Un hymne à l'amour
Sur les bords de l’Adige, existe-t-il de conte plus romantique que celui de Roméo et Juliette, éperdument amoureux, et tragiquement séparés ? Paradigme absolu de l’amour impossible, la pièce de Shakespeare règne en maître sur le royaume des passions interdites, des relations taboues, des coups de foudre défendus. Le principe est vieux comme le monde : rivalité familiale et animosité clanique, deux lignées, deux dynasties qui se déchirent avec application dans les rues de Vérone. Et au milieu de cette tourmente, deux amants que seul le patronyme divise, encerclés, incompris, abandonnés par leurs proches, reniés tels deux orphelins qu’ils auraient souhaité être.
La fin, tout le monde la connaît : la nouvelle de la mort feinte de Juliette, ultime espoir d’être réuni, ne parvient pas à temps aux oreilles de Roméo. A la vue de sa dulcinée inanimée, désespéré, il s’empoisonne pour la rejoindre dans l’au-delà. Au réveil et découvrant son amant sans vie, Juliette s’ôte la vie à son tour s’enfonçant au cœur le poignard de son cher et tendre… Théâtre de ce drame, les allées pavées de Vérone, ses places pittoresques et ses maisons de marbre et de briques rose dévorées par le lierre grimpant. Sans eux, Vérone ne serait pas Vérone.
La présumée maison de Juliette, au 23 rue Cappello, sert de cadre mythique à cette romance pathétique et l’on entendrait presque les sérénades lyriques chantées sous le balcon de pierre. Au fond de la petite cour pavée se dresse une statue en bronze de Juliette, vénérée pour son soi-disant pouvoir qui garantirait une prochaine rencontre amoureuse à quiconque toucherait sa poitrine tel un filtre d’amour.
Non loin de là, dans la crypte de la maison Montecchi aurait reposé la belle dans un tombeau. Enveloppé de mystère, le lieu attire des foules de visiteurs cherchant à apercevoir le décor de pierre où fut attisée la flamme de cet amour connu à travers le monde entier.
En rejoignant les bords de la rivière, vous parviendrez à l’un des sites les plus romantiques de la ville : il s’agit du Pont Pietra des Ier et IIe siècles, qu’il suffit de traverser pour atterrir aux pieds du coteau de San Pietro. Là, vous pourrez entamer de délicieuses promenades sur les collines surplombant Vérone. En bas se trouve le Théâtre Romain, monumental vestige de l’époque romaine qui aujourd’hui encore accueille des représentations théâtrales. En restant sur la rive droite, vous rejoindrez le Dôme, complexe de basiliques paléochrétiennes et romaines comprenant le cloître de la Capitulaire, les vestiges de la Carolingienne Sainte Marie Matricolare, Sant’Elena, S. Giovanni in Fonte et le Dôme Majeur.
En fin de journée, rendez-vous au cœur de la ville pour finir cette balade en beauté pour découvrir l’autre principal vestige romain de Vérone avec le théâtre rive gauche : les arènes. Ce magnifique amphithéâtre construit au début du Ier siècle est le plus grand du monde romain après celui de Capoue et du Colisée. Profitez de cette vision onirique alors que le temps se fige et que les derniers rayons du soleil s’affaissent sur l’arrondi des arches millénaires. Et souvenez-vous du vers de Shakespeare : « il n’existe aucun monde au-delà des murs de Vérone. »
Alice Cannet
Publié le 09/02/2010 Crédit photos : © Fototeca Enit