Gaziantep

Mardi 15 Mai

Pompe Opet a vant Adiyaman
barrage AtaturkBeau soleil ce main à 6 heures, le thermomètre affiche 20°. Un moment indécis, on décide d’aller vers Urfa  distant de 100 kilomètres à peine.

Chemin faisant, paysages champêtres, troupeaux de chèvres et de moutons, travaux des champs que les gens retournent à la bêche, autant de  choses non vues depuis longtemps. Sur la route, des cavaliers à ânes, balançant leurs pieds et portant des ballots d’herbe verte, des side cars en grand nombre, camions et dolmüs à foison. Et partout des trous d’autruches, dans lesquels on saute à grand bruit. L’Euphrate nous accompagne durant notre trajet, des villages tout neufs sont érigés sur ses berges. Pour l’instant nous recherchons le point précis d’où nous apercevrons le barrage Ataturk, mais les informations sont rares. Nous le trouvons un peu au hasard, au bout d’une «  aile de pic nic Alani » où déjà des gens installés autour d’une table écoutent de la musique orientale. Un monument occupe le site : Deux ailes grises levées et des dates et noms  sur des plaques au sol, une stèle commémorative sans doute.

Du haut de notre falaise, on aperçoit les 8 turbines, en amont des méandres du fleuve et un pont suspendu. En somme on ne voit que l’arrière du barrage, ce qui explique la liberté d’accès, à ce point de vue, exceptionnel,  quand même.

Au fil de la descente vers Urfa, la chaleur devient infernale .On finit par trouver une ombre maigrelette à l’orée d’un bois de pins clôturé de barbelés. Le repas est reconstituant, bien que pris à 10 heures 30, Mais on a déjeuné si tôt, et puis il ne faut pas arriver à Urfa le ventre creux, car la visite risque d’être épuisante. La première impression confirme nos craintes. On tombe au milieu d’une circulation du diable. On n’a même pas le temps de s’apercevoir qu’il fait 36° tout à coup, température difficile à supporter, après la pluie et le vent des jours précédents.

On trouve une place de parking près du cimetière et on déambule à la recherche d’une banque : Attention aux trottoirs et aux marches démesurément hauts l’un et l’autre, aux autos, aux gens inconnus qui crient hello ! et ne savent dire rien d’autre, aux panneaux indicateurs à ne pas manquer sinon on se perd. Demander sans arrêt ce que l’on veut trouver.  Abdullah  un jeune étudiant se propose de nous accompagner à la citadelle, c’est là que se trouve le quartier pittoresque de la ville de  Urfa rebaptisée Sanli urfa, ce  qui signifie Courageuse Urfa. Urfa, c’était aussi Edesse que les cruciverbistes connaissent bien et qui était une étape importante sur la route du croissant fertile. Mais  d’abord allons voir la Citadelle, le Kale comme ils disent en Turc :la ville d'Urfa c’est une forteresse qui fut  construite par les croisés, sur les contreforts d’une colline rocheuse .Il reste seulement quelques vestiges antiques et deux colonnes corinthiennes. Mais quel paysage sur la ville ! Mille minarets fusent de toutes parts et s’arrondissent les dômes. Les arches blanches  bordent les rues aux maisons de toutes couleurs. De l’autre côté du canyon, la vieille ville s’est adossée, avec ses toits pittoresques où s’installent les lits métalliques  et le lingebien blanc qui sèche sur des fagots.

On redescend les trois cents marches et allons au jardin de thé que l’on appelle maintenant Golbasi. On boit une Maden Suyu (eau minérale gazeuse) et un Pepsi Cola à défaut d’autre chose, on évince les guides qui nous collent aux basques , on s’exclame devant le nombre incroyable de carpes dites sacrées qui s’ébattent dans le bassin empli par les eaux de la source de Callirrhoé .La tradition affirme qu’Abraham se serait arrêté en cet endroit, lors de sa migration qui le conduisit d’Our  en pays de Canaan. Mais laissons la Bible et les terres de la Genèse   etcarpes dites sacrées au jardin de thé jetons un dernier regard aux rues environnantes bordées de mosquées, de médersa, d’arches de minarets et de dômes.

