Brest : La sirène bretonne

Brest est peut-être la ville où les conséquences de la Seconde Guerre Mondiale sont les plus visibles. Ville entièrement reconstruite et à la météo capricieuse, elle n’est pas la destination de charme par excellence mais forte de son histoire et de ses particularités de ville portuaire et marine, la cité du ponant plaît, en tant que ville de caractère.

Ancrage historique et culture marine

Bétonnée mais historique

Située sur la pointe de la Bretagne, Brest domine sa région par l’ouest et joue à merveille son rôle de ville d’influence, qu’elle partage avec ses amies bretonnes Rennes et Nantes.
Déjà à l’aise dans ses responsabilités en tant que capitale européenne des sciences et technologie de la mer, Brest est élue en 2010 capitale maritime de la biodiversité, un rôle qui colle à la peau de cette sous-préfecture de 15.000 habitants, tournée entièrement vers la mer.

phare portzic
Phare du Portzic

Stratégiquement positionnée, la ville est rendue célèbre par son port. Il est vrai que la météo n’est guère clémente à Brest, mais elle nous le rend bien avec des alentours à la nature sauvage et au vert flamboyant. Rien de tel qu’une balade sur la côte bretonne pour ressentir la force des éléments entre un vent tonitruant et une mer déchaînée.

Tout commence au IIIème siècle avec les Romains qui édifient un « castellum », c'est-à-dire un camp fortifié, placé au niveau de l’actuel château. Malins les Romains qui ont compris que ce petit bout de terre, niché au creux d’une rade fermée par un étroit goulet, était un endroit stratégique. Et pour cause, Brest a assisté à un nombre incalculable de batailles navales et était au cœur des conflits, en première ligne contre l’invasion des terres.
Ce n’est d’ailleurs pas anodin si Vauban fit de Brest l’une de ses places fortes pour sa célèbre « ceinture de fer » en 1694, un plan de fortification qui rendit la France impénétrable durant tout le règne de Louis XIV.

Les ravages de la guerre

C’est après 1944 que la ville prendra son visage actuel, assiégée et entièrement bombardée pendant la guerre, Brest a du être reconstruite dans la précipitation, mais non moins efficacement par l’architecte Jean-Baptiste Mathon.
Les lieux ont alors été optimisés et les anciens remparts du célèbre Vauban supprimés afin de favoriser l’agrandissement de la cité ; des édifices publics sont créés et les rues sont élargies.
C’est ainsi que la ville au nouveau visage est surnommée «la ville neuve». Le plan de Brest ressemble désormais davantage à une ville à l’américaine avec ses grandes avenues parallèles, ouvertes sur la mer et bien loin des ruelles d’antan.
La ville a forcément perdu son caractère authentique et les monuments n’ont pas été construits avec les codes esthétiques comme éléments prioritaires, mais les bretons revendiquent et ne renient en rien leur passé et leur métropole qu’ils ont su ré apprivoiser.

Moussaillons, vous voilà !

À travers les rues brestoises, vous croiserez sans aucun doute de nombreux uniformes en balade, rien d’étonnant au cœur de la ville à la plus grande rade d’Europe (150 km²), bénéficiant du premier port de plaisance en Bretagne et comprenant également un arsenal militaire et naval.

De plus, depuis la réouverture de l’école des mousses en septembre 2009 après 21 années de fermeture, les pompons rouges sont de nouveau à la mode.
Brest bénéficie de trois ports de plaisance (port du Moulin-Blanc, port du château et port de Tinduff), d’un port militaire et du très grand port de commerce.

Cours Dajot
Le cours Dajot

L’agitation marine est largement palpable, notamment depuis le pont de Recouvrance qui offre une vue directe sur le port militaire et sur l’Arsenal, créé en 1631 par Richelieu. Ce dernier constitue l’une des plus anciennes places fortes militaires en Europe.
L'Escadre de l'Atlantique, la Force Océanique Stratégique et la base française des sous-marins nucléaires ont la plus grande partie de leurs effectifs à Brest.
Tous les étés des visites de l’Arsenal sont organisées, les fanas de bateaux et sous-marins en auront plein les yeux.

Au-delà de son activité militaire, Brest est aussi active par son port de commerce du côté de la rade. Situé stratégiquement en atlantique, c’est une véritable porte d’entrée vers l’Europe. Un peu hostile à première vue, le port de commerce regorge en fait de nombreuses rues, de restaurants et de bars, faisant de ce lieu l’un des plus actifs et authentiques de la ville, entre activités portuaires et réparation navale, sa renommé est de mise.
C’est également ici que se déroulent, pendant la belle saison, les incontournables Jeudis du port où artistes locaux et internationaux se côtoient sur deux immenses scènes. Pour faire connaissance avec la population locale, rien de tel que de traîner sur le port où les Bretons reviendront avec plaisir, sur l’histoire de leur ville.
Car le Breton est tout particulièrement chaleureux et pour la petite anecdote afin d’éviter toute situation gênante, ici on ne claque pas la bise. Les brestois, entre amis comme entre collègues, vous déposeront simplement un bisou dans le creux de la joue.

Valérie Gautier
Publié le 04/03/10

Crédit photo :© Xavier Dubois/OTBMO