Direction Dar Es-Salaam
C'est par le Scandinavia Express Bus de 09h00 que nous quittons les montagnes de Moshi. Nous sommes dans ce bus sur-équipé (climatisation, télévision, service coca/biscuits) comme au premier rang d une salle de cinéma, avec villages ancestraux et plateaux africains défilant devant nos yeux.
A la pause déjeuner, nous sommes surpris de retrouver les trois américains que nous avions rencontrés lors du trajet Nairobi-Arusha. Lors d'un dépassement de bus, nos regards croiseront aussi l'allemand du Kili.
Après 08h00 de bus, nous atteignons Dar es Salaam. Etonnamment, Dar es Salaam, capitale du business, ne l'est plus pour autant au niveau administrative, comme l'avait proclamé l'autorité coloniale allemande en 1891. Elle a été supplantée au final par Dodoma en 1974.
Du fait du peu de temps passé, nous ne pouvons nous faire une idée que de l'hôtel Intercontinental que nous jugeons cher compte tenu de son bas standing et de son accueil ! Nous vidons enfin nos cartes mémoires dans un cybercafé du coin, une fois de plus tenu par un indien.
Au petit matin, nous utilisons pour la première fois le bateau comme moyen de transport et naviguons trois heures sur l'océan indien pour rejoindre Zanzibar. C'est encore l'occasion d'échanger, cette fois-ci avec trois jeunes sud-africains en séminaire dont un prêtre, ainsi que deux jeunes missionnaires, Heidi, anglaise, et Alex, allemande et professeurs d'anglais au Rwanda.
Stone Town
Emballés par la 'petite Venise' qui se présente a nous, Yann s'empresse d'aller prendre les premiers clichés destines au site Web !
A notre arrivée, nous dégotons un hôtel bon marché et charmant. Nous partageons pour la nuit notre chambre avec les deux filles du Rwanda. Et la nuit tombant, nous arpentons tous les quatre, les ruelles en direction du port, à la recherche du marché nocturne. Au premier abord, la ville de Stone Town nous parait être un labyrinthe ou seuls les scooters et vélos peuvent pénétrer dans ses rues étroites.
Le marché est composé d une allée principale ou se succèdent étalages alimentaires et boissons. Locaux et touristes s'y retrouvent pour partager toutes les ressources de l île : langoustes, brochettes de barracudas, pieuvres, nann, boules locales de pommes de terre ou autres légumes.La boisson principale est le jus de canne a sucre, qui est pressé devant nous avec énergie. Dans cette ambiance orientale, les gens fourmillent, les langues se délient, et comme sur une place foraine, les odeurs se mélangent aux crépitements multiples des cuissons.
La première facette de Zanzibar s'ouvre à nous !
Sur le chemin du retour, nous prenons un thé dans une petite rue, dans ce qui nous semble être un local. Le lait dégoulinant de son contenant nous laisse penser que la chèvre est dans l'arrière pièce ! Nous laissons Alex et Heidi l'apprécier !
Nous couchons, impatients d'être au lendemain afin de découvrir la mystérieuse ville.
Zanzibar a été le point de départ de grands nombres d'explorateurs européens à la découverte de l'Afrique au milieu du 19ème siècle, dont le reconnu Docteur Livingstone. L île aux épices, l'île des clous de girofles, garde de son splendide passé arabo-africain, le souvenir de ses palais, des anciens marchés aux esclaves, de cette princesse voilée, des aventuriers fascinés par ses parfums, par l'ivoire, la cannelle, la citronnelle et la vanille. On ressent d emblée que l'Islam est la religion dominante de cette partie de la Tanzanie. La plupart des 650 000 habitants parlent la swahilien en tant que langue maternelle.
Au petit matin, nous découvrons Stone Town, dont la vieille ville arabe est classée par l'Unesco. Le palais du sultan Beit el Ajaib (ou maison des voeux) nous offre une vue panoramique sur les toits de la ville. Nous sommes surpris de la proximité des zones hôteliers et des quartiers pauvres ou tous cohabitent. Les musulmans donne le rythme du commerce ; les femmes restent par obligation discrètes, voilées, et refuseront ainsi de se faire photographier. Pourtant, dès la tombée de la nuit, revêtues d'habits longs, tissues près du corps, elles sortent ensemble, dans les rues noires pour un thé entre femmes. Les hommes, quant a eux, surveillent, contrôlent.Les enfants, en fin de journée, s'adonnent aux plongeons sur le port. Mais à nouveau, les filles sont invisibles dans ce jeu ! De nombreux enfants déambulent dans les rues, nous adressant à tout va des 'Jumbo' (bonjour). Petites épiceries, artisanats, cybercafés et coiffeurs ont le monopole des portes sur rues. Au bout de quelques heures, la ville nous a déjà adopté, et réciproquement !