N’oublions pas de parler du spectacle de la rue, sillonnée par des dizaines de bus Iraniens, chargés d’une clientèle féminine exclusivement. Ils se rangent tous au bout de l’avenue qui mène à la Citadelle, déversent leur cargaison de « veuves noires », qui se rendent en groupe à la mosquée, prier Abraham né ici dans une grotte. Elles vont ensuite cuire les merguez dans un jardin réservé à leur clientèle et manger le couscous transporté dans d’énormes marmites. On les retrouve en fin de journée assises par terre dans la poussière, en rang d’oignons, le long des bus qui leur font de l’ombre .

L’ image est extraordinaire, mais hélas ! la photo impossible, on ne la tente même pas.

Harcelés par les guides, on est bien contents de nous retrouver un peu seuls, tiraillés encore par des gamins voulant connaître notre nationalité. : Anglais ? Deutsch ? Quand on leur dit : Français ils semblent condescendants à notre égard, alors que leur langue est vraiment issue de la nôtre  et a conservé quantité de mots de notre langue…Je ne perds pas mon temps à le leur expliquer….

Avant de partir on fait notre marché installé sur l’avenue qui jouxte les sites que l’on vient de visiter.  Juste quelques légumes, que le marchand nous livre l’air malin. Evidemment, notre qualité ( !) de touristes nous vaut une majoration de prix, et qu’est-ce qu’il est content de nous berner ! Rien de grave cher monsieur, pour nous qui divisons tes prix excessifs par deux…mais on n’apprécie guère cette tactique, mise en pratique dans les régions touristiques, seulement.

Nous allons quitter Urfa, capitale de la Djezireh, dont le nom signifie, la terre entre deux fleuves, ceux-ci étant,  Le Tigre et L’Euphrate. Urfa, Edesse et maintenant Sanli Urfa «  La Courageuse » autant de noms que l’antique cité a mérités, elle qui ouvre le chemin de la Bible et de la Mésopotamie.

On cherche la route de Gaziantep, car Harran que nous voudrions bien revoir, il vaut mieux y renoncer compte tenu de la chaleur qui nous tombe dessus comme une chape de plomb et de la fatigue qui s’ensuit.

Une pompe Akpet nous accueille quelques kilomètres après Urfa.

Mercredi 16 Mai

Pompe Akpet après Urfa.
6 heures 45 on est prêts à partir vers Gaziantep par un itinéraire zen qui nous permettra de souffler un peu, après on prendra la direction Cappadoce. marchands poussant leur étal d'ailPour l’instant on roule sur une route, bordée de champs de pistachiers, c’est bucolique et assez reposant. On fait une pause à Bireçik, petite ville pittoresque située sur un piton rocheux dominant l’Euphrate. Le vieux bourg est composé de quartiers alignés en hauteur sur la falaise, de ruelles étroites et de marchands poussant leur étal d’ail , d’oignons ou de tomates. C’est aussi la capitale des ibis élevés en volières géantes. On fait une dernière photo de l’Euphrate qui roule ses eaux sous le pont de Bireçik, avant d’aller en Syrie alimenter le barrage d’Al Taoura et d’arroser la plaine de Mésopotamie.

La fatigue me terrasse, on passe outre Gaziantep capitale de la pistache, où il y a peu de choses à visiter, hormis le musée, mais on va faire l’impasse. On prend la route de Karaman, stoppons sous un pistachier magnifique mais en bord de route, pour dormir un peu et récupérer un semblant de forme. Les voitures et camions passant au ras, il est impossible de trouver le moindre repos .

Dans les champs, les femmes ramassent de l’ail qu’elles mettent en bottes le long du sillon. Il y en a des champs énormes, bien travaillés à la main, tâche dont elles s’occupent efficacement, semble t’il.

