Mausolée Emam Khomeni, Behesh e Zahra, Shahr e Rey

Mercredi 16 juin 2004

N

uit ponctuée par de multiples réveils (bruits divers) avant un petit déjeuner qui frise déjà la monotonie (« tomates – concombre – feta » ou « feta – concombre – tomates »).

Nous prenons ensuite le métro (650 Ri / p) en direction de Haram e Motahar, c'est-à-dire le terminus qui fait face au Mausolée de l’Emam Khomeni. Attention, toutes les rames n’y vont pas (sauf le vendredi où la fréquence est plus élevée). La plus part d’entre elles s’arrêtent à Rey (station Sahr e Rey). Il faut donc avoir soit de la chance, soit de la patience (2 ou 3 bonnes heures), soit juste regarder les horaires sur tehranmetro.

Mausolée de l’Emam Khomeni

immanquable tellement il est imposant, avec ses coupoles et minarets dorés. Le soleil tape déjà fort et nous faisons le tour de ce vaste mausolée encore en chantier (il y a des grues, des échafaudages, des camions, du bruit de marteau-piqueurs). C’est énorme, des parkings sont prévus pour des milliers de pèlerins, une bonne partie du monument est occultée par une galerie commerciale où sont vendus des jouets, des glaces, de la musique, des fruits et légumes… il y a même un supermarché Refah!

Devant l’entrée principale et sous les arbres du petit parc, des tas de familles déjeunent, dorment, discutent. Ca sent même la soupe ! A l’arrière du bâtiment, il y a une poste dans laquelle Koko achète des timbres (l’employé ne parle as un mot d’anglais) mais sans arriver à savoir combien de timbres il faut mettre sur la carte pour qu’elle soit suffisamment affranchie :

  • Koko : chand tambr potcard Belgiki ?
  • Postier : na postcard
  • Koko : oké mais chand tambr potcard Belgiki ?
  • Postier : na postcard

    et ainsi de suite jusqu’à ce que Koko le remercie et se casse sans son renseignement. De toute manière, avant de les affranchir, il nous faut encore trouver les cartes postales !

Après avoir fait une dernière fois le tour de ce mausolée en chantier, Koko décide de rentrer : elle ajuste sont foulard (plus de mèches) car toutes les femmes portent le chador, entre par la porte de gauche (celle de droite est réservée aux mâles), donne ses chaussures au préposé, passe la 1ère porte. Dans ce sas, c’est comme à l’aéroport, un portique de sécurité, une machine à rayons X ! Et les appareils photo ne rentrent pas ! Il y a une consigne à l’extérieur qui se charge de garder tout le matériel !
Après une 2ème tentative, voici donc Koko dans la salle de prières principale dont une partie est réservée aux hommes et l’autre aux femmes. Le tombeau de l’Emam Khomeni est presque perdu au milieu de cette énorme salle marbrée, aux imposants lustres de cristal.
Des fidèles prient devant le tombeau, embrassent la grille et jettent un petit billet dans l’habitacle par la fente prévue à cet effet. Il y a déjà une belle couche de billets qui tapissent l’intérieur.

Pour le reste, il n’y a pas vraiment de choses extraordinaires à voir pour un non-musulman, sauf que l’on peut frôler la tombe de l’Ayatollah Khomeni, mainte fois vu à la TV pendant la guerre Iran – Irak et ne jouissant pas toujours d’une image très populaire au sein de notre imaginaire occidental.

La salle de prières est en travaux : des bulls y circulent dans un vacarme assourdissant de foreuses, de scies et d’échafaudages métalliques qui s’entrechoquent…

salle des prières

Nous décidons de visiter ensuite le cimentière des martyrs de la guerre Iran-Irak, normalement situé à 500 m (Behesh e Zahra). En fait, ce nom désigne la zone située tout autour du Mausolée. C’est à la fois un cimetière civil et militaire. Et il y a des tombes partout, aussi loin que porte le regard. Néanmoins, nous avons du demander notre chemin et ne comprenions pas pourquoi les gens nous faisaient des signes circulaires ! A posteriori, nous nous demandons toujours comment nous avons pu le manquer !

