Trek dans le pays Dogon

Le lendemain lever aux aurores et, alors que le soleil point à peine, nous prenons le chemin de la falaise sous la conduite de "Bouba". Après une petite heure de marche nous abordons la descente et découvrons, chemin faisant, les constructions troglodytes en pierres ou en terre qui occupent chacun des creux de l'escarpement abrupt et qui témoignent de la présence des Télèmes, population qui a précédé les Dogons et qui a été exterminée par eux (Bouba utilise le mot de génocide). Ces cases sont si perchées, si inaccessibles que les Dogons prenaient les Télèmes pour des hommes volants. Aujourd'hui les Dogons les utilisent comme sépultures et y hâlent leurs morts à l'aide de cordes en fibres d'écorce de baobab. Les constructions Télèmes sont très nombreuses. Toutes les anfractuosités de la falaise sont occupées à des hauteurs parfois impressionnantes.

Au fil de notre descente par un chemin escarpé nous découvrons progressivement le village d'Iréli; sa traversée nous permet d'en faire la visite et c'est en arrivant en bas que le choc se produit. Le village construit à flanc de falaise parmi les derniers éboulis domine le plateau et s'adosse à un à pic impressionnant de 400 mètres. Ses cases se confondent avec les rochers: même couleur, mêmes formes. La falaise fauve, presque jaune, sur laquelle se détache un ciel d'azur constitue l'arrière plan du tableau. Splendide et grandiose. Malgré la beauté de toute cette région nous ne verrons rien qui égalera le site d'Iréli. En fin de matinée nous faisons halte dans une auberge et attendons que le soleil calme ses ardeurs pour entamer l'étape de l'après midi. Nous longeons le pied de la falaise et découvrons parfois de minuscules villages qui se fondent parmi les roches alentour. Alors que le matin nous n'avions rencontré personne, nous croisons des gens qui tous nous saluent avec de grands sourires et ébauchent de longues salutations auxquelles nous ne pouvons répondre que par nos pauvres: «ça va? Ça va bien? ».
Malgré l'heure avancée de l'après midi il fait encore bien chaud à notre arrivée à Banani où nous décapsulons avec bonheur nos canettes fraîches.

Deuxième nuit à la belle étoile et départ à l'aube comme la veille. Ce second jour de marche est le plus chaud. A midi, alors que nous nous reposons à l'ombre dans un village, le thermomètre doit flirter avec les 40˚, mais nous trouvons de l'eau minérale sans difficulté. Le redémarrage est laborieux vers la falaise qu'il va nous falloir gravir. La beauté du chemin nous en fait oublier les difficultés. Nous grimpons vers Koundou Da. Le soleil est bas sur l'horizon lorsque nous découvrons les premières cases sous ses rayons rasants. Magnifique. C'est le deuxième choc de la balade. Le soir à l'étape, après notre « mousse » quotidienne, nous prenons une douche à la calebasse: de l'eau dans une jarre, une calebasse pour nous arroser et le bonheur de sentir la fraîcheur de l'eau pénétrer le corps. Le lendemain retour à Sangha puis, l'après midi à Bandiagara. Notre visite se terminera le lendemain par une virée en 4x4 à la découverte de deux villages perchés mais Iréli et Koundou Da avaient placé la barre si haut que leur beauté nous est apparue comme allant de soi. Le point d'orgue du voyage était atteint, le pays Dogon a tenu toutes ses promesses. Ce site classé au patrimoine mondial mérite sa notoriété mais soulève beaucoup de questions qui n'ont pas leur place ici sur la compatibilité entre la préservation d'un tel lieu et le tourisme de masse.

Le village IréliLa falaise IréliKoundou daKoundou da