Playa del Carmen

Jeudi 9 Mars : L'Urban Hostel

On passe une bonne partie de la journée dans le car pour rejoindre Playa del Carmen.
Pas facile de trouver une guest qui nous convienne dans cette place pourtant touristique. Les deux premières proposaient des dortoirs géants non mixtes. Christophe s'est fait prier sans manière de sortir de la chambre des femmes et de toquer à la porte s'il désirait me parler. Non mais, qu'est ce que c'est que ces manières alors !!!
Nous atterrissons finalement à l´Urban hostel, petite guest en rénovation depuis le passage de l'ouragan Wilma qui a volatilise son toit. Pour décrire cet endroit atypique, nous citerons le Guide du Routard : " Il y règne un doux capharnaüm et on y fait des rencontres enfumées… ", et c'est un euphémisme ! En effet, il ne faut pas regarder de près le ménage, les toilettes font face aux tables de la salle a manger (bonjour l'intimité), la cuisine est crado, c'est le bordel le plus complet, il n'y a que deux casseroles et le dortoir est une enfilade de lit superposés en béton collés les uns aux autres (re-bonjour l'intimité). A part ça, c'est le rendez-vous des squatteurs, des jeunes un peu paumés (une allemande de 18 ans qui y a élu domicile depuis trois semaines a sa photo dans le journal du jour; ses parents sans nouvelles avaient donné l'alerte), et des fumeurs de joins (y'en a un qui se fait son trip techno transe tout seul devant son poste). Mais bon, l'ambiance " destroy " est conviviale et les deux jeunes gérants sont très sympathiques.
Quelques courses avant de se faire un petit apéro vin très apprécié et c'est parti pour la fiesta. On ne savait pas où étaient les 80% de touristes nord américains du Mexique, aye ! On les a trouvés, ils sont là, entre Playa et Cancun. Il en deborde de tous les bars. Première destination, le blue parrot sur la plage où règne une ambiance R&B special spring break. On est cependant loin des minettes des clips R&B mis à part la vulgarité. Ici il sont tous blancs avec surcharge pondérale, et ils dansent comme des étudiants de math sup a Louis Le grand. Enfin bon, il ne faut pas cracher dans la soupe. Playa del Carmen (et Cancun à un niveau supérieur) est l'endroit idéal quand on a entre 18 et 25 ans, célibataire, et qu'on veut comme Popeye " accumuler les kilos "… On enchaîne avec le Mambo, déjà un peu plus couleur locale avec son groupe latino, qui a malheureusement fait place a de la variété. Enfin, la soirée se termine à la Santanera, une after electro. Le jour se lève, il est temps d'aller se coucher…

Vendredi 10 Mars : Tranquilo

Lever tardif, pas la patate pour faire autre chose que la plage. Jogging décrassage en fin de journée à l’initiative de Christophe (cela va sans dire). A la guest, on fait un peu plus connaissance avec la clientèle du lieu : Derick, un instructeur de plongée belge fumeur de hachisch, une barcelonaise proche de la quarantaine et junkie, un français la cinquantaine sans doute ex-baba cool si l’on se réfère à sa longue chevelure grise et a l’intervalle de temps entre deux pétards, et une mexicaine somme toute « normale »....

La Plage

Samedi 11 Mars : Les cenotes

La sortie en mer prévue est annulée en raison de la houle. Avec Audrey et Nicolas, jeune couple chti-parisien, on se reporte sur les cenotes ou « dzonot » (puit sacre) comme l’appelaient les mayas. Nous en avions déjà touché un petit mot à  Valladolid et Chitzen Itza. Voici la grande histoire de ces grottes immergées uniques au Monde : il était une fois, il y a 65 millions d’années, une météorite qui régla son compte aux dinosaures et qui fit émerger la péninsule du Yucatan tout en créant dans ses sols calcaire le plus vaste réseau de rivières souterraines au monde. On trouve donc dans ces rivières de l’eau douce en surface et de l’eau de mer en dessous (la densité est plus importante). Plus on s’éloigne de la cote plus cette ligne de démarcation est profonde. Pour en revenir aux cénotes, ces trous sur l « inframundo» se sont crées avec le poids de la végétation en surface, quand l’eau se retirait. CQFD ! L’attrait pour les plongeurs pour ces grottes réside dans les jeux de lumière et les paysages sous marins.
Le seul petit hic, c’est qu’il faut explorer la caverne dans une semi obscurité muni de lampes, et surtout…on a un toit au dessus de la tête. En cas de panique, on ne peut pas remonter, il faut d’abord sortir du tunnel. Le cavern diving impose néanmoins des règles strictes : il faut toujours apercevoir la lumière du jour, rester a dix mètres maxi de la surface a la verticale et a 30 mètres de la sortie d’un tunnel.
Cela ne suffit pas à rassurer Sophie qui, après le troisième essai, déclare forfait. De son côté, Christophe ressort enchante de sa plongée : les rayons lumineux, s’engouffrant  entre des stalagmites et dans des grottes, créent une palette de bleus, de verts et blancs fabuleuse. Des traces d’anciens foyers montrent que les mayas venaient jadis y brûler leurs morts quand l’eau n’immergeait pas la caverne. Les cenotes étant les seuls points d’eau douce, ils ne pratiquaient pas de sacrifices pour ne pas la souiller (excepte a Chitzen Itza pour son caractère sacre).
Le soir, nous retrouvons Audrey et Nicolas pour boire un verre. Ils n’ont que deux semaines pour profiter des merveilles du Yucatan et 12 heures de travail par jour les attendent à leur retour. Nous prenons conscience de notre chance et les motivons à franchir le grand pas…

Dimanche 12 Mars : France 31 Angleterre 06

La mer toujours agitée à Playa nous oblige à prendre le ferry pour rejoindre l'île de Cozumel. En longeant l'île sur le bateau du club de plongée local, on constate les dégâts causes par l'ouragan Wilma en 2005: bateaux en réparation, habitations écroulées et surtout, les arbres sont complètement détruits, plus une feuille ne subsiste. Evoluant a une vitesse de deux Km/heure avec des vents de 400 km/h (soit deux fois plus forts que ceux de notre tempête de 1999), pas étonnant que ça « décoiffe ». Sous l'eau, la visibilité est excellente. On constate que les coraux sous-marins, eux aussi, n'ont pas été épargnés malgré quelques beaux restes. Nous découvrons les mêmes poissons vus aux Maldives en bien plus gros, ils sont énormes ces poissons-anges, et ne parlons pas des mérous! Sur le chemin du retour, nous avons une extraordinaire visite : des dauphins qui nous devancent a l'avant du bateau.

Lundi 13 Mars : Rupture

Nous ne l'avions pas écrit dans le carnet mais nous avons vécu une rupture de deux semaines à notre arrivée au Mexique. D'un commun accord, nous avions décidé de continuer la route ensemble puis les choses se sont arrangées. La proximité n'a jamais facilité les ruptures. Malheureusement, cela fait déjà plusieurs jours que l'entente entre nous n'est plus au beau fixe. Trop de pression, de désaccords, de manque d'oxygène, bref, nous avons pris la décision de nous séparer et, cette fois, de prendre des chemins en solo. Comme l'a si bien dit Nicolas Bouvier, « On croit qu'on va faire un voyage, mais bientôt c'est le voyage qui vous fait ou vous défait. » Pour la suite du carnet, nous présenterons donc nos parcours respectifs l'un à la suite de l'autre. Pour des raisons personnelles, comme vous pouvez l'imaginer, nous ne ferons pas étalage de nos états d'âme respectifs.