Demain vendredi 27 février, retour en France. Hâte de faire partager à la famille mon voyage. Mission indéniablement trop courte pour aller à la rencontre des impressionnants fjords norvégiens, situés à peine à 150 km à l'ouest de Kiruna… Faire, dès ce soir, les bagages car le lendemain matin sera consacré à une rencontre avec un sâme, éleveur de rennes. Pas de dîner, pas faim après le repas copieux préparé par Johanna, faire un dernier petit tour à pied en ville et aller dormir…
A partir de la tombée de la nuit, les boutiques ferment, les rues se vident, les lanternes de chaque fenêtre s'allument. Je me balade dans la ville de Kiruna presque seule et vais rendre visite aux restes des sculptures de glace créées pour les festivités de janvier. Quelques photos… J'ai des frissons quand je découvre dans la vitrine éclairée d'une boutique l'exposition d'un bikini en laine sur un mannequin dénudé ! Je passe ensuite régler mon séjour à la réception du camping et rentre au bungalow.
Dernier petit-déjeuner au Ripan ; la lumière du soleil levant est toujours aussi rouge. Je dois me rendre tout d'abord à la base de mon entreprise pour dire au revoir. Le compagnon de l'assistante a péché un énorme brochet dans un lac. Elle me propose de le ramener en France car ici, l'animal n'est pas un plat très apprécié. Impossible… je suis déjà trop chargée… Mes bois de renne seront d'ailleurs expédiés ultérieurement en France. Petit café d'adieu et je repars vers mon lieu de rendez-vous avec Maria, situé sur le trajet pour me rendre à l'aéroport.
L'éleveur est volontairement habillé de son costume sâme : chapeau en peau bordé d'une épaisse fourrure de renard blanc, cape en loden gris clair brodé d'un galon rouge, pantalon, bottes et gants en peau, couteaux sâmes à la ceinture. Maria me sert d'interprète pour recevoir les explications de l'éleveur. Anticipant l'organisation de mon exposition, je lui demande s'il serait possible que des vêtements sâmes me soient prêtés. Je sens une réponse mitigée et comprends que ce sera difficile du fait que les habits sâmes sont très personnels et fabriqués sur mesure pour chacun. En effet, je n'ai pas une seule fois, vu en me promenant en ville, ce type de vêtements dans les magasins.
Nous assistons au repas des rennes qui viennent, sans complexe, chercher et mastiquer leur lichen jeté sur la neige, voire directement dans nos mains. La scène est très attachante. Nous restons à discuter et à piétiner sur le terrain enneigé une bonne demi-heure ; bien que le soleil soit à nouveau de la partie, mes pieds se glacent une dernière fois. Puis, notre hôte nous fait visiter son tipi se trouvant à proximité. Il reste au centre de celui-ci un tas de bois calciné, trace de l'emplacement du feu. L'éleveur me dit que la coutume interdit d'enjamber cet endroit.
La matinée passe ainsi très vite. Il est 11h30 et grand temps que je rejoigne l'aéroport afin de faire enregistrer mes bagages. Au volant de ma voiture de location, je jette un dernier regard sur la toundra. Maria me suit avec sa voiture. Les liens que j'ai tissés avec elle en si peu de jours sont devenus très forts ; nous resterons en contact.
Garer la voiture, rebrancher le câble pour mon successeur, sortir les bagages, les faire crisser sur la glace, rendre les clés, enregistrer les bagages dont je n'aurai pas à m'occuper, cette fois, à Stockholm. La salle d'embarquement est noire de monde. Maria m'offre des CD de musique sâme et je dois lui faire mes adieux sans aucune intimité : je le regrette sincèrement !
Je passe un coup de fil chez moi, en France. Ils sont en train de déjeuner, il paraît qu'il fait froid, 0°C et gris. Pour ma part, j'attendrai le repas servi dans l'avion entre Stockholm et Paris.