Nous nous suivons, chacun dans notre voiture, pour nous rendre à la base. Les maisons qui bordent la route sont de couleurs contrastées : jaune, rouge, bleu. Nombreuses sont celles qui possèdent un kiosque de jardin. Le tout au milieu de la neige et du givre, c'est magnifique sous le soleil levant. Les parents de Maria doivent habiter dans le coin ! Quelques enfants vont à l'école, emmitouflés, sac sur leur dos. La ville est aérée et de fait, très étendue. Dans le centre, les habitations sont plutôt de petits immeubles.
Nous laissons sur la droite, l'hôtel de ville et son originale colonne de type "Eiffel" ainsi qu'un peu plus en retrait, la montagne blanche de la mine de fer et le grand immeuble accueillant son administration, je suppose. Puis après le dernier rond-point en sortie de ville, direction Luleà, et en laissant l'aéroport sur la droite, c'est la toundra enneigée à perte de vue sous une luminosité époustouflante que je découvre pour la première fois. En effet, je n'ai jamais vu une lumière aussi pure, même dans les Alpes ou dans les Pyrénées ! Je me demande s'il faut porter les lunettes de soleil mais n'en éprouve pas la nécessité compte tenu que les rayons ne sont pas très forts, en février. Sur la gauche, un troupeau de rennes est en semi-liberté. Puis avant de prendre une petite route sur la gauche, Xavier ralentit sensiblement sa vitesse en traversée de forêt de sapins : le respect du code de la route en Suède est de rigueur !
La base est tout de rouge vêtue et clôturée, confidentialité oblige. Un thermomètre digital placé au-dessus de la porte s'ouvrant sur l'atelier affiche une température extérieure de moins 15°C. Avant de me faire visiter les lieux, Xavier et son assistante m'offrent café et petits gâteaux à la cafétéria joliment décorée. Les espaces de travail et l'atelier sont modernes. La chaleur qui y règne nécessite de se découvrir. En revanche, il faut à nouveau se vêtir chaudement pour sortir. Les contraintes majeures du climat nordique viennent ainsi s'imposer à moi en voulant rejoindre le lac gelé dépendant de la base, avec Xavier. Situé en pleine forêt, le lac qui s'étend sur plusieurs kilomètres est impressionnant de blancheur et d'immensité. Xavier me le fait parcourir à bord de son 4x4. Seules quelques cabanes lointaines de pêcheur sur la gauche peuvent servir de point de repère ! Le véhicule tient très bien sur la glace mais il n'en est pas de même pour moi quand j'en descends pour faire des photos panoramiques : moment très délicat.
Si délicat que je dois piétiner sur la glace pendant plus d'un quart d'heure pour prendre les meilleures poses possibles. Mes doigts de pieds et de mains se paralysent. Je souffre le martyre sur le chemin du retour vers la base. Mes mains reviennent à la vie mais, en aucun cas, mes orteils. Il est grand temps d'arriver pour enlever les chaussures qui, de plus, me compressent les pieds. Je mets plus d'une heure à en retrouver l'usage et comprends ainsi que même avec deux paires de chaussettes de laine, les chaussures de randonnée ne sont pas suffisantes : un fourrage est indispensable !
Il est déjà 13h et tous sont partis déjeuner en ville. Xavier qui rentre chez lui chaque midi, m'a conseillé de me rendre au "Malmia", lieu où l'on déjeune forfaitairement pour 68 couronnes suédoises (environ 8 euros). Le soleil est toujours présent mais commence à décliner ; la lumière est moins intense. Avant toute chose, je dois me mettre en quête d'un distributeur d'argent. Je le trouve au supermarché "OBS" à Kiruna, à droite, sur la route de Narvik. J'ai quelques difficultés de lecture sur ma carte bleue car celle-ci se positionne dans l'appareil dans le sens opposé à celui de la France. En effet, c'est la bande magnétique qui est lue ici et non la puce. La queue d'attente s'allonge derrière moi !