Seul et libre sur les routes du Burkina

Que faire ?

De retour à Ouaga. J'hésite encore entre visiter un ami au Mali ou faire une petite virée au Togo puis au Bénin. Le temps me le dira.

Panneau de la capitale

Il me suffit de quelques semaines pour faire une overdose de capitale.

Julien

Au village, j'étais devenu l'ami d'un petit garçon, Julien. Un peu attardé mental, il est rejeté et vit seul, je ne sais pas trop où, sans doute dans la brousse à en juger par sa carapace de poussière. Toute la journée, il tape avec des baguettes sur un bout de bois qu'il s'est attaché autour du cou. Il m'impressionne, quand je lui ai fait essayer nos percussions, il a tout de suite été à l'aise. J'aimerais l'aider, lui donner des chances qu'il n'aura jamais au bled.

Julien

J'envisage d'aller le chercher pour le ramener avec moi en ville et, si possible, de l'insérer dans une association de percussionnistes de Ouagadougou. A Pella, je passe une semaine avec l'instituteur et j'essaie d'évaluer mes possibilités de m'occuper de Julien. Les soirées au marché avec tous les petits vieux rentrant du champ, les impressionnantes tempêtes de l'hivernage (la saison des pluies). Il s'avère que Julien a bien une famille, qui craint de le laisser partir avec un inconnu blanc, sans certitudes quant à son avenir. Il m'aurait fallu l'aide d'un Burkinabé de l'association. Je dois laisser tomber, mais continue à espérer qu'un jour je pourrai faire quelque chose pour lui

Djo

Retour en ville très pesant. Je me réfugie chez mes amis rasta de l'association de percutions NAYAC, pouInondationsr une semaine entre djumbés et chants traditionnels : je recharge mes batteries. Les derniers Français de l'asso rentrent, moi je rejoins le ghetto de DJO, un autre ami rasta, dans la brousse aux environs de la capitale. Nous passons une nuit ensemble à discuter de voyages, il a envie de m'accompagner : pourquoi pas ? Le lendemain, au réveil, une surprise étonnante et déprimante nous attendait, la pluie de la nuit avait créé des inondations extraordinaires. Une rivière, que dis-je, un fleuve s'écoulait devant la porte de notre concession. Misère misère.

Djo, le vieux père comme on l'appelle ici, a déjà parcouru une bonne partie de l'Afrique à pied, et il est prêt : « Hit the road, Djo. ». Demain matin, quand l'eau aura baissé, direction Kaya, à 100 bornes de Ouaga au nord. Ensuite, Dori, toujours dans la même direction, celle du désert, jusqu'au Niger. Pour la suite, Nigeria ou directement Bénin, à voir. Je m'apprête donc à retrouver les routes africaines. Nous partirons en camion, en stop en échange du gardiennage des bêtes à l'arrière du véhicule par exemple. Il ne me reste que 5000 Francs CFA (8 euros) pour arriver à Niamey, autrement dit, rien. Nous allons donc faire des concerts et vendre de l'artisanat sur la route pour payer notre bouffe et à boire. Ca y est, je me jette à l'eau, et sans caleçon !

Les faux plans

Djo, le rasta dont je vous avais parlé. un homme très gentil, mais. histoires de papiers interminables. Je lui donnai l'argent nécessaire pour les faire faire mais trop de complications, et le temps dura dura. Je l'attends plus d'une semaine chez Abas, le premier vrai rasta de l'âme aux couilles que je croise en Afrique. Lui au moins ne cherche pas que l'argent et la frime, comme la plupart de ceux qui traînent dans les quartiers de toubabs. C'est un ascète, il vit de rien, mange tous les jours la même chose, le benga (riz aux haricots, mais délicieux !), et ne sucre ni son café ni son thé ! Un extraterrestre en Afrique ! Il peint des tableaux et des bogolans, sans courir après le client, paisible, le joint au coin des lèvres, chez lui à Ouaga ou dans la maison des artistes de Koubri, un village de banlieue. C'est lui qui m'a initié à la fabrication des bogolans, et j'ai réalisé mes premières créations. Pour moi il devient urgent de bouger. Encore un contretemps : la disparition dans un taxi de mon appareil photo. Dedans, mille photos de mes errances en France et en Espagne, des centaines d'autres prises en Afrique, des trésors perdus à tout jamais. J'en ai pleuré, j'ai fait tout mon possible pour le retrouver, en vain. J'ai même payé le prix fort pour passer des annonces à la radio en français et en moré pendant une semaine, rien.