Lundi 27 juin : Moscou Arrivés à Moscou vers 6 heures du matin, nous prenons le métro en direction de la station Frounzenskaya afin de nous rendre chez Madame Melnik qui a accepté de nous héberger quelques jours. Une fois dans le quartier, nous parcourons l’intégralité de la rue Frounzenskaya. Ne trouvant pas l’adresse qui nous a été transmise, nous interrogeons deux gardes. Ils ne peuvent nous aider. Par contre, deux dames nous conseillent de tourner à gauche et de marcher jusqu’à la troisième maison. Arrivés à cette maison, nous frappons à une porte. Une femme nous conduit à l’arrière de l’immeuble à l’entrée n° 18. Nous montons alors quatre étages et sonnons à l’appartement 10… Un chien se met à aboyer et un homme en caleçon apparaît à la porte. Nous lui demandons si nous sommes chez Madame Melnik. Il répond par la négative. Nous lui montrons sur un bout de papier l’adresse que nous cherchons. Il nous explique que nous devons retourner sur nos pas, traverser la rue Frounzenskaya I et la rue Frouzenskaya II pour atteindre la rue Frounzenskaya III. Sébastien part en éclaireur. Un quart d’heure plus tard, il est de retour. Son visage rayonne : il a trouvé la rue ! Elle se trouve quelques centaines de mètres plus loin. Nous sommes soulagés. Nous parcourons une rue interminable qui nous mène à la rue Frounzenskaya III. La remontant, nous parvenons à l’adresse indiquée. Nous sonnons : Madame Melnik nous répond à l’interphone. Encore quelques étages…Et voici Madame Melnik. C’est une belle dame aux cheveux blancs. Nous apercevant, elle s’exclame : « Les voyages forment la jeunesse ». Elle nous prépare ensuite un déjeuner royal et nous explique qu’elle est très occupée en cette période de fin d’année scolaire : elle doit assumer ses cours (elle est professeur de français à l’Université linguistique de Moscou), elle doit aussi terminer la rédaction d’un ouvrage qui ne va pas tarder à être publié et enfin elle doit s’occuper des démarches administratives pour un voyage en France qu’elle organise avec ses étudiants le mois suivant !
Notre hôte nous explique aussi qu'elle vit seule dans cet appartement avec son chat Gorki. C'est un chat de plus de vingt ans très exigeant : il ne mange plus de croquettes, mais uniquement de la viande ou du poisson. L'extrême gentillesse de Madame Melnik (qui ne lui sert que ce qu'il aime) a peut-être une part de responsabilité dans ses goûts de luxe. Il aime également s'installer dans la baignoire et lapper le mince filet d'eau que Madame Melnik laisse volontairement couler toute la journée.
Madame Melnik nous montre ensuite notre chambre. L'étroite pièce est meublée d'un frigidaire, d'une commode et d'étagères couvertes de livres (dont quelques grammaires de français écrites par Madame Melnik et qui font partie des plus usitées en Russie !). Nous ouvrons un canapé marron qui remplit presque la totalité de la pièce. Une porte en verre sépare notre chambre du salon. Dans ce dernier se trouve une riche collection de chats en porcelaine.
Une fois installés, nous nous rendons à Gorbouchka, magasin moderne dédié aux CDs, DVDs et cassettes piratées. Après d'âpres négociations, j'acquiers un DVD de la série « Friends ».
Nous allons ensuite au Marché d'Izmaïlovo constitué de maisonnettes et de moulins en bois. Y arrivant tard dans l'après-midi, la plupart des stands ont été remballés. Sébastien se fait interpeller par un vendeur de Chapkas. Après quelques essayages et une rapide négociation, il en achète deux au prix unitaire de 150 roubles (4,50 E), prix tout à fait raisonnable.
Sur le marché sont exposés des boîtes laquées, des matriochkas à l'effigie de Lénine et des vêtements militaires. Je me laisse tenter par des broches décorées de poupées gigognes miniatures et par deux matriochkas vernies. A la sortie du marché, un vieil homme veut nous vendre des timbres. Voyant que ses collections ne nous intéressent pas, il nous raconte sa vie en anglais : c'est un ancien agent secret, il parle quatre/cinq langues et il a étudié au MGIMO !
Vers 17 heures, nous retournons chez Madame Melnik. Le complot qui avait commencé à se monter dans mon dos ce matin entre elle et Sébastien reprend de plus belle. J'ai vaguement entendu parler de « places », mais je n'en sais pas plus ! Avant de partir à cette soirée mystère, Sébastien raconte à Madame Melnik qu'il a découvert pendant son séjour à Moscou le fonctionnement du système universitaire soviétique : certains professeurs proposent aux étudiants ayant raté leurs examens des cours particuliers à des prix prohibitifs (autour de 30 E l'heure). Et comme par enchantement d'excellentes notes remplacent les mauvaises. Madame Melnik ne soutient pas ce système, mais bien au contraire elle défend l'égalité des chances et la sélection par le travail !
L'heure avançant, nous partons. Nous prenons le métro en direction de la Place Rouge et de là nous nous dirigeons vers le Bolchoï. Non, non, ce n'est pas possible. Ca ne doit pas être là que nous allons. Pourtant nous nous en approchons. Nous prenons même place dans la file d'attente sur le côté du Théâtre. Et là, Sébastien se tourne vers moi et me tend ma place pour un gala de ballet en l'honneur du 100ème anniversaire de la naissance de Lavrovsky, célèbre chorégraphe russe. En plus, c'est l'une des dernières représentations au Bolchoï avant sa fermeture pour trois ans !
Pendant la représentation, les spectacles de danse alternent avec des projections sur écran géant d'extraits de mises en scène de Lavrovsky. Après le spectacle, Madame Melnik nous informe que Lavrovsky est l'un des plus grands metteurs en scène du pays. Il est également connu pour avoir révolutionné les ballets en introduisant des scènes avec des prostituées. Ces scènes ont au départ choqué, mais sont aujourd'hui bien admises par la population.
Auteurs : Mathilde Wagner et Sébastien Risse