Hej Dâ – phonétiquement "Hé do"
A travers les baies vitrées de la salle d'embarquement, j'observe mon avion sur la piste. Est-ce la réverbération du soleil intense sur la neige et la carlingue qui fait naître des larmes au bord de mes yeux ? Je ne le pense pas.
Je m'envole vers la France avec quantité de souvenirs et quelque cinq cents photos… Une multitude d'images se bousculent dans ma tête. Je suis fatiguée mais encore sous le charme de la Laponie suédoise. J'aimerais revenir à Kiruna. En été, pour son soleil de minuit et le bleu intense de ses lacs ; à l'automne, pour les couleurs chaudes et contrastées des feuilles caduques. Il paraît aussi que les décorations de Noël y sont merveilleuses : rien d'étonnant quand on se trouve si proche du pays du Père Noël ! Seuls inconvénients : une nuit perpétuelle et un froid pouvant descendre au-deçà des moins 40°C, en décembre.
Afin que mon retour se fasse un peu plus en douceur, il neigera sur Paris le lendemain, 28 février 2004. Je travaillerai pendant des mois, jusqu'en automne, sur un CD de présentation de Kiruna et sur une exposition qui se déroulera en octobre. Je remuerai ciel et terre pour obtenir ce qu'il m'était impossible de ramener : des photos en haute définition de lancements de fusée et ballons sonde ainsi que d'aurores boréales. Je ne pourrai jamais me faire prêter un costume folklorique et finirai par louer sur Paris une tenue lapone en peau.
Mes vacances de printemps et d'été seront bercées par de la musique sâme. Ma cuisine sera souvent agrémentée de confiture d'airelles. Je ferai rêver mon entourage et vanterai Kiruna. J'aurai régulièrement des nouvelles de Maria. Il paraît que l'été au cercle polaire aura été pourri. Je ne raterai pas un seul reportage télévisé sur la Laponie : expédition éducative de jeunes délinquants en Finlande ou transport de rennes par bateau en Norvège… Bref, je demeurerai dans l'ambiance bleutée de cette fin février 2004.