Au cours d'une promenade à la découverte du bord de l'océan, un couple trop pale pour être local, semble nous faire des signes. Quelle n'est pas notre surprise : ce sont Michelle et Michel, les hollandais rencontrées sur le Lili ! Nous les retrouverons en fin de journée dans un bar pour assister ensemble au premier coucher de soleil à Zanzibar.
Apres un plat pris au marche du port, nous finissons la soirée à rédiger l' article du Kilimandjaro sur la terrasse de notre guesthouse.
C'est par un 'taxi-brousse' que nous partons rejoindre le nord de l'île après le petit-déjeuner. La traversée sera très chaotique : après avoir eu des difficultés à obtenir un laissez-passer pour le nord, voila que nous tombons en panne d'essence sur un axe fréquenté. Mal garé, le chauffeur donne des amorces de démarrage pour se rapprocher du bord de route. Ces dernières manoeuvres nous voudront un nouvel arrêt, huit kilomètres plus tard, celles-ci ayant encrassées la pompe à injection !! Il nous faudra trois heures pour réaliser les 40 kilomètres qui séparent Nungmi de Stone Town !
Nungwi
Nungwi est un petit village de pécheurs, coupé de toute route goudronnée, et ou s'installent progressivement des infrastructures touristiques. Tout d'abord, nous ne serons pas enchantés de l'endroit, du fait du coût du logement, de la quantité de coraux et d'oursins dans l'océan, de la saleté en bord de plage, et du temps nuageux.
Nous modifions bien rapidement notre jugement : plat copieux à 1.5 euro, oursins disparaissant en marée haute, et soleil redevenu constant. Le décor y est des plus charmant : plage de sable fin blanc, eau turquoise scintillante au soleil, petits bateaux de pêches parsemés à l'horizon. Des petits crabes blancs aux yeux noirs tenterons régulièrement des sorties aux abords de nos serviettes ! Les couchers de soleil sont chaque jour des plus beaux .
Le séjour sera fait, de conversations hybrides et éphémères avec des touristes souvent plus aisés que nous, de farniente sur la plage, de lectures et de footing matinaux les pieds dans l'eau. Nous nous reconnaîtrons toutefois dans un groupe de bretonnes rencontrées le matin même du départ : les françaises sont venues retrouver leur amie partie un an plus tôt en mission humanitaire au Burundi, rare personne européenne encore présente dans ce pays compte tenu de la situation politique.
Retour à Stone Town
De retour à Stone Town, nous revenons à notre guesthouse initiale. Nous nous empressons de rejoindre le marché de nuit afin de nous offrir le premier repas de la journée, très attendu, et à ce titre, nous dégustons notre première langouste .au prix modique de 4 euros ! Lors de notre promenade digestive dans les ruelles sombres, nous découvrons un cybercafé au prix imbattable de 0.7 euro l'heure ! Nous le squatterons jusqu'à plus de minuit .Estelle tapera deux fois l' article sur le Kilimandjaro suite à une suppression du premier par un virus tanzanien !!
Le lendemain, nous déambulons dans les rues de Stone Town afin d'apprécier une dernière fois le charme de cette ville. Nous passons une bonne partie de l'après midi sur une terrasse donnant sur l'océan indien : courriers, parties de cartes et dernières vues sur le coucher de soleil. Alors que nous sommes dans le labyrinthe de Stone Town, il nous semble reconnaître dans l effervescence, Fenulla et Rahim, notre première rencontre de ce tour du monde, un mois plus tôt à Nairobi ! Cela peut paraître surprenant, mais pour nous, ce genre de coïncidence est devenue chose courante !
Le soir, notre hôte, Hamis, souhaite partager le dernier repas en notre compagnie et nous finissons tous trois au marché du port, notre fief de la nuit ! Sur le chemin du retour, Hamis nous apprend que son frère est mort deux ans plus tôt à Dar Es Salaam suite à une bagarre de rue.
A la guesthouse, nous récupérons ensuite nos sacs, et Hamis offre à Estelle un collier en perles noires et blanches en guise de cadeau de départ. Yann feignant d'être jaloux, Hamis reviendra avec deux nouveaux présents pour chacun !
Hamis insiste à nouveau pour nous accompagner au port. Nous emprunterons cette fois-ci, un raccourci que seul Hamis connaîtra et qui nous permettra de découvrir une autre partie cachée de la ville, composée de rues sombres du quartier du port.
Sur le bateau qui nous ramène sur le continent de nuit, nous bénéficions comme à notre venue, d'une zone spacieuse ou sur le sol, sont étalés autant de matelas que de personnes présentes. A peine allongés, nous regrettons déjà Stone Town et son île.
Quel est donc ce mystère qui fait que Zanzibar nous ait envoûté ??
Nous avons tout le temps d'y réfléchir car un long voyage en train nous attend en direction du Malawi.