19 Juillet
Je me réjouis d'avance car nous partons pour la Vallée des Vautours (Yoliin Am) dans le parc national de Gurvansaikhan. Je ne sais si ce nom correspond à la réalité mais j'ai déjà vu tellement de rapaces au cours de ces derniers jours que cela doit être vrai.
A cause de notre arrivée tardive, le programme a été modifié et nous visitons la vallée le matin au lieu de l'après-midi. A quelque chose malheur est bon car nous arrivons juste au moment où les ascendances commencent à se former et je vois en même temps deux GYPAÈTES BARBUS adultes, un immature, un AIGLE IMPÉRIAL, un FAUCON KOBEZ, des VAUTOURS FAUVES, un VAUTOUR MOINE et un peu plus tard un AIGLE ROYAL. Même les non ornithologues lèvent les yeux au ciel.
Quel endroit magnifique! La vallée devient de plus en plus étroite pour se terminer par un canyon verrouillé par un névé sous lequel les plus souples se faufilent, le derrière dans l'eau, la tête cognant le plafond. Il y a des PIKAS DE L'ALTAÏ et des marmottes partout. Les rapaces ne doivent pas mourir de faim dans cet endroit. Outre ces oiseaux, je vois aussi des ALOUETTE HAUSSECOLS, un ACCENTEUR BRUN, des LINOTTES Á BEC JAUNE et des NIVEROLLES ALPINES sans compter d'autres oiseaux que je trouve à présent plus communs comme le MARTINET DE SIBÉRIE.
C'est à regret que je quitte cet endroit mais le désert n'a pas fini de nous étonner. Aux montagnes rocheuses succède à présent une vaste plaine tout aussi aride. Elle a l'air vide mais nous y observons pourtant quelques GAZELLES Á QUEUE BLANCHE détaler à toute allure. Nous croyons voir des lacs à plusieurs reprises mais ce ne sont que des mirages dus à la chaleur. Nous mangeons au milieu de nulle part et seules les montagnes de l'Altaï se détachent sur l'horizon plus plat que le pays de Jacques Brel.
Nous nous rendons ensuite vers les dunes de sable de Moltsog Els. Elles seront quelque peu décevantes pour ceux d'entre nous qui s'attendaient à voir un morceau de Sahara. Les plus belles dunes du Gobi se trouvent trop loin au nord pour que nous puissions nous y rendre.
Il y a quand même quelques chameaux pour touristes et des AGAMES mais nous ne nous attardons pas. Il faut encore aller voir la forêt de saxaouls, ces arbres qui vont puiser l'eau nécessaire à leur vie à l'aide de leurs racines de 20 m de long. Je cherche en vain le MOINEAU DES SAXAOULS mais je trouve quand même une belle PIE-GRIÈCHE BRUNE, ce qui me surprend un peu car elle ne figurait pas sur les cartes de mon guide ornithologique. Les chauffeurs sentent l'écurie car ils roulent à faire décoller leurs UAZ et je dois intervenir pour mettre fin à la course qu'ils se livrent. Notre kamikaze s'exécute, de fort mauvaise grâce et daigne ralentir de 2 km par heure pendant au moins 5 minutes. Les narines shootées à l'essence, les oreilles bourdonnantes de bruits de moteurs et les articulations arthrosées, nous nous extirpons de ces machines surprenantes dans le secret espoir qu'on ne nous servira pas de riz au mouton. Le soir, avant d'aller prendre ma douche, je vois encore un vol de 7 ou 8 FAUCONS KOBEZ chassant des insectes. Un petit coup d'oeil à la merveilleuse voie lactée et je vais me coucher sous la yourte qui sent un peu moins le mouton car le feutre a séché. Demain, il faudra se lever tôt.