De Castel di Verghio à Asco Stagnu

Castel di Verghio (1404 m) => Tighjettu (1683 m) : Le Golo, Patrick et Charlie.

Connaissant les lieux, je décide de déjeuner au refuge de Ciottulu a i Mori (1991 m). L'itinéraire consiste à rejoindre la bergerie de E Radule, par la forêt de Valdu Nielu, puis à remonter le cours du Golo, premier fleuve de Corse, jusqu’à sa source, toute proche du refuge. Les quelques 600 m de dénivelée s’avalent sans peine dans un paysage splendide.

SentierrefugeVue sur les montagnesFôret Valdu NieluFontaineRefuge

Patrick V. n'est pas un bavard ; on pourrait presque le trouver taciturne mais il sait ce qu'est l'amitié. Il me régale d'une succulente omelette au fromage et nous bavardons un moment. Je recommande cet arrêt, car, quelle que soit l'heure, Patrick ne laissera pas le randonneur le ventre vide.
Après cette halte, il faut rejoindre le Bocca di Fuciale (1962 m) puis, par une pente raide à travers les barres rocheuses, atteindre le pied de la Paglia Orba (1400 m) .… puis, par un chemin en légère montée, rejoindre la bergerie de Ballone (1440 m). Le refuge de Tighjettu (1683 m) se trouve à 243 m au dessus, 243 m qui paraissent très longs, ou très hauts !!!

Refuge BalloneBergerie BalloneDans la bergerie Ballone

Charlie, prévenu, par la voie des ondes, par Patrick V., m'attend les bras ouverts.
Après les opérations logistiques rituelles, nous retrouvons Charlie dans sa cambuse : rare privilège !!!
Après le service de la clientèle, il nous fait déguster de savoureux spaghettis accommodés de différentes façons ; le tout convenablement arrosé. Nous terminons par une eau de vie de raisin, c'est-à-dire du raisin distillé et non de la grappe. Bien agréable soirée au cours de laquelle, nous entendons, à la radio, un bulletin d’alerte pour le lendemain annonçant pluies et vents violents ; le Préfet de Corse enjoignant même aux plaisanciers de rester au port et aux randonneurs de rester au refuge. Charlie nous conseille de nous coucher et de ne pas nous lever trop tôt. Il saura le lendemain, d’après l’état du ciel, nous orienter sur la décision à prendre. Cette étape, très variée, compte 950 m de montées et 670 m de descentes que je couvre en 8 heures, environ, y compris la pause chez Patrick.

Tighjettu (1683 m) => Asco Stagnu (1422 m) : Le Cirque de la Solitude !

Au lever, certes, le vent souffle mais le ciel est bleu. Charlie nous dit qu'à notre place il partirait. C'est ce que nous faisons.
L'étape commence par une montée, par dalles et rochers, vers le Bocca Minuta (2218 m). Un vent d'ouest souffle en rafales et des nuages d'altitude n'annoncent rien de bon.

Montée vers le Bocca MinutaMontéeMontée vers le Boccca Minuta

C'est le point d'entrée de E Cascettoni ou « Cirque de la solitude ». La descente commence par un raidillon caillouteux qui amène à la partie rocheuse équipée de mains courantes. Elle ne pose pas de problème. Seulement la pluie commence à tomber en cours de descente.

Le fond du cirque, vaste éboulis, se trouve à 1980 m. Arrivé là, la pluie redoublant d'intensité, je mets en place mon couvre sac, enfile mon anorak et attaque la montée vers le Bocca Tumasginesca ou Col Perdu (2183 m). On ne dispose pas immédiatement de mains courantes. Mais il faut reconnaître que les « Vibram » accrochent bien sur le granit mouillé (Préférer, tout de même, le granit gris au granit vert) ; à condition d'observer la plus grande vigilance et de respecter, à la lettre, la règle des 3 points d'appui.
J'arrive enfin au col où les rafales de vent sont violentes et omni directionnelles. Je suis surpris d'entendre : « C'est vous Patrick ? ». Bravant la tempête, un couple m'attendait là et son salut m'a fait chaud au coeur. Je regrette de ne pas avoir mieux remercié ces deux personnes courageuses et attentionnées. Je descends, par une zone d'éboulis, jusqu'au Lavu d'Altore puis je gagne le chemin qui conduit à l'ancienne station de ski d'Alto Stagnu (1422 m). Sur le plateau qui domine la station, le soleil se montre et le vent se calme.

Refuge

Arrivé au refuge, je présente mes hommages à la gentille Martine qui, malgré tout, m'annonce qu'elle n'a plus de place mais qu'il y en a au gîte situé au sous-sol de l'hôtel restaurant « Le Chalet ». Je connaissais le restaurant mais j'ignorais l'existence du gîte. Marie et Nicolas, arrivés avant moi, avaient fait le nécessaire.
Le gîte offre tout ce qu'il faut au randonneur, mais le dortoir est un peu tristounet. J'y retrouve l'équipe de quatre qui me suivait sur le parcours. Après la logistique d'usage, un bon dîner, arrosé d'un « Orsini » de Calenzana fort goûteux, nous prépare à un sommeil réparateur.