Intro
L'envol
Le temps me manque avant le Grand Départ, je dois régler une foule de détails en France, et gagner l'argent de mon voyage, que je prévois d'un an minimum. Retour à Barcelone, trois semaines de spectacles de feu quotidiens, 1400 euros qui paieront aussi mon visa, le billet d’avion (aller simple de Barcelone), une participation pour l’asso et plein de médocs. L'avion, nouvelle expérience... un ptit coup de flip sur le début et après, le grand pied !!! Sensation incroyable.
Ouagadougou
J'arrive à Ouaga et décide de m'incruster dans la vie africaine. Seul dans ce nouveau monde, je veux découvrir la ville par mes propres moyens avant que l'association ne nous tienne entre ses mains. Les collègues du Karnaval Humanitaire me rejoignent 2 jours plus tard. Quel bien-être, c'est comme si j'avais toujours vécu ici, tout m'est simple, j'ai l'impression de rentrer à la maison. Rencontre de rastas, artisanat à gogo, dodo dans le ghetto africain entouré de la famille d'un poto black, des gosses partout autour de nous nous donnant la main, jouant, criant, chantant avec nous, le sourire jusqu'au bout du cour. Quel bonheur, je suis comblé !
Le village
Quelques jours après, nous partons dans le Sahel et la brousse africaine, à 160 kilomètres de Ouaga, Pella, un village géant étalé sur quelques kilomètres. Des concessions regroupant les familles dans des cases en terre aux toits de paille. Des animaux par centaines, un accueil époustouflant, musique du soir au matin, travail le reste de la journée entre notre puits, l'école, les activités pour les gosses, la sensibilisation etc.
Je récupérai une petite case en ruines, un petit coin d’intimité à partager avec les amis. Elle devint la « Case philosophique », lieu d’échange psycho-philo-spirituel... Il y avait aussi Notre Montagne sacrée, différente de celle du village, lieu de méditation intense, avec vue imprenable sur la nature africaine, où j'ai passé tant de nuits…
Enfin délivré de la pollution lumineuse des grandes agglomérations, le ciel pur scintille sous la lune et les innombrables étoiles et berce nos rêves de lointains.
C'est sûr, un choc terrible attend mes amis à leur retour dans la morosité de l'Occident. Comment imaginer cela pour moi, je ne pourrais pas, je ne pourrais plus.
Anecdotes
Il n'y a que dans ce genre de coins reculés que l'on peut côtoyer ces personnages mythiques, comme le guérisseur avec qui je me suis lié d'amitié. Il m'a montré sa case magique remplie de plumes, de couteaux, de pierres à sacrifice, de grigris pour faire tomber la pluie. J'ai toujours senti que ce monde occulte africain vivait en moi, je m'en rends compte à présent.
Au cours d'une visite chez un des grands chefs du village, nous reçûmes une chèvre en présent. Elle devint pour un temps MA CHEVRE DE COMPAGNIE !
La virée touristique
Il ya quelques jours, nous sommes partis en direction de Bobo Dioulasso, petite promenade touristique, 17 heures de route entassés, puis dodo à l'hôtel pour la plupart. sauf pour deux, qui passèrent une nuit blanche sur le toit du cametar à refaire le monde : décidément, je n'aime pas dormir à l'intérieur !
Le lendemain, levés 6 heures. Départ pour Banfoura, les célèbres cascades du Burkina. Encore 7 heures de brousse africaine, posés sur le toit du camion, culbutés dans tout les sens, avec une bonne pause d'une demi-heure à essayer de désembourber le camion. Quand on l'a sorti de là, le sourire criait à travers chaque personne, on ne pouvait plus s'arrêter de chanter et d'applaudir.Enfin arrivés, il ne reste plus qu’une excursion dans une petite partie de la forêt burkinabé, une dernière grimpette sur la montagne de pierres puis le grand pied
Plein de petits bassins de la taille d'un homme, une cascade magnifique pour les alimenter face à un paysage inexplicablement merveilleux !
Retour sur Terre, retour au village, on réapprend la pesanteur avec plus de 20 heures de camion en passant par les montagnes de la mer disparue, des roches sculptées par l'eau à une époque où elle faisait partie intégrante du paysage, un site inouï. Dans le camion, au début, ça râle un peu dans les chaos, et puis petit à petit, chacun se cale et trouve sa place. A l'arrivée, on est tous si bien imbriqués qu'on ne veut plus quitter cette deuxième maison !
La virée touristique
Avant-hier, nous avons passé notre dernière nuit à Pella : grande kermesse, des centaines d enfants partout, une ambiance folle. Quelques jours auparavant, j'avais commis mon premier forfait : quatre poules, égorgées, déplumées et vidées pour préparer un repas digne d'un grand cuistot, Pastas poulet à la Paf. Histoire d'aller un peu plus loin dans la chose, pour la soirée d'adieu, c'est à une chèvre que je me suis attaqué : égorgée, dépecée et vidée, c'est à la broche qu'elle va rôtir. Je creuse un grand trou dans le sol aride, j'allume le feu, fabrique deux fourches pour poser l'animal empalé, et j'arrose le plus souvent possible, aux herbes, à l'huile et autres bonnes choses du genre (un peu de koutoukou, la gnôle de canne à sucre locale).