Pour arriver au cimetière militaire, il faut repartir vers la station de métro, traverser la double route et se diriger vers la droite jusqu’à un petit bâtiment blanc (c’est des toilettes). De là, tant à gauche qu’à droite, c’est le cimetière militaire abritant les dépuilles de quelques 200 000 soldats.

cimetière militaire

Une musique militaire patriotique ou des lamentations rythment l’atmosphère. Nous arpentons ces immenses allées flanques de nombreuses rangées de tombes au dessus desquelles des urnes transparentes renferment les photos et les reliques des disparus. Certaines sont à l’ombre de préaux, d’autres en plein soleil. Popol prend des photos tout en évitant de froisser des personnes venues fleurir les tombes.

En ressortant, nous traversons le cimetière civil encore en (pleine) activité et nous croisons é ou 3 enterrements. C’est assez impressionnant, des bus déversent les femmes en chador, d’autres déversent des hommes, des hauts parleurs diffusent de la musique et des quantiques religieux. Nous faisons un grand détour, en serrant les fesses en avançant plus rapidement.

deux acolytesVers 12h, nous repartons vers la station de métro et nous arrêtons à Rey (650 RI / p – c’est par ailleurs la 1ère station après le mausolée, celles qui sont entre les 2 sont encore en construction). A la sortie de la station, nous trouvons un taxi qui accepte de nous faire visiter l’Emamzadeh Shah e Abdal Azim et Gonbad e Thorgal pour 20.000 Ri (environ 1h).

A l’entrée de l’Emamzadeh, un mollah accepte que Popol puisse visiter, par contre Koko ne peut pas rentrer et doit attendre à l’entrée (comme un sage toutou). Ce mollah est par ailleurs particulièrement sympathique avec Popol et lui fait visiter la cour (mais il ne peut pas rentrer dans le sanctuaire) intérieure avec vue sur la madrassa, les minarets et le joli dôme doré.

Popol rejoint sa « spice de counasse » à l’entrée. Koko n’a pas perdu de temps : elle s’est fait de nouveaux amis en une famille bien sympathique qui prend le thé presque à la porte du mausolée. Nous ne restons malheureusement pas avec eux car la mine contrite de notre chauffeur nous incite à en terminer avec lui au plus vite. Il nous dépose devant la tour Gonbad e Thorgal (15.000 Ri/p). Cette tour n’a pas de décoration particulière à l’exception d’une inscription au dessus du porche d’entrée.

un nouveau né

Le chauffeur nous ramène (très) lentement en faisant de multiples détours vers le métro. Au moment de payer, naturellement, l’hospitalité fait place au business (ou entubage de touristes) puisqu’il ne désire plus 20 000 RI comme convenu au départ mais bien 30.000 Ri. Le chauffeur a sans doute été inspiré par le prix d’entrée de la tour en se disant que si nous étions prêts à claquer 30.000 Ri pour voir un tas de briques, il avait également droit à un tel salaire !

la circulation

Dans le métro qui nous ramène à l’hôtel, nous faisons la connaissance d’un biologiste ayant fait ses études à Fribourg. Nous achetons encore 1 yogourt, 1 boite d’ananas et du pain (12.000 Ri), payons notre chambre (140 € + 15.000 Ri le coup de fil en Belgique).

Nous faisons un dernier tour dans le quartier de Manucheri str avec ses magasins de sacs, de chaussures (environs 20 € la jolie paire), de chemises (80.000 Ri). Il y a des cinémas (5.000 Ri) passant des films nationaux et Terminator 3, svp ! Pour le reste, c’est des magasins de grossistes et de pièces détachées.

Premières impressions sur Téhéran après 3 jours d’immersion

  • nous n’avons pas trouvé les téhéranis particulièrement hospitaliers, disons qu’ils sont plutôt indifférents (grande ville oblige) tout en ayant croisé des gens agréables ;
    • mais également des regards qui ne nous souhaitaient pas spécialement la bienvenue ;
    • Téhéran est une ville fatigante et polluée, à la circulation anarchique et dont les rues sont quasiment impossibles à traverser ;
    • les gens sont rarement souriants mais bon, nous également, au petit matin sur le quai de la gare, nous ne rigolons pas spécialement ;
    • le métro est une bénédiction qui nous a permis de circuler librement sans devoir nous battre avec les bus, taxis collectifs ou pire, taxis privés ;
    • la langue est l’obstacle majeur, nous avons encore des progrès à faire en farsi, particulièrement en chiffres ;
    • il est très difficile de se nourrir convenablement dans le quartier de l’hôtel, sauf à fréquenter le resto de l’hôtel ;
    • nous n’avons pas entendu un seul muezzin, ce qui peut paraître bizarre dans une république islamique !
    • à la TV, les présentatrices sont habillées selon les préceptes (hidjab) ne laissant apparaître que l’ovale du visage. Cela contraste avec ce que les femmes portent dans la rue. Bien que le noir soit encore la couleur la plus portée, d’autres couleurs apparaissent : bleu foncé ou clair (chez les plus jeunes), beige, brun, lilas, blanc, turquoise,…
    • c’est d’ailleurs frustrant pour Koko qui ressemble plus à un sac à patates version Vamps. Certaines Téhéranies sont très élégantes et chic dans une tenue islamique (pantalon, manteau, foulard) en version moderne, portent le foulard avec aisance, exposent fièrement leurs avant bras et ont les ongles des mains (et des pieds parfois) peints, avec un joli maquillage. Et elles sont toujours impeccables ! A croire qu’elles ne transpirent jamais….

Impressions de Koko sur ses premiers jours en foulard

  • c’est difficile de le faire tenir sur les cheveux (il tendance à glisser vers l’arrière) mais en mettant un bandana en dessous, le problème est résolu ;
    • au soleil, chapeau ou foulard, c’est kif-kif : d’ailleurs Koko pense adapter en ce sens son couvre chef pour les prochaines vacances. De plus, cheveux gras ou pas, le problème ne se pose pas ;
    • dans les taxis, avec le vent qui souffle, c’est pratique pour ne pas avoir les cheveux qui volent dans les yeux ;
    • par contre, pour aller à la toilette (à la turque), il faut le nouer encore derrière le cou sinon, ça dépasse et trempe où il ne faut pas...

En ce qui concerne la tenue

  • le problème vient de la matière utilisée pour ces manteaux, même achetés sur place et qui ne sont pas en coton ou en lin : on transpire énormément dedans et au bout d’un ou deux jours, il doit passer à la lessive. Il n’est pas nécessaire de mettre un t-shirt en dessous pour autant que le tissus ne soit pas transparent ou trop fin….
    • les tissus locaux noirs ont une fâcheuse tendance à déteindre sur la peau en cas de transpiration : c’est pas beau d’avoir les aisselles en black !
    • Et Popol porte une chemise à longues manches, il se sent plus à l’aise dedans bien que les jeunes portent des t-shirts (les plus âgés gardent eux des chemises à longues manches retroussées et jamais de cravate !).

Impressions sur le Shirãz Hotel (attention, il faut également lire nos impressions à la fin du séjour dans ce même hôtel pour avoir une vue objective).

le Shirãz Hotel

Cet hôtel est fréquenté par des Iraniens et des touristes. Réception, restaurant, ascenseur, bref tout est fait selon les critères qui se veulent modernes. Mais, il ne nous semble pas à la hauteur de ses prétentions. 35 € (soit 42 $) pour la chambre et le petit déjeuner, nous espérions mieux.

En effet, la chambre 305 est exiguë, avec un énorme frigo sur lequel repose une petite TV. La salle de bains, aux murs aveugles, bien que propre est visiblement fatiguée, les carrelages sont ajustés approximativement, les joins sont cassés, la lunette des WC « tombe » à chaque fois que nous osons y poser nos fesses.

la salle de bains

 

De plus, la seule lumière de cette salle de bains ainsi que de la chambre est un néon qui diffuse une lumière aux teintes glauques. La chambre donne sur Saadi Str, une rue extrêmement bruyante. Heureusement que l’air co fait un raffut assourdissant pour couvrir les bruits de la rue nous obligeant à dormir avec des boules quies.

Le petit déjeuner est spartiate : thé, pain, confiture aux carottes, miel : ce n’est pas bysance.

L’hôtel possède son propre chauffeur de taxi qui demandera 40.000 Ri pour venir vous chercher à l’aéroport (les taximans devant le terminal domestique demandent le même prix) et 30.000 Ri pour vous conduire à l’aéroport national. C’est cher mais cela évite de chercher un taxi en pleine nuit. Il est par contre ponctuel et fiable.

timbre revolution     timbre khomeini