse Côte d'Azur. Même si j'ai fait cette photo plusieurs fois lors de précédents voyages, je récidive .Comment résister devant une telle beauté.
On roule doucement, au gré des bouchons, travaux et accidents qui émaillent la route vers Menton et l'Italie que nous atteignons à 11heures. A 11 heures 30 notre premier repas est pris sur l'aire de Caravalla que nous quitterons à 13 heures.
Buon giorno à toi l'Italie, aux tunnels qui trouent la montagne comme un gruyère, aux viaducs belvédères d'où l'on surplombe les villages en bord de mer, avec l'église ,au clocher pointu et les serres qui escaladent les pentes ensoleillées. Il faut s'habituer aux panneaux autoroutiers vert qui indiquent chez nous des routes nationales, aux « rafiche di viento », aux « ralentare tuneli », attaqués en trombe par les habitués. Depuis que je connais l'Italie, je ne cesse de m'extasier sur son réseau routier le plus pittoresque qui soit, où les routes s'enroulent, se croisent passent au dessus , ou bien en dessous, se trient, se cherchent, se séparent en labyrinthe comme un écheveau. Les toutes premières furent tracées ici à l'époque fasciste ( ! ) pour désenclaver les régions du sud, en particulier. Tous les échanges commerciaux passent là, les milliers de camions l'attestent et les voitures de tourisme ont toutes les peines du monde à se frayer un passage, mais nous prenons notre mal en patience.
Voici Gênes, capitale de la Ligurie, étendue sur plusieurs dizaines de kilomètres en bordure de la mer. On a une vue d'ensemble du port qui est le premier d'Italie depuis la fameuse route surélevée, la « strata Sopraélévato » qui le longe. On n'a pas assez d'yeux pour tout voir. Ici se termine la fameuse Rivièra du Ponant, qui se prolonge jusqu'à Pise et se continue par celle du Levant. Toujours des vallées étroites et profondes au fond desquelles se nichent de merveilleux petits villages de pêcheurs. Des cultures en terrasses croissent sur les pentes jusqu'aux sommets plantés de vignes ou d'oliviers. Bientôt Carrare et ses montagnes blanches, font proliférer le long de la route ses usines dites à tranchage et ses marbreries.
Et on arrive à Pise en fin de journée, où l'on fait un arrêt au camping de la « Torre Pendente » heureusement proche de la zone monumentale.
Les images sont très belles au soleil couchant et il y a peu de monde à cette heure presque tardive, mais les marchands qui restent sont entreprenants en diable. Il y a beaucoup d'émigrés il me semble, Marocains pour la plupart, ainsi on parle français sans encombre et l'on redouble d'affection pour l'Afrique. On entre dans la place del Duomo par la porte Santa Maria d'où la perspective est éblouissante. Sur une immense pelouse verte se découpent les trois monuments tout de marbre blanc : le Baptistère, la cathédrale et la Tour Penchée. Cette Place des Miracles et vraiment miraculeuse, c'est un merveilleux rêve de sculpteur.On va passer des heures d'émerveillement devant les trois chef d'ouvre, dont la Torre Pendente depuis peu consolidée grâce à des procédés modernes.
L'éblouissement est garanti devant une si parfaite harmonie : Le Baptistère coiffé d'une coupole sculptée d' arcatures et de motifs floraux est d'une finesse telle que l'on ne se lasse pas de le regarder, tête levée jusqu'au vertige. Le portail d'entrée, encadré de motifs sculptés représentant la vie de Saint Jean Baptiste et des apôtres est ouverte malgré l'heure tardive. On entre et découvrons un intérieur impressionnant où nous sommes seuls à déambuler. Le guide vocal nous rend bien service et nous fait connaître les différents épisodes de l'édification de ce magnifique monument commencé vers les années 1150 et qui n'a rien perdu de son mystère. Dans la pénombre trône l'immense vasque des baptêmes par immersion, puis la chaire sculptés elle aussi par Nicolo Pisano. Les apôtres et saints blottis contre les murs réalisent leur rêve d'éternité Le lanterneau extérieur qui coiffe la coupole est surmonté d'une statue de Saint Jean Baptiste patron des lieux.
Poursuivons notre visite par le Duomo, cathédrale de style Pisan, toute décorée de mosaïques et de colonnettes qui allègent la façade. La gigantesque porte de bronze poussée on entredans l'imposant nef longue de cent mètres et composée de quatre autres adjacentes. Statues et peintures de maîtres partout, plafond doré à caissons et face à une chaire peuplée par les vertus cardinales, la lampe de Galilée se balance toujours. Elle aurait inspiré le savant par ses oscillations imprimées lors de son allumage.
Les groupes sont entrés maintenant et forment une foire à l'ail hétéroclite. Pour nous le charme est rompu, alors on va vers la tour penchée.
Vedette de cette place, la sublime tour penche toujours depuis longtemps. Elle est l'objet de soins atten tifs et même d'une consolidation mystérieuse qui limite son inclinaison hors du da nger de la voir chuter. N'empêche que son attitude est spectaculaire et chacun fait la photo en prenant la pose qui veut que l'on retienne sa chute.
Il est l'heure de quitter ces lieux magiques que l'on a admirés hier soir au soleil couchant et encore ce matin. Nous remontons la place des Miracles par l'autre côté et traversons des groupes installés sur la pelouse pour pique niquer, puis nous rejoignons notre camping pour préparer notre repas et partir vers d'autres émerveillements.
Nous prenons donc la route vers Rome, qui nous fait longer le littoral. Nous quittons l'autoroute qui nous ferait crocheter vers Sienne et Orvietto ce qui n'est pas le but aujourd'hui. Les paysages sont moins beaux que ceux d'hier, il est vrai que c'était ceux de la Riviéra du Levant longeant la mer Ligure. Je ne retiens rien qui vaille la peine d'être retenu, juste quelques bouts de mer d'un joli bleu, c'est tout. On passe à quelques encablures de l'île d'Elbe que l'on caresse un instant l'envie de visiter, mais il aurait fallu embarquer à Livourne. Ce sera donc pour une autre fois.
Pause sur une aire près de Grossetto entre deux bateaux désaffectés. On dort ce soir on ne sait où..On redevient nomades.
Les aires étant rares et restreintes, nous avons fini par en trouver une, hélas près de Rome. Elle est située sous un réseau d'atterrissage d'avions. Donc, bruit de moteur d'avion en basse altitude. J'espère qu'ils se tiendront bien en l'ait, sinon !..
On ne peut pas imaginer pareil tintamarre sur cette aire dite de repos. Il y a les avions qui passent juste au dessus de nos têtes pour atterrir quelques dizaines de kilomètres plus loin, à grand bruit de moteur. ON est garés sous un petit arbre dont les branches basses balaient le toit et font penser à des pas furtifs dans l'habitacle, ce n'est pas si rassurant que ça. Derrière nous passe la route et ses milliers de camions roulant vers Rome à tombeaux ouverts . Je ne dis rien de la voix ferrée et des trains qui passent dessus toutes sirènes hurlantes. Je n'ai pu fermer l'oil de la nuit et n'arrive pas à être charmée par le » chant des oiseaux qui dès cinq heures du mat nous servent une aubade méritoire, donnée dans tout ce tintoin ambiant. Jean dort envers et contre tout et ronfle à gorge déployée. Il me recommande de me reposer entre deux ronflettes. Ca alors je ne peux pas le croire.Quel culot !