Itea

Lundi 6 Juin

Belle, très belle date d’histoire, j’y pense tous les ans, où que je sois, j’y pense aujourd’hui de cet endroit de Grèce qui s’appelle Paralia….toujours avec la même émotion.
Nous allons vers Itéa et voudrions suivre la route du bord de mer, semée de petits villages. Mais cette route n’existe pas bien que dessinée sur la carte, peut-être n’est-elle pas carrossable ? Donc, nous rejoignons la RN où les villages sont des villes plus importantes. Déjà au matin les hommes flânent au café, tournés vers la rue scrutant les visiteurs. A deux heures nous n’avons pu trouver un endroit pour s’arrêter et dîner. Et j’ai encore une pensée à ce poète qui dit que dans ce pays l’ombre est un rêve…Grosse rancune pour le thermomètre qui monte son mercure à des hauteurs vertigineuses. On s’efforce de ne pas le regarder, mais la chaleur est intenable. Nous nous abritons devant une maison en construction et juste l’avant du véhicule est à l’ombre. La circulation derrière nous est effroyable. On ne traîne pas dans ces conditions là, tout repos est impossible…Alors on mange dans notre étuve sans grand appétit, puis vidons les lieux.

Redoutables itinéraires, aux routes étroites mangées par les herbes folles qui rétrécissent encore le passage. En se croisant on érafle le côté droit du véhicule avec les branches de lauriers roses, ou de roseaux grosses comme la moitié de mon bras et cela sur toute la longueur du parcours. On ne pet s’empêcher de penser à la savane….Mais c’est en même temps très beau une savane de lauriers roses, hauts comme des arbres, touffus et couverts de fleurs. Ils sont parfois blancs, ou saumon, ou parfois rouges et lorsque l’altitude devient importante, les genêts prennent le relais et embaument l’atmosphère.

C’est malin ce que je dis là ! au camping Platinikis d’Andirion, ces fichus lauriers roses ont endommagé notre antenne de télévision, ce qui donne une idée de leur hauteur… Il ne manque plus que ça, pas de caméra, pas de télé, zut ! cette pièce à changer va nous prendre du temps et de l’argent….Quel manque de chance !....

Mardi 7 Juin

Camping Platinikis à Andirion.
Au matin, nous visitons la plage qui jouxte le camping où il  n’y a pas un seul baigneur, ni plagiste d’aucune sorte. Nous pensons que chez nous elle serait noire de monde. En regardant au loin …Nous apercevons le Pont de Patras qui relie les deux rives,  autrefois  rattachées par bateau. Grâce à cette image nous savons que nous avons bouclé la boucle et fait le tour complet du golfe de Corinthe. Malgré l’éloignement, je photographie ce pont dont les filins se dressent dans le ciel, comme des harpes d’argent. Nous espérons pouvoir approcher et faire de près une autre belle image, en vain.  Dès qu’un accotement se profile, le cliché est impossible à cause d’arbres ou de pylônes, alors on y renonce.

Nous allons continuer à musarder sur la côte ouest, sillonnée de routes secondaires, sans doute plus calmes et longeant la mer. Mais parfois il nous arrive de nous aventurer dans des itinéraires à l’aveuglette, ignorant si l’on pourra passer, ou stationner ou même retourner sur nos pas en cas de non passage. Nous n’oublions pas que notre engin mesure plus de six mètres de long et deux mètres de largeur, qu’il est génial à l’arrêt, mais parfois difficile à mener sur certains parcours. Dans l’ensemble, prudence oblige, les problèmes ont été bien résolus.
casse-croute au camping Platinikis
Dîner sur un parking face à la plage de Tourlida, tout au bout de la route qui traverse cette minuscule presqu’île. C’est un site enchanteur avec la mer autour de nous, de tous côtés sauf un. Il y a une profusion de lauriers roses et un palace luxueux qui est loin d’afficher complet….C’est un beau port de plaisance, avec plein de petites barques à rames et à moteur.

