Vendredi 10 juin : L'Anneau d'Or
Avec Charles et Gabriel, deux étudiants français, et Larissa, une amie russe, nous avons décidé de découvrir pendant deux jours « l’Anneau d’Or ». L’Anneau d’Or désigne une douzaine de villes médiévales dans les environs de Moscou. Leur importance historique et culturelle en fait une étape obligée pour les touristes russes et étrangers !
Partant de la gare de Kourskaya à Moscou, nous prenons la direction de Souzdal, ville située à environ 200 kilomètres de Moscou. Nous montons dans un premier bus qui, après plusieurs heures, nous dépose à Vladimir. De là, il reste 35 kilomètres pour rejoindre Souzdal.Nous empruntons un minibus surchargé aux amortisseurs peu efficaces. Debout agrippés aux barres, nous sommes secoués pendant plus d'une heure. Arrivés à la gare routière de Souzdal, une navette nous permet de gagner le centre-ville.
Souzdal est l'une des rares villes de Russie à avoir conservé des monuments des siècles derniers et tout particulièrement du Moyen Age.
De nombreuses églises toutes plus belles les unes que les autres sont dispersées dans un paysage bucolique.
Auteurs : Mathilde Wagner et Sébastien Risse
Le long du Kremlin, une rivière sinueuse contribue à renforcer la beauté de l'endroit. Nous nous laissons envoûter une grande partie de l'après-midi par la magie des lieux.
Cette ville classée au Patrimoine de l'Unesco possède également des monastères et des maisons en bois peint.
En nous introduisant dans une cour, nous apercevons une vieille dame vêtue de noir en train de jardiner avec les moyens du bord : ses mains.
Une centaine de mètres plus loin, une autre dame s'occupe de sa vache et de sa chèvre. Perturbée par plusieurs flashs de mon appareil photo, elle se tourne vers moi et m'ordonne d'arrêter. La prochaine fois, je serai plus discrète.
Le soir, guidés par une musique entraînante, nous pénétrons dans une petite maison de bois. A l'intérieur, nous découvrons un orchestre folklorique russe jouant des musiques traditionnelles pour
un groupe de touristes français. Leur guide russe vient à notre rencontre. Elle est étonnée que nous visitions la Russie seuls sans guide. Elle nous explique que les touristes français qu'elle accompagne ne sont « pas faciles ».
Un peu plus loin est garée une belle voiture américaine noire arborant fièrement un insigne sur son pare-choc.
Au crépuscule, nous gagnons la colonie de vacances où nous avons prévu de passer la nuit. A notre arrivée, la maîtresse des lieux nous apprend qu'elle n'a pas le droit d'accueillir d'étrangers. Nous lui faisons part de notre étonnement : un mois plus tôt, des amis français ont logé à cette adresse ! « C'était il y a un mois », rétorque la vieille dame. Désormais, ce n'est plus possible car le règlement a changé !
Espérant éveiller leur compassion, Larissa explique que nous n'avons pas de toit pour la nuit. Après unelongue argumentation (la patience est souvent la clé de la réussite en Russie), la maîtresse de maison essaye de trouver une solution. Au bout de quelques minutes, elle nous annonce qu'une de ses amies accepte de nous héberger. Nous devons l'attendre.
En même temps, une jeune fille hébergée dans la colonie ayant entendu que nous cherchons un endroit où dormir nous remet sur un bout de papier l'adresse d'un couple susceptible de nous accueillir pour la nuit. Pour mettre toutes les chances de notre côté, Larissa et Charles vont visiter leur appartement
Pendant ce temps, Gabriel, Sébastien et moi attendons assis confortablement sur un canapé. Un jeune homme en veste de cuir s'assoit à nos côtés et nous jette des regards en coin. D'un seul coup, il se lève et commence à nous filmer (Sébastien et moi) tout en nous posant différentes questions sur notre nationalité, notre âge, nos études
Le film terminé, je lui demande si je peux le visualiser et me rends compte que, sur une grande partie, il a éclipsé Sébastien et a fait un gros plan sur moi ! J'en rigole et lui aussi.
A ce moment-là, la vieille dame qui s'est proposée de nous loger, entre dans la pièce. Nous devons absolument faire en sorte qu'elle patiente jusqu'au retour de Larissa et Charles Inutile d'inventer une excuse, le professeur de dessin d'un groupe de jeunes artistes venant du nord de la Russie (dont le caméraman) s'en charge. En effet, la jeune femme souhaite dresser mon portrait et a besoin pour cela d'un peu de temps. La vieille dame accepte d'attendre. Relevant la tête vers un coin de la porte, je pose pour le portrait.
Une jeune fille vêtue d'un tee-shirt jaune et d'une mini-jupe en jeans s'approche de moi et me complimente sur mon physique. Je sens que je rougis
Un quart d'heure plus tard, la dessinatrice me montre mon portrait fini. Je ressemble à une gitane avec mes cheveux tombant sur mes épaules et mon visage très allongé ! Pendant la réalisation de mon portrait, Sébastien et Gabriel que les filles du groupe de dessin ont remarqués se font photographier à leurs côtés. Ils sont heureux car les demoiselles sont sympathiques et mignonnes !
Larissa et Charles de retour à la colonie, nous prenons une dernière photo avec le groupe de dessin.
Après cet interlude agréable, nous suivons la petite babouchka jusqu'à son appartement situé à une centaine de mètres de la colonie. Pour y accéder, nous devons passer sous un porche fort sombre, entrer par une porte à l'arrière et monter quelques marches. Nous retirons chaussures et vestes sur le palier. Sous son grand manteau, la vieille dame est habillée simplement d'une jupe foncée, d'une chemise blanche et d'un gilet gris sans manches.
Une fois prêts, la babouchka nous montre les deux chambres qu'elle met à notre disposition. Dans la plus grande, des tapis aux teintes sombres recouvrent presque entièrement le sol et les murs. Aux endroits où le papier peint est apparent sont accrochés miroirs et tableaux. De nombreux meubles de style ancien donnent également du cachet à la pièce.
L'autre chambre, que Sébastien et moi occupons, est minuscule. Les deux lits occupent presque la totalité de la pièce. Le mur du fond arbore une tapisserie fleurie alors que les murs latéraux sont recouverts de grands tapis.
Enfin, la Babouchka nous indique la salle de bain. A l'intérieur, deux portes en bois permettent d'enfermer la baignoire, les toilettes ainsi que la machine à laver.
La vieille dame accepte de nous héberger pour 4,50 E par personne, ce qui permettra de consolider sa maigre pension de retraite s'élevant à environ 100 E par mois (les retraites sont très basses en Russie). A l'instar d'une mère, elle nous fait ensuite ses recommandations avant que nous ne sortions : elle interdit aux garçons de revenir accompagnés de filles et elle nous déconseille à tous de boire car elle déteste les alcooliques !
Malgré ses conseils, nous commandons pendant la soirée une bouteille de vodka « Standard », l'une desmeilleures de Russie. Nous la buvons dehors alors qu'à côté de nous des Russes ivres se battentviolemment. Nous repensons aux propos de la babouchka. Sébastien et moi rentrons à deux heures du matin. Larissa est déjà endormie et n'entend pas le cui-cui de la sonnette. Nous sommes obligés de frapper avec insistance à la porte. Finalement, la vieille dame nous ouvre avec son plus beau sourire.
Auteurs : Mathilde Wagner et Sébastien Risse