Il est près de minuit quand nous sortons du restaurant. La température est de moins 25°C ; le volant de la voiture est gelé. La nuit est claire et le ciel étoilé. Mon prochain rendez-vous avec Maria est fixé au lendemain après-midi pour une balade en chiens de traîneau.
Je consacre ma matinée à l'achat de quelques objets à la boutique de l'hôtel de glace. Le temps est magnifique, le soleil resplendissant. Neige et glace aveuglent mes yeux de leur blancheur alors qu'il y a quelques heures, elles me les apaisaient de leurs reflets bleutés.
Je décide de déjeuner dans le même restaurant que la veille. Et là, surprise ! Le repas s'organise, comme ailleurs, autour d'un buffet très copieux et de prix raisonnable. Le plat de saumon que je choisis, accompagné de pommes de terre, est délicieux. Seule ombre à ce moment : je me sens un peu seule parmi tous ces inconnus qui, pour la plupart, déjeunent en groupe.
14h, je me rends sur mon lieu de rendez-vous. Maria m'attend sur une aire en pleine toundra. Le froid est piquant. Elle me guide sur un chemin forestier jusqu'à un charmant chalet situé en bordure d'un lac gelé : encore un autre ! L'endroit est plein de silence car, isolé… Nous sommes accueillies par Johanna et son fils près de leur scooter des neiges. Son bruit strident couvre l'aboiement de leur chien de garde et l'odeur du carburant qui s'en échappe répand malheureusement toute sa pollution dans l'air pur. Nous avons la possibilité de choisir entre le traîneau à chien ou le scooter ; j'opte sans hésitation pour la première solution !
Johanna, experte, juge que je ne suis pas assez couverte et me propose d'enfiler une de ses combinaisons grand froid dans son appentis secret ! Il s'agit d'un tout petit chalet dans lequel est chaleureusement aménagée une chambre à coucher supplémentaire. Johanna me conseille de passer mon anorak par-dessus la combinaison et surtout de bien protéger cou, nuque et oreilles.
Puis, nous rejoignons le chenil où une vingtaine de chiens, plus magnifiques les uns que les autres, attendent d'exercer leur vocation, en jappant. Johanna sélectionne un à un et avec beaucoup de professionnalisme les membres de son équipage. Au fur et à mesure, son fils les attelle au traîneau. Les laissés pour compte manifestent leur mécontentement. L'attelage est enfin constitué de huit chiens, les deux de tête sont mis en deuxième position. Johanna me demande de m'asseoir à l'avant du traîneau recouvert d'une peau de renne, tout en laissant une place à son fils qui sera là pour me caler dans les courbes de terrain. Maria qui restera au chalet prend la photo. Johanna se place, bien entendu debout, derrière le traîneau et pousse son cri de départ. En route, il est 15h…
Une heure de rêve passant des forêts de sapins aux grandes étendues de toundra sous le soleil déclinant puis, sur le point de se coucher. Un silence magique uniquement interrompu par le bruit des trente-deux pattes sur la glace, le glissement du traîneau et de temps à autre, le rappel à l'ordre de la maîtresse qui gère la vitesse assez rapide de son attelage : indescriptible moment de bonheur faisant tout oublier, y compris le froid !
A notre retour, Johanna nous offre un repas complet, chez elle : onctueuse soupe aux crevettes, gaufres au sucre ou à la confiture, d'airelles entre autres, café, thé, etc… L'intérieur du chalet n'est pas très grand. Les meubles et objets de décoration sont nombreux et rustiques, ce qui donne une atmosphère feutrée et chaleureuse, à l'image de la convivialité de la maîtresse de maison. L'instant est favorable aux échanges et au partage. Johanna me raconte qu'elle ne peut pas vivre sans venir en aide aux personnes en détresse et esseulées dans la toundra, notamment les personnes âgées. Puis elle me présente quelques objets artisanaux sâmes à des prix très concurrentiels. Je lui achète ainsi deux couteaux avec leurs étuis en cuir. Nous regardons quelques photos des alentours du lac à l'automne, aux couleurs flamboyantes. Et c'est avec un petit pincement au cœur que nous quittons Johanna et son fils vers 18h30. Il fait nuit noire depuis deux heures.