Pour reprendre notre route, il faut retourner sur nos pas, vers Mesolonghi, puis aller sur Aïtaliko où le trajet magnifique s’effectue en haut de falaises à pic, puis descend vers les plages à galets toujours désertes. Sur les pentes croissent des oliviers à profusion, qui abritent des ardeurs du soleil des troupeaux de chèvres  et quelques vaches.

Au soir, problème renouvelé…..Où dormir ?  Rien n’est prévu pour nous voyageurs solitaires…Nous prenons une sorte d’allée, qui semble conduire à la mer, mais qui se révèle bientôt impraticable. La pente est rude, impossible donc de la remonter à reculons, il faut aller de l’avant….Tout au fond de la descente, la mer est à gauche, à droite les maisons d’un village en rang serré. On ne voit aucune rue pour se retourner et surtout rien pour s’arrêter…On n’a pas le temps de regarder cet endroit charmant, car la route s’arrête là tout d’un coup. Mais veille la Providence. Derrière une clôture et sous les oliviers d’un parc stationne un camping car français. Nous faisons une pause près de lui et demandons asile au propriétaire, content de parler français et de nous accueillir. Il est Marseillais, émigré en Grèce et marié à une Mauricienne. Longues  parlottes,  avec notre hôte et les deux autres locataires de Rennes. Ensuite dodo, sans moustiques avec juste le ressac de la mer. Ce matin, forme olympique pour continuer notre route d’abord jusqu’à Vonitsa. Mais changement de dernière heure, notre ami Marseillais nous invite à une balade en mer sur son Zodiac qui refuse de démarrer. Il faut donc aller au village voisin chercher une bougie, acheter du pain et visiter une fontaine minérale au débit illimité. Ainsi passe le temps, dans cette partie du monde….prendre les choses comme elles viennent  et ne jamais s’impatienter….Il est déjà 11 heures. Préparation du repas, puis sieste. On prend rendez-vous pour souper ensemble, déguste un cassoulet que je dois préparer.

Bernard et Sabine On dispose d’un podium de restaurant mis à notre disposition. Sabine et Bernard, nous rejoignent, tandis que Robert et Anita  nos Bretons de Rennes apportent l’apéritif. Uns bouteille de Bordeaux est sortie de derrière les fagots et je ne dis rien du cassoulet qui délie les langues. Il est si apprécié qu’il n’en reste pas une miette.

A cet instant arrivent les deux cyclistes qui pour la deuxième fois font le tour de la Grèce à vélo. Je les trouve très en forme après une journée à pédaler sur les routes escarpées. Nous recevons leurs conseils pour nos prochaines visites des îles Lefkada et Kéfalonia ….éventuellement. Un grand moment est nécessaire pour l’échange d’adresses respectives,
car demain pour nous c’est le départ vers ailleurs.

Jeudi 9 Juin

Dès 7 heures on est prêts à partir. L’équipe d’hier au soir dort encore, mais doit aller pêcher au large. Bernard et Sabine sur un zodiac avec d'autres passagersA la mise en marche de notre moteur, tout le monde rapplique, pour nous souhaiter bon voyage, puis ils se rendent sur la plage où est amarré le Zodiac en attente de passagers. Peut-être reviendrons-nous une autre fois, ici, à Mitikas ? ….Bernard et Sabine ont été de merveilleux hôtes. Salut à vous les Franco-Grecs !....

Nous roulons vers l’île de Lefkada, Leucade en Français. C’est une île si l’on veut, mais rattachée à la terre ferme du continent Grec par un pont très original, qui se déplace pour laisser passer les bateaux  dans le chenal. On le regarde relever ses extrémités, virer sur lui-même, se ranger le long de la berge, puis reprendre sa place initiale  après avoir fait l’opération inverse.  Alors Vroum ! Vroum !, pour les voitures en attente depuis un bon moment et qui s’impatientent…

Lefkada la capitale est précédée par la forteresse sainte Maure, dominée des le XVe siècle par desAngevins, des Turcs et des Vénitiens. Point stratégique sur la mer Ionienne, elle devait protéger les côtes ouest de la Grèce des invasions.

Peut- être cette île était-elle la ville natale d’Homère ? Certains l’ont affirmé, bien que les fouilles n’aient rien révélé, tout n’est donc que suppositions… Les légendes ne sont-elles pas plus belles que l’histoire réelle ? Alors on y croit dur comme fer.

Nous utilisons le parking de l’entrée du port, puis nous partons à pieds dans les rues très animées de la ville. Jeannot continue ses recherches  dans les magasins vidéo, pour trouver une batterie neuve et réutiliser sa caméra. C’est alors qu’il laisse tomber la sienne sue le dallage de marbre du magasin. Désormais, on n’espère plus rien !.....

Nous réintégrons nos appartements et partons le long de la côte est, vers Nidri, cité balnéaire lovée au creux d’une baie magnifique. La douceur de l’air, l’éclat des couleurs et de la lumière, tout est vraiment enchanteur ici. Nous nous installons le long des quais déserts bordés par une mer d’azur. Les parasols verts tous fermés attendent les amateurs de plage, absents aujourd’hui, tandis que les vagues en ressac font des geysers spectaculaires sur deux grands rochers étonnants qui émergent de l’eau limpide. La ville entièrement composée de magasins, d’agences, de voyage et de tavernes pas si typiques que ça, est envahie par un tourisme international, peu important aujourd’hui en pré-saison., mais  envahissant en été. Il en reste une atmosphère artificielle que l’on s’empresse de quitter.

Nous suivons les informations données par les deux cyclotouristes de Mytikas qui ont pratiqué cet itinéraire, mais surtout notre inspiration du moment qui ne manque pas de se manifester à tout bout de champ. 
Nous décidons de longer la baie, puis de lever l’ancre vers d’autres cieux. Au-delà de la baie de Nidri, la route surplombe d’autres anses aux eaux tranquilles où se nichent de jolis ports : ainsi Poros et sutout Vassiliki, que l’on prendra le temps de visiter en tous sens Vassiliki est situé à seulement 40 kilomètres de Leucade, nous l’atteignons dans la journée, malgré nos flâneries successives le long de la route est. Nous nous réfugions au bout du port près d’un autre camping car de Néerlandais et partons visiter la ville. Grâce à un vent continu, cette baie est le paradis des véliplanchistes, nombreux sur le site. On ne cesse de regarder leur voiles bariolées qui avancent à toute vitesse puis tombent à l’eau lors d’une fausse manœuvre, ou d’un perte d’équilibre malencontreuse.

C’est aussi un port de plaisance, on y voit des yachts amarrés, des voiliers et quelques ferries venant de Céphalonie ou d’ Itaque. C’est un de ceux-là que l’on prendra demain pour notre croisière en Céphalonie.
les terasses au bord de l'eau de VassilikiNous traversons la rue principale qui longe le port et qui est bordée de tavernes désertes. Les terrasses au bord de l’eau sont protégées de plastiques transparents qui les abritent du vent. Les tables inoccupées sont dressées en permanence. On se demande bien comment ils font pour gagner leur vie, car ils sont si nombreux et les clients si rares !....
L’agence Samba Tours enregistre notre traversée pour demain 11 heures 15 vers la Céphalonie. La petite croisière ne dure pas plus d’une heure, le port d’arrivée est Fiscardo.
 La nuit tombe vite dans ces régions, je n’ai guère le temps de me plonger dans la lecture de mon best seller favori : Da Vinci Code, lu à moitié et dont la suite m’intrigue. Jeannot manipule sa caméra en désespoir de cause. Qu’est-ce qu’elle lui manque cette caméra, avec les jolies images que l’on a sous les yeux….Tout à coup ! Miracle !.....Elle fonctionne à nouveau, sans que l’on sache pourquoi ….Elle fonctionne vraiment !...Quel bonheur !....On va atteindre la Céphalonie avec une caméra bien reposée et une batterie qui a fait une chute impressionnante mais qui marche quand même…Pourvu que ça dure !.....

On se couche à la nuit tombée, c'est-à-dire à 8 heures tout guillerets…La vie est faite de petits bonheurs !....
A demain.