Le Tour d'Istanbul

Jeudi 2 juillet, Agya Sofia, Sainte-Sophie, c'ést Théodose qui l'a construite mais détruite par un incendie, elle est aussitôt reconstruite par Justinien qui l'inaugure cinq ans plus tard. Le sultan ottoman Mehmet la convertti en mosquée en 1452. Un café sous le noyer pour admirer la façade monumentale et le dôme comme un oeil regardant passer les nuages. Juste à côté, des frises et des colonnes, vestiges de la façade ouest sous Théodose. 12 moutons et 12 apôtres sont représentés. L'entrée ouvre sur deux galeries avant de déboucher sur l'immense nef aux colonnes de marbre avec une coupole centrale épaulée par deux demi-coupoles et ses arches, ses balcons et ses nombreuses fenêtres émettant la lumière sur cette ensemble d'une harmonie divine. Des médaillons géants de calligraphie islamique se mêlent aux fresques en mosaïque du Christ, de Saint-Jean et de la Vierge et l'enfant. L'Autel a été remplacé par le Mihrab, niche tournée vers la Mecque, entourée de la loge du sultan, imposante en bois sculpté et du Mimbur où l'imam