Volcan Garbuna

Lundi 31 Octobre 2005

Il pleut légèrement pendant la nuit, mais, retenues par les arbres, les gouttes n'atteignent pas le sol. Nous nous levons avec le soleil et entamons rapidement la redescente, avec trois porteurs qui nous ont rejoints. Nous croisons un chasseur, ses chiens, et sa prise, en l'occurence un cochon sauvage transporté vivant pour des problèmes de conservation.

cochon sauvagedescente difficilevillage

Nous passons une source à mi chemin, puis la piste de la plantation où le camion viendra nous chercher pour nous reconduire à Vavua. Extrapolant l'intérêt touristique de leur volcan, le chauffeur et Jack, notre guide, envisagent un peu rapidement la construction d'une maison d'hôtes au niveau du sismographe. De Vavua, nouveau transport en camion pour l'hôtel d'Hoskins que nous atteignons à l'heure du déjeuner. La route est bordée de jardins (plantations d'arbres fruitiers), de plantations de palmes, et de maisons sur pilotis avec une aire herbeuse parfaitement entretenue. Les habitants présents saluent systématiquement notre passage par de grands mouvements des bras, et parfois des cris poussés par les groupes d'enfants.

centre ville d'Hoskins

Mardi 1 Novembre 2005

Le groupe se disloque temporairement : Olivier et Sylvette retournent à Rabaul, Philippe et Gisèle vont profiter des remarquables fonds sous marins de la région. Franck, Jean, Hervé, Evelyne, Jean-Jacques et moi optons pour l'ascension du Garbuna. Ce volcan qui culmine à 1110m est entré en éruption le 17 Octobre après un sommeil de 1700 ans ; il était néanmoins connu comme étant la zone hydrothermale la plus importante de Papouasie. Cette éruption s'est manifestée par un panache de 4km, retombé sur le village de Garu dont les eaux ont été polluées, et dont les habitants sont très inquiets, aucune référence historique ne permettant de pronostiquer la suite des évènements sur ce volcan non instrumenté car considéré jusque là comme éteint.

Nous nous dirigeons donc en début d'après-midi vers la plantation de Kilu, qui nous servira de bivouac et de point de départ. Les habitants ne manisfestent pas d'inquiétude particulière, même s'ils ont observé depuis trois jours la pollution de la rivière, désormais d'un blanc laiteux, une source restant néanmoins potable. Hermann, le responsable du village, nous indique avoir conduit une australienne au sommet, le veille de l'éruption.

plantation de palmes de Walandirivière laiteusecampement dans le village

Une colonne de vapeur semble se dégager du volcan. Après une dégustation de patates douces aux goûts finalement très variés et le repas, nous profitons d'une nuit réparatrice, éclairée par la torche du gardien qui nous a été affecté et le clignotement des lucioles.

Mercredi 2 Novembre 2005

Nous démarrons l'itinéraire directement depuis le campement, par un chemin constamment sous le couvert de la forêt, qui serpente d'abord dans les "jardins", puis monte dans la forêt vers le sommet du volcan. Nous apercevons de nombreux cacatoes, des kalaus au vol très sonores, ainsi qu'un cochon sauvage poursuivi par un chien ; Hermann, qui nous accompagne avec ses trois fils, nous montre un arbre dont le tronc sert traditionnellement à la fabrication des pirogues. A l'approche du sommet, le chemin est ponctuellement recouvert de cendres ; par contre, l'arrivée nous revèle une zone totalement dévastée, où ne subsistent pas d'arbres et où la végétation est recouverte d'une couche de boue grise, collante aux chaussures, et atteignant une vingtaine de centimètres d'épaisseur en lisière de cette zone.

Hermann est effrayé ; il ne reconnait pas le terrain, qui s'est creusé d'un cratère, probablement d'effondrement, et où culmine un petit promontoire qui n'existait pas quinze jours plus tôt. En outre, le panache de vapeur se révèle constitué de deux panaches distincts d'où s'échappent des bouffées grises contenant néanmoins peu de cendres, accompagnées de blocs de pierres qui retombent bruyamment sur les pentes. Avec Franck, Hervé et Jean-Jacques, nous tentons d'atteindre l'arête du cratère pour voir directement la source de l'éruption.

au sommetzone dévastée par les cendres et boue collantezone de solfatares

Mais la prudence nous incitera à renoncer à franchir un dernier petit cratère, la couche de boue s'étant épaissie et le poids de nos chaussures nous interdisant tout repli en cas de chute de blocs de lave. Nous bifurquons donc vers une zone de fumerolles, qui existait précédemment mais a trouvé une forte activité ; nous y admirons des bains de boue bouillonnante, avant de nous replier vers la forêt, compte-tenu d'une augmentation de l'activité du volcan et des chutes de blocs qui approchent désormais la zone où nous nous trouvions il y a quelques instants.

solfataregros plan sur un solfatarephoto du groupepanaches sortent de deux bouchespanache projette des blocspanache

Une forte pluie abrègera notre pique-nique, et nous retournons vers le campement, que nous atteignons trois heures plus tard et qui ne se trouve qu'à six kilomètres à vol d'oiseau du cratère actif. Hermann et ses fils manifestent leur forte inquiétude suite à ce qu'ils ont découvert là-haut, et nous interrogent tour à tour sur l'avenir de cette éruption, alors que nous sommes bien évidemment incapables de prendre la moindre position sur ce sujet. Le camion qui nous ramènera sous la pluie à Hoskins nous rejoint bientôt.