Chiapas

Dimanche 26 Février : Pasame la botella.

A notre réveil, les gars sont déjà debout, mais comment font-ils ? Ils sont responsables de la sécurité des danseuses sur le defile, mais aujourd'hui, ils se sont levés pour rien : il pleut averse et le vent souffle fort, le défile est annule. Sophie en profite pour rester sur l'ordi pendant que Christophe se tape quatre heures aller-retour pour acheter les billets de bus.
La pluie s'est arrêtée même si le vent continue de souffler fort, on part en soirée avec Luis et ses potes. Direction la Caverna, une boite ou la moyenne d'age avoisine les 22 ans. On fait péter les bouteilles de Tequila et Havana Club et c'est partie pour une soirée aux rythmes endiables : latino, reggaeton, salsa, merengue y bandas.... Otra otra noche otra.... Il est 19h30 et l'ambiance est deja tres tres chaude, les corps se frolent, les regards changent et tout le monde danse. Par contre attention, hors de question pour Sophie d'aller seule aux toilettes. Elle doit etre escortée par Luis ou Bernardo. Paraît qu'ici on laisse pas sa copine, on ne sait jamais ce qu'il peut arriver… Dans le même esprit, quand un couple se balade dans la rue, la jeune femme doit toujours marcher côté mur du trottoir, le côté route signifiant qu'on " offre " sa femme… En tout cas, super soirée.
A notre retour, en cadeau d'adieu, Luis et un de ses collegues nous offrent les maillots de foot de leur équipe favorite. Nous sommes trés touchés par leur gentillesse et leur accueil, et les invitons bien entendu à goûter l'hospitalité française dès que possible.

Lundi 27 Fevrier : Vous venez quand vous voulez

" Encore un matin… ". Jean Jacques Goldman ! Sommes-nous déjà rentrés en France ?...Ouf non, nous sommes réveillés par la bonne vieille variété française que nous leur avons transféré la veille. Sophie leur fait également découvrir " Mexico" de Luis Mariano, totalement inconnu au bataillon des mexicains. Aujourd'hui ce sera une journée échange de musiques, nous complétons notre discothèque des titres mexicains du moment, morceaux de bandas (musique typique d'ici), de salsa et de reggaeton.
Cette fois, on se serre fort dans les bras et on se dit au revoir, notre bus nous attend. Nous repartons avec, à nouveau, confirmation de la sympathie des mexicains.
Rencontre surprenante à la gare au milieu du capharnaüm post carnaval…des mormons dans l'accoutrement " classique " : femmes en robe longue avec dentelle, rubans et collerettes, hommes en salopette et chapeau de paille !
Il est 23h, nous arrivons à Villahermosa à 5h00.

Mardi 28 Février : Maya Bell

On a réussi à fermer l'oeil mais pas question de faiblir, on enchaîne a 06h00 avec 2h30 de bus pour rejoindre Palenque puis un collectivo qui nous dépose à Maya bell, un camping proche des ruines au milieu de la jungle. C'est le rendez-vous des babas du monde entier, dread lockers et sosies d'Antoine, ex-star des annees 60 reconverti en globe-trotter-opticien. C'est un endroit tres sympathique : des cabanes en bois sur deux étages accessibles par un tobbogan, des tentes ici et la et des hamacs protégés par des palapas, des abris de paille adequats. Ces derniers sont parfois " aménagés " par des clients en séjour prolongé. Ça ressemble un peu aux cabanes à la Robinson Crusoe dont on rêve enfant : un hamac pour lit, des caisses de bois supendues pour les rangements et un rechaud dans un coin, sans oublier la petite touche deco avec le mobile qui pendouille a l'entree. Question paysages, nous sommes à présent dans l'état du Chiapas, la région la plus pluvieuse et la plus tropicale du Mexique. Et, qui dit tropicale, dit végétation luxuriante et climat chaud et humide. Ca nous change des paysages arides traverses jusqu'a présent ou de la fraîcheur des hauts plateaux volcaniques.

Le Chiapas est aussi la région la plus " indienne " du Mexique et comme par hasard. la plus pauvre. Alors que les indiens représentent 10% de la population mexicaine, ici ils sont 30%, principalement des Une mama mayaTzotziles, Tzeltales, Choles et Lacandons, descendants des mayas pour la plupart. Dans certains villages recules, ils ne parlent pas espagnol mais leur propre dialecte. Le gouvernement n'a toujours pas reconnu la légitimité de cette population indigène et exploite les nombreuses richesses naturelles de leurs terres (pétrole, gaz, élevage, café, maïs) sans en redistribuer les bénéfices. C'est ainsi que 80% des enfants y souffrent de malnutrition, que 80% des habitants n'ont ni eau ni électricité et que, par conséquent, nous sommes en territoire zapatiste ! C'est ici qu'est ne l'EZLN, Ejeccito Zapatista de Liberation Nacional, avec a sa tête le célèbre commandant Marcos et sa cagoule, aussi médiatique que le couvre-chef a cornes de Jamiroquai.: " Nous autre indiens, nous étions invisibles, il a fallu que nous cachions le visage pour que l'on nous voie ".

Apres le montage de notre tente, nous reprenons le collectivo pour retourner a la ville faire quelques courses et un petit tour sur Internet. Puis petit footing de " décrassage " un peu dur pour Sophie qui avait oublier ce que c'était, heureusement elle sera récompense le soir même par un petit dîner aux chandelles: une salade directement dans la casserole sur une table de fortune (un cageot en carton) éclairés de nos lampes frontales.