La réception du "Ripan" se situe dans le prolongement du bar et du restaurant où je prendrais, chaque matin, mon petit-déjeuner. Tout l'intérieur est en bois. Un gros oiseau empaillé blanc trône à l'autre bout du bar : il s'agit de Kiruna ou perdrix du Grand Nord, toute blanche l'hiver et brune, l'été.
Il se fait tard, presque 23h, les lieux sont presque déserts. Maria s'adresse à la réceptionniste en suédois, ce qui gagne du temps. La clé du numéro 36 m'est remise. Puis, Maria me quitte pour se rendre chez elle à pied, à quelques centaines de mètres du camping. Je reprends la voiture et me gare devant le numéro 36.
Le trottoir et l'escalier sont verglacés. Sur le palier se trouve un balai pour déneiger. A droite de l'entrée, la salle de bains et WC ; en face, la salle principale et sa kitchenette ; sur la gauche, deux chambres avec lits superposés. Pas de volets aux baies vitrées ; celles de la salle donnent sur un immeuble séparé du lotissement par des berges enneigées. Je tire les double rideaux. Tous les meubles sont en sapin. Sur la commode, il y a une télévision. Il fait chaud à l'intérieur, trop peut-être, ce qui toutefois me réconforte. Je ressors sur le palier et passe un coup de fil à ma famille afin de confirmer mon arrivée au cercle polaire. Il fait froid.
Je monte difficilement ma valise dans le bungalow et m'installe succinctement. Je fais mon lit à l'aide des draps et taies propres qui m'attendent. S'agissant de lits superposés, je n'arrête pas de me cogner dans leur bois ! Le logement comporte le strict nécessaire : pas de luxe ! Enfin. je prends une douche ; l'eau est chaude, c'est l'essentiel !
Je mets mon réveil de voyage en fonctionnement et règle la sonnerie à 6h ; il est déjà minuit. J'ai rendez-vous à la réception du camping avec le responsable du site de ma société, à 7h30 le lendemain.
Je dors très mal : trop fatiguée, peut-être ? trop énervée ? changement d'habitudes ? et le tic-tac de ce réveil qui ne rate pas une seconde ! Pourtant, je me réveille en sursaut alors qu'il fait déjà jour ! Je jette un coup d'oil à mon réveil : 0h10 ; ce n'est pas possible. Je me lève d'un bond et saisis ma montre que j'ai posée sur la commode : 6h45. Ce n'est pas vrai, le réveil n'a pas sonné et je suis déjà en retard ! Pas le temps de prendre une douche pour me mettre de bonne humeur, une toilette de chat suffira ! J'ai horreur de commencer une journée de la sorte. T-shirt "Damart", caleçon, laine polaire, pantalon de ski, grosses chaussettes et grosses chaussures, anorak, gants et bonnet, sac à dos : mon Dieu, quel harnachement ! A 7h, je dégivre les vitres de la voiture, mets le chauffage à fond et me rends à la salle de restaurant. Les pneus crissent. Il y a beaucoup de monde dans la salle. Je dépose anorak et sac à dos, rejoins le buffet très copieux et prends un plateau. Je choisis café au lait, pain suédois et fine tranche de fromage, crêpes garnies de confiture d'airelles, yaourt à la louche que je recouvre de fraises des bois. Il paraît que compte tenu du froid, il vaut mieux absorber des calories. Pour ceux qui le souhaitent, il y a même plats de charcuterie et oufs ; mais ça, je ne peux pas l'avaler de bon matin !
Je prends place près d'une fenêtre et assiste ainsi au lever du soleil. Je n'ai jamais vu de telles couleurs. La neige, bleutée par l'absence de lumière de l'aube, s'habille progressivement de rouge et de rose sous les premiers rayons du soleil. J'en oublie de prendre mon petit-déjeuner. Il est 7h20 et il est temps d'accélérer le mouvement !
A 7h30 tapantes, Xavier stationne devant le bâtiment. Je le reconnais bien pour l'avoir déjà rencontré une ou deux fois, auparavant. Je prends soin de m'équiper à nouveau avant de sortir mais n'enfile que mes gants de soie pour pouvoir saisir plus facilement ma cigarette du matin - tous les lieux communs sont non fumeurs - Je remarque des motoneiges, garés à l'entrée ainsi qu'une sorte de luge.