Dogubyazit - Palais d'Ishak Pala - Erzingan

Villages de la Turquie orientale

Sur ces hauts plateaux, (moyenne de 1800 m. d’altitude), les conditions de vie sont très sévères. La végétation est celle que l’on retrouve dans les zones d’alpage. Pas d’arbre ni même de buisson, sauf dans les endroits protégés du vent  (le canyon frontalier par exemple). Les températures y sont extrêmes (amplitude de 60 à 70° entre l’été et l’hiver). Pas de culture possible. Il ne reste que l’élevage pour les populations qui se sont sédentarisées en ces lieux. Les petits villages, comme celui qui se trouve à 100 mètres des murailles d’ANI, présentent une physionomie très particulière.
Maisons de forme cubique à toit plat, fréquemment recouvert de terre et d’herbes folles. Petites ouvertures. Toutes les maisons sont équipées de paraboles et reliées au réseau électrique. Par contre, l’eau courante n’est pas au programme. Le ravitaillement s’effectue à l’aide de mini barils en plastique d’une capacité d’une cinquantaine de litres, transportés jusqu’au point d’eau par une charrette tirée par un tracteur de l’époque stalinienne. Quant au chauffage, les briques de bouse de vaches, séchées pendant l’été dans la cour des maisons, en assureront l’essentiel.

Maison à toit platMaison à toit plat

Alors que nous stationnions à l'entrée du site, de nombreux enfants, qui auraient dû normalement se trouver à l'école, conduisaient des troupeaux de vaches vers les pâturages entourant le village. Ces contrées lointaines essentiellement peuplées de kurdes ne semblent pas bénéficier de l'attention des autorités turques. La route menant à DOGUBAYAZIT, va nous permettre d'admirer la majesté du Mont ARARAT qui, de ses 5 137 mètres, se repère de loin si on a la chance d'avoir un ciel dégagé. C'était notre cas. Mais pas trace de l'arche !

Mont Ararat

Palais d'ISHAK PASA

A quelques kilomètres de DOGUBAYAZIT, en direction de la frontière Iranienne, on atteint le palais au terme d'une sérieuse montée. Et nous voila d'un seul coup transporté dans la magie de l'orient des contes des mille et une nuits. Petite déception, le « haremlike », quartier résidentiel du palais, est en restauration et donc inaccessible aux visiteurs. Ici aussi, la documentation personnelle permet de mieux appréhender l'architecture des lieux. Nous passerons la nuit suivante au camping Murat, situé juste en-dessous des murailles du palais. Le terme « camping » n'a sûrement pas la même signification que chez nous, bien qu'il figure en grand sur le panneau situé à l'entrée. A nous seul, nous occupions presque tout l'espace disponible. Mais il n'y avait personne d'autre. Le grand parking situé en contre bas accueillait les clients du restaurant et les pique-niqueurs.

Camping MuratCamping Murat

Camping Murat

Un parcours sous surveillance

Toute la région située au sud de DOGUBAYAZIT se trouvant dans la zone « sensible », pour atteindre le NEMRUT DAGI, nous allons devoir la contourner. Retour donc sur ERZURUM en passant par AGRI, puis toujours vers l'ouest jusqu'à ERZINCAN. Sur ce trajet de presque 500 kilomètres, avec un bivouac en station, nous allons rencontrer une succession de tronçons en chantier (mise à 4 voies), et de nombreux contrôles militaires. Cette route longe de près les régions perturbées par le problème kurde. L'un de ces contrôles n'a quand même pas été banal. Alors que nous nous trouvons sur un tronçon en chantier, nous sommes dépassés par plusieurs véhicules militaires. Tout de suite la visibilité devient quasi nulle, du fait de la poussière soulevée. Quelques centaines de mètres plus loin, nous nous trouvons devant un barrage de soldats, les bras en croix sur la largeur de la route, l'un d'entre eux nous faisant signe de stopper. Tiens, un contrôle « volant » ! D'habitude, nous avons affaire à un poste de contrôle installé, avec véhicule blindé, soldats en position dans des espèces de casemate, fusil mitrailleur pointé. De toute façon, nos passeports sont à portée de mains. Un officier s'approche du camion, nous salue, et s'adresse à nous en français ! Il s'excuse du dérangement, nous explique qu'il faisait partie des forces de l'O.N.U en Afghanistan, qu'il a servi sous les ordres d'un officier supérieur français, et qu'il sollicite de notre part l'autorisation de faire visiter notre véhicule à sa femme qui est avec lui dans le convoi militaire. Bof ! Ce ne sera jamais qu'une visite de plus ! Pendant que madame visite, j'en profite pour demander si la région que nous sommes en train de contourner présente un risque effectif pour les touristes. La réponse est claire : personne ne nous empêchera d'y passer, mais les problèmes que nous sommes susceptibles d'y rencontrer, dont le plus fréquent consiste à se faire rançonner, ne seront pris en compte ni par les autorités turques, ni par les autorités françaises Nous étions prévenus ! Pendant que nous discutons, les soldats ne cessent de prendre des photos. Mais le portable de l'officier se manifeste. Trente secondes plus tard, nous sommes à nouveau seuls. La route est libre. Il suffit d'attendre que la poussière retombe !