Ile de Janitzio

Jeudi 9 Février : La cucaracha, la curaracha, la, la la la la la la.

Nous sommes réveillés tôt par les oiseaux de la volière au centre du patio de l'hostel Allende. Apparemment, ça ne sert pas à grand-chose de leur mettre la nuit des rideaux autour, pas bêtes les bêtes ! En plus, on a mal dormi. Les mongols avaient des problèmes avec leurs sacs plastiques, les indiens avec l'eau chaude, pour les mexicains ce sont les draps. Ils mettent des draps simples dans des lits doubles et ne connaissent pas tous les draps housse. Du coup, non seulement en le mettant de travers ça ne nous couvre que la partie située entre le torse et les chevilles, mais, au bout de cinq minutes le lit ressemble un chantier (et sans pour autant réviser le Kama sutra) ! Résultat : y'en a un qui finit enroule dans le drap et l'autre dans la couverture.
On termine les corn flakes et le lait… Mais, il a un drôle de goût ce lait, tu trouves pas qu'il pique? Sophie avait bien remarque en vidant la bouteille qu'il y avait comme des petits morceaux fonces dedans. Hier, c'est la bouteille de jus de fruit qui disparaît et aujourd'hui, il semble qu'on nous ait fait une sale blague en nous pimentant le lait. Sont pas cool ici, il est temps qu'on parte ! Sans parler des draps.
Bus pour Patzcuaro à une heure d'ici. Bien que voisines, les deux villes sont très différentes. Celle-ci est plus petite avec une population d'origine indienne. Ça ressemble un peu plus au Mexique qu'on imaginait. Moins aseptisé, le village nous charme avec ses maisons blanches aux extrémités rouge briques, et ses délicieuses places aux accents coloniaux. Nous croisons de nombreux indiens, les pommettes hautes, la peau burinée, le visage anguleux et les yeux légèrement plissés. Les voilà enfin les natifs d'origine. Un grand marche se tient ici tous les jours. On achète des légumes pour le repas de ce soir et des fruits. Nous découvrons les granadas (rien a voir avec les grenades) que nous avons pris pour des fruits de la passion en raison d'un petit air de famille. Super bon ! Les gargotes non plus ne manquent pas pour se sustenter. On en choisit une où ils préparent des enchiladas énormes. On commence d'ailleurs a y voir plus clair dans la " gastronomie " mexicaine : les tacos sont des galettes de maïs (tortillas) garnie de viande; les quesadillas sont des tortillas plus grandes garnies de fromage, maïs, champignons ou autre; les enchiladas sont fourrées de viande avec du fromage, elles ont mijoté dans une sauce au piment/tomates/oignons puis sont nappées de crème et de fromage fondu, enfin les tortas sont des sandwichs chauds biens épais.
Ça aurait pu être Christophe ou sa voisine de table mais non, il a fallu que ca tombe sur Sophie. En fait ce n'est pas tombé sur elle mais plus exactement dans son assiette. Ca ? Un cafard ! " Si tu as la cucaracha, sacrée bestiole de cancrelat… ". Les Négresses vertes ne croyaient pas si bien dire…
Christophe a dégotté un endroit sympa pour loger : la posada des las rosas, une immense maison d'une dizaine de chambres tenue par une famille tout aussi nombreuse. Grands-parents, enfants, petits-enfants, tout le monde cohabite ici. La famille (comme la Muerte) est un objet de culte au Mexique. Bien au-delà de l'influence de la religion, les enfants représentent toujours le capital vieillesse des parents comme, ils le furent chez nous il y a encore quelques années. Les retraites ici sont quasi inexistantes. Les enfants ne quitteront la maison familiale qu'au moment du mariage, la encore pour des raisons financières. Bref, tout ça pour dire qu'ici y'a du monde en permanence et la porte est toujours ouverte.

Vendredi 10 Février : Daaallas, ton univers impitoyaable.

Au moment d'accéder à la cuisine, ils étaient huit à table à prendre le petit déjeuner typique mexicain : café, tacos avec des oufs, fromage, piment et.haricots rouges. Non Mr Bean, on n'est pas encore prêt pour ça, on se cantonnera au café/tartines. Cote deco, nos craintes sont confirmées : des dizaines de tasses, pots, casseroles constituent la parure des murs de la cuisine et du salon adjacent. Des bibelots style fleurs et petites poupées en plastique ou dauphins en céramique trônent dans les vitrines ou sur les armoires au milieu des effigies religieuses de toutes sortes. Pas étonnant qu'ils soient obliges d'accrocher la vaisselle aux murs, avec toutes ces horreurs dans les armoires, il n'y a plus de place ! On y va pas de main morte sur leur look ou sur la déco, mais comme on dit " ce qui compte c'est la beauté intérieure " et les mexicains en sont richement dotées : courtoisie, gentillesse, amabilité.. Le point de vue du volcan éteint, le Cerro del estribo, offre parait-il un beau panorama sur la ville et le lac avec ses îles. Une heure et demi et 390 marches plus tard nous arrivons en sueur au sommet. C'est dommage hein ces arbres juste devant la vue ?.... La visite de la ville, bien que courte, achève Sophie qui accuse le coup de la ballade matinale. On retiendra surtout la Plaza Vasco de Quiroga bordee d'arches et de maisons coloniales et la Casa de los once patios, un ancien couvent dominicain reconverti en ateliers d'artistes. Les patios s'ouvrent les uns sur les autres, un vrai labyrinthe. Nous dînons dans la cuisine familiale et, comme la veille, la famille est réunie devant la télé pour le rendez-vous quotidien de la telenovela, véritable phénomène de société au Mexique.

Samedi 11 Février : Souvenirs, souvenirs...

Nous prenons le bateau pour nous rendre sur l'île de Janitzio. De " faux " pêcheurs font leur cinéma avec leur filet papillon à l'approche du bateau. Malheureusement, ceci relève plus du spectacle que de la réalité, ils n'attrapent que les touristes puisqu'il n'y a quasiment plus de poissons. Le spectacle est tout de même joli. Bien que très photogénique de loin, en dehors des sentiers bordes de magasins pour touristes, l'île ressemble à un vaste chantier très sale. Quand aux souvenirs vendus (on ne sait a qui), on atteint aussi le paroxysme du laid. A vrai dire, on n'a jamais vu aussi niais, moche, mal fait, inutile et kitch a souhait. Quelques exemples : coquille d'ouf remplie de bougie, tableaux imprimes avec des dessins qui de loin représentent le Christ ou des visages, filets de pêche en nylon, brocs a eau en forme de sein avec un corps de femme pour anse, etc. On a qu'une envie : se tirer ! Bon, maintenant qu'on est la, on va quand même monter jusqu'à la statue de Morelos, autre héros de l'Indépendance. Comme la Statue de la Liberté, on peut grimper jusqu'a son sommet à l'intérieur, en longeant des murs qui racontent son histoire a travers des fresques. De retour à Patzcuaro, comme l'excursion fut plus rapide que prévue, nous décidons de faire nos clics et nos clacs. Notre gentille hôte n'y voit aucun inconvénient bien qu'il soit déjà 15h. Y'a pas a dire, ils sont vraiment cools les mexicains. Quel voyage! Comme notre guide ne mentionnait pas la migration des papillons monarques et encore moins le site ou les observer, nous avons voyage un peu a l'aveuglette : premier bus pour aller a Morelia puis un deuxième pour Zitacuaro et enfin un dernier pour Angangeo. Heureusement que notre voisine de bus, témoin de Jéhovah, puis une jeune étudiante nous ont mis sur la bonne route. Au final, six heures auront été nécessaires. On est H.S, il est 21h30 et les derniers endroits ou manger viennent de fermer. Le tenancier de la camionnette a tacos d'en face, un mec sympa, nous fait cuire nos pâtes chez sa mère. Quant à l'hôtel, une fois de plus, les draps lit double connaît pas, mais encore plus fort : notre drap du dessus est un drap housse une place mis en travers!

île de Janitzio