20h45 : à nouveau décollage avant d'atterrir dans une heure à Kiruna. Pour quelqu'un qui n'a pas pris l'avion depuis longtemps, trois vols successifs, c'est beaucoup ! Pour quelqu'une qui se sent seule, cette rencontre avec Maria est inespérée. Cette dernière me propose de m'accompagner jusqu'à mon lieu d'hébergement, le "Ripan", avant de rejoindre sa maison familiale.
Maria vient de passer deux années à Paris comme jeune fille au pair, ce qui explique sa maîtrise de la langue française. A vingt-deux ans, elle travaille à Stockholm et s'y est installée. Son agréable physique résulte du mélange entre sa mère sâme et son père, suédois.
21h45 : arrivée à Kiruna, enfin. Je ne détache plus mon regard du hublot. La ville, vue du ciel, est étendue et lumineuse. Puis l'avion se pose sur une piste blanche et la marche vers l'aérogare est périlleuse : une patinoire ! Les chaussures de randonnée sont, cette fois, les bienvenues. Il fait moins 15°C, ce n'est pas si terrible !
- Il y a eu un redoux ces derniers jours, accompagné de températures positives ; le soleil a fait fondre la neige.
- Mais ce n'est pas du tout ce que j'avais relevé sur internet !
- Le temps change très vite, ici. Alors qu'il neige en ville par exemple, il peut faire grand soleil à 10km d'ici.
La salle est petite. Beaucoup de voyageurs attendent leurs bagages. Nous récupérons les nôtres et nous dirigeons vers le guichet des véhicules de location. Alors que je m'inquiète de ne pas savoir conduire sur le verglas, Maria prévient ses parents de ne pas se déplacer jusqu'à l'aéroport. Les roulettes des valises crissent sur la glace pour rejoindre le parking. Je suis absorbée par ma vigilance pour marcher. Soudain, Maria me signale une aurore boréale. Splendide panache mouvant, de couleur jaune pâle, partant de l'horizon et s'élargissant au-dessus de nous.
Je me rappelle avoir lu que le phénomène résulte de la rencontre des particules du vent solaire et de l'atmosphère terrestre. Absolument magique ! J'en oublie mon angoisse de conduire.
Maria prend soin de débrancher un câble relié au bouclier de la voiture par une borne. Elle m'explique qu'il s'agit d'un système permettant de chauffer le moteur à l'arrêt. Dans la pénombre, l'installation est presque invisible. J'imagine les dégâts que j'aurais pu causer par méconnaissance, en étant seule !
En fait, les pneus cloutés facilitent beaucoup les manouvres pour quitter le parking. Quant à la route, elle est complètement dégagée : me voici rassurée.
L'aurore polaire nous suit. Je me laisse guider par Maria et serais bien incapable de retrouver seule mon chemin. L'entrée en ville est illuminée comme en plein jour, ceci pour pallier, peut-être, la nuit continuelle d'hiver. La neige est présente sur les bas-côtés mais sans grande épaisseur. Très peu de circulation : la ville est presque déserte, à cette heure. En revanche, chaque fenêtre est éclairée d'une petite lumière qui permet de deviner des intérieurs chaleureux. De même, chaque tombe enneigée du cimetière que nous laissons sur la droite, possède sa petite lanterne : étrange et gai, à la fois. La chaufferette située aux pieds de Maria répand une agréable chaleur dans la voiture. Le camping du "Ripan" se trouve au sein d'un dédale de rues verglacées sur la droite, au pied de grands immeubles dont chaque fenêtre aussi, est éclairée. Le site se présente en une succession de bungalows rouges situés de part et d'autre d'une route assez pentue.