Les pistachiers occupent toutes les pentes aux alentour de Gaziantep, puis cessent peu à peu. Des canyons vertigineux bordent la route, qui dans le lointain rejoint des montagnes enneigées.

Dès 16 heures 30 on cherche notre «  hôtel de la pompe » habituel. On espère une station moderne qui accepte la carte visa, ce qui est très important compte tenu de la valeur des pleins quotidiens qui vident notre réserve d’espèces. Voulant conserver notre clientèle, le pompiste fait souvent semblant d’accepter ce paiement par carte, celle-ci glissée dans la machine, refuse toute opération  et on est marrons. Ce manège se répète fréquemment et nous  attribuons un gros zéro au guide du Routard qui ne prévient pas le voyageur de ce stratagème gênant.
Sommeil réparateur.

Jeudi 17 Mai

Pompe Akpet sur la route de Kayseri
Lever à 5 heures et soleil déjà en place, la station est calme. Il fait seulement 10° dans nos appartements, hier 36, cette différence continuelle au fil des régions est très éprouvante.
Jeannot a la chique des deux côtés, provoquées sans doute par le courant d’air pour une meilleure atmosphère. Résultat ? Soucis dentaires pour la deuxième fois du parcours….Tiens ! le tableau des prix affiche 2, 18 TL pour le motorin, bien qu’on l’ait payé 2,25 TL . Les prix sont ainsi fluctuants selon les régions, la marque du pétrole et….le pompiste.

Karatag Hani Départ à 6 heures, sur une route en travaux d’élargissement qui serpente au bord de canyons vertigineux où croissent des peupliers. A l’horizon c’est la première vision du volcan Erciyes Dagi, coiffé de nuages blancs.

Il y a plein de caravansérails sur cet itinéraire route de la soie oblige, à Elbasi c’est le Karatag Hani bien indiqué sur notre carte. Il possède quelques sculptures intéressantes, un beau portail à muquarnas, des murs de pierre brune, où les tas de fumier s’amoncellent. Il y a un projet de restauration pour ce monument et beaucoup de travail en perspective…Son sommet à 3916 mètres est couvert de neige qui dégringole en coulées le long de ses flancs. C’est lui, le responsable des paysages de la Cappadoce, qu’il a façonnés au cours de ses terribles éruptions. On trouve un lac assez joli, on va dîner à son bord, les pneus dans les ordures…C’est ainsi, dans ce pays, on ne peut s’habituer à cette dégradation ambiante qui salit tout ce qui n’est pas surveillé…

On aperçoit un petit animal roux qui ressemble à un rat, il se met debout sur ses pattes de derrière. Il me semble qu’on avait déjà vu cette bestiole lors de notre précédent voyage , on  en trouvait alors des quantités le long des chemins.  Ce pourrait être un chien de prairie.

On va maintenant rejoindre la Cappadoce et Urgüp notre première courte étape. Les campings que nous connaissions n’existent plus, on cherche donc le bureau d’information qui nous aiguille sur Görëme et le camping Kaya. Bonne réception dans ce camping où il n’y a pas un seul Français, mais seulement des Néerlandais et des Allemands, ainsi les conversations seront vite faites. Ils sont très bien équipés nos voisins, rien ne manque à leur confort, ni les grandes bassines à vaisselle remplies ras bord, ni les engins subsidiaires, pour circuler plus commodément qu’avec un camion, scooter par exemple, l’un d’eux est même équipé d’un séchoir à linge parapluie, c’est dire !…

Autour de nous c’est le royaume des rochers pointus, ou arrondis, de toutes formes, avec des vignes aux ceps torturés qui poussent entre la rocaille. Les fruitiers, abricotiers, figuiers se glissent aussi dans les moindres mouchoirs de poche de terre, constituant des vergers hors du commun.

Cette journée de répit, nous l’avons bien gagnée, La douche chaude est super bonne et que dire de la boite de cuisses de canard confites, que j’ai mises à dorer à la poêle sur le bleuet posé sur le mur de clôture du camping Kaya. ….Délice !…

Il en reste trois pour demain, chic !…