Migration des papillons monarques

Dimanche 12 Février : Les mystères de la nature

La migration des papillons monarques est un des évènements naturels les plus incroyables. Chaque année des milliers de papillons émigrent du Canada jusqu'au Mexique pour passer l'hiver de fin novembre à fin mars. Ils parcourent ainsi 4000 Km pendant trois mois, avec une moyenne de 20 Km/H. Le plus surprenant est que, du fait de leur courte durée de vie (quelques mois), ceux qui arrivent au Mexique sont pour la plupart nés en route. Comment font ils alors pour s'orienter et se poser toujours dans le même sanctuaire, une zone montagneuse à plus de 3000m qui ne dépasse pas 20km2. Sans parler qu'au sein même de ce sanctuaire, il y a plusieurs colonies, chacune se situant chaque année exactement au même endroit !!! Règles comme des horloges, On ne sait pas comment ils font pour se diriger pendant leur long trajet de migration, mais on suppose qu'ils se repèrent une fois sur place a la vue des restes de leur prédécesseurs (d'ou l'interdiction de les ramasser même morts). Au total, il y a une vingtaine de sanctuaires où ils se concentrent, seulement deux sont ouverts au public. Ils quitteront leur habitat hivernal les 27 et 28 mars précisément, règles comme des horloges…
Nous partageons une voiture avec un mexicain. La montée dure ¾ d'heure pour atteindre l'entrée du sanctuaire El Rosario a 3000m. Apres ce sont 300 mètres de dénivelle pour arriver aux papillons. Sophie fantasmait ce moment depuis longtemps et forcement elle a été déçue. Oui les papillons sont la, et oui ils papillontourbillonnent par centaines entre les pins, mais on ne peut pas les approcher a plus de cinquante mètres et les rayons du soleil, qui aurait pu éclairer leurs ailes orange, ne percent pas. De loin, on pourrait presque croire à des flocons de neige. Ces mesures sont néanmoins nécessaires pour les préserver. N'empêche qu'il y a publicité mensongère avec ces photos affichées partout où on voit une famille modèle gambadant au milieu d'une nuée de papillons ! Quelques uns d'entre eux viennent mourir à nos pieds, seul moment ou nous pouvons les voir de près, spectacle malheureusement assez triste. Nous quittons les sentiers balises pour monter jusqu'au sommet a 3500m ce qui nous permet d'apercevoir plusieurs oiseaux rouge vif qui font penser a des cardinaux. Le panorama aurait pu être à couper le souffle (vue a 360 degrés sur les plus hauts volcans du Mexique) si les nuages ne l'avaient pas caché.

De retour en bas, le soleil fait son apparition et réveille les papillons. Nous avons donc tout de même la chance d'apprécier un peu plus les danses aériennes de ces papillons noirs et orange autour de nous.
Quelques tacos a la va vite avant de prendre le bus pour Mexico. Nous arrivons sous la pluie et retrouvons la guest Cathedral avec cette fois on a un dortoir pour nous tout seuls, nous entrons dans la basse saison…

Lundi 13 Février : Erections pestinentielles !

Nous démarrons la visite de Mexico city avec le quartier Coyoacan, ancien village englouti par la mégalopole, aujourd'hui simple quartier. Le méchant Cortes (conquistador espagnol sanguinaire) y établit son palais puis, bien plus tard, le barrio devint le lieu privilégie des artistes et intellectuels. Les peintres Frida Kahlo et son mari Diego Rivera y vécurent tandis que Trotsky, le leader de la Révolution d'Octobre, y fut assassine. C'est a présent un endroit calme aux grandes avenues bordées de belles demeures (doit y avoir du pognon au vue des fils électriques et barbelés sur les murs et des flics armes qui circulent).
 Nous changeons de quartier pour visiter le Secrétariat de l'Education Publique connue pour y abriter des fresques murales de Diego Rivera. Plus de 120 peintures sur près de 1500 m2 ornent les trois étages de cet ancien couvent agrandi. Il mit cinq ans pour réaliser des peintures traitant du travail, de l'histoire du Mexique, de la Révolution, de la guerre, et d'un sujet qui lui est cher : la lutte des classes. Parmi les centaines de personnages, nous reconnaissons ceux de Frida, de Zapatta et de Pancho Villa (célèbres révolutionnaires qui avaient pris les armes pour redistribuer les la terre aux paysans, " Tierra y Libertad "). Nous découvrons cet artiste, on aime beaucoup.
 Pour rester dans les bâtiments administratifs, nous enchaînons avec le Palacio national. Une fois de plus, Diego (libre dans sa tête) a tague quelques murs. Trois immenses fresques encadrent l'escalier central. Et la, il s'est lâché Diego! L'Histoire du pays en est le sujet principal depuis la période préhispanique jusqu'à la lutte des classes. Il n'y va pas de main morte : pendus, croix chrétienne qui se transforme en croix gammée, caricature de certaines figures capitalistes de l'epoque (Rockfeller, Venderbilt…), Karl Marx et symboles communistes a gogo. Hasta siempre la révolution ! On est surpris de voir cohabiter avec tant de liberté, dans ces bâtiments administratifs, des peintures de " propagande " communiste et le gouvernement de droite de Vicente Fox. Il a d'ailleurs quelques soucis à se faire à l'approche des elections puisque la gauche a le vent en poupe (57% des intentions de vote). Le Mexique pourrait donc se laisser emporter par le fort vent socialiste qui souffle en Amerique latine avec Cuba, le Venezuela et la Bolivie pour la gauche rouge vif et le Bresil, l'Uruguay, l'Argentine et le chili pour la branche plus modérée. Les Etats-Unis n'ont qu'à bien se tenir. Fin de la parenthese.

Best of Diego

On termine avec la rue Madero où se trouvent de beaux edifices : le Gran hotel style Art deco avec une splendide verriere et la casa de los azulejos, la plus vieille demeure de Mexico qui comme son nom l'indique est couverte de faïence bleue et blanche.
Le soir balade sur le Zocalo. Il se passe toujours quelque chose sur cette place. Même si en ce moment ce sont les meetings politiques qui sont à l'honneur, il y a régulièrement des concerts ou des spectacles. Nous grignotons derrière la cathédrale où les marchants ambulants proposent toutes sortes de mets : maïs en grains, tacos, etc…Tous les soirs, les adeptes des danses aztèques s'y donnent rendez-vous entre 20 et 22h. Deux personnes battent le rythme sur des tambours tandis que les danseurs enchaînent des chorégraphies assez physiques. Une " prêtresse " fait un rituel avec de l'encens à chaque nouvel arrivant avant qu'il ne rejoigne le " cercle ". Certains jouent le jeu avec des grelots aux cheville ou un bandeau rouge autour de la tete, mais peu importe l'accoutrement, tout le monde peut se prêter au jeu. Face à l'uniformisation culturelle, ces initiatives quotidiennes visent à préserver ces cultures pour qu'elles demeurent vivantes. L'ambiance est très sympa, ça donne vraiment envie de bouger mais, à défaut d'entraînement, on risquerait de ressembler plutôt à des pingouins !