Le "Malmia" n'est pas facile à localiser. L'établissement se trouve en retrait de la route, sur la gauche. J'effectue plusieurs allers-retours. Alors que je me trouve à proximité, je finis par demander mon chemin en anglais à un skieur de fond qui longe la route.
Le large couloir conduisant à la salle à manger est bordé de vestiaires car le "Malmia" est aussi un dancing. Les tables sont disposées sur une grande estrade en bout de piste. Le buffet est dressé devant le bar servant de réception, sur la droite. Il y a peu de monde et je m'inquiète de savoir s'il m'est encore possible de déjeuner. Le choix est limité mais j'arrive à me constituer une grande assiette de crudités. Je m'installe avec mon plateau près de la baie vitrée pour admirer l'extérieur enneigé sous un soleil déclinant. Je ressens, à partir de ce moment, une grande solitude. J'accompagne ma fine tranche de rosbif froid, imprégnée d'une sauce piquante de couleur orangée, d'un gratin de pommes de terre. Plus de dessert à cette heure : je vais au bar me préparer un café, à l'aide de la machine réservée à cet effet.
Vers 14h30, je sors du restaurant et flâne sur le parking qui, à travers les arbres dénudés, offre une vue d'ensemble sur les toits de la ville de Kiruna. Je prends quelques photos et repars vers la base de ma société. Je commence mes interviews auprès du personnel à 15h30 et les termine vers 20h. La nuit est définitivement tombée vers 16h30 ; je m'en suis à peine aperçu !
Il se fait tard mais la base est éclairée de projecteurs. Compte tenu de ma panne d'oreiller de ce matin, je ne souhaite qu'une seule chose : prendre une bonne douche. Je quitte la base sous un ciel étoilé. Mes doigts se refroidissent très vite sur le volant glacé. Je surveille l'apparition d'une nouvelle aurore boréale, mais rien… La température extérieure frôle les moins 20°C.
L'éclairage public donne l'impression d'être en plein jour à Kiruna. C'est heureux, car j'ai beaucoup de difficultés à retrouver le "Ripan" ; toutes les rues se ressemblent dans la ville. Une nouvelle fois, alors que je touche à mon but, je dois m'arrêter pour demander mon chemin. Tous, parlent systématiquement anglais, ici. J'essaie de prendre mes points repère. A peine arrivée à mon bungalow, je passe un coup de fil à ma famille, en France. Me dévêtir, prendre une douche, hum… que c'est bon ! me revêtir pour aller dîner.
Je me rends au restaurant à pied. Les trottoirs sont toujours aussi verglacés, les rues aussi dessertes car à cette heure, tout le monde est bien au chaud, chez soi. Il est 21h45 et il y a peu de clients au restaurant. Toutes les tables possèdent leur petite lampe. Cette intimité me remplit de bonheur. En Suède, le prix du dîner à la carte, est le double de celui du déjeuner forfaitaire. L'assiette unique qui m'est servie est composée de salade, un peu de crudités, quelques petits morceaux de viande, une ou deux fines tranches de fromage et quelques petits fruits. Le dessert et le café sont en sus. C'est amplement suffisant pour moi, ce soir, mais probablement trop chiche pour un français moyen !
Après dîner, je flâne un peu dans la boutique de souvenirs attenante à la réception : cartes postales, peluches, farfadets, quelques bijoux et objets artisanaux, le moindre couteau en bois de renne et cuir coûte 1200 couronnes, soit 140 euros ! La vie est extrêmement chère en Suède, enfin… pour un français.
A la sortie, les motoneiges et les luges brillent sous l'éclairage extérieur du restaurant, le silence est complet. Je remonte à pied à mon bungalow en fumant une dernière cigarette que je prendrais soin d'écraser dans le pot de fleurs servant de cendrier sous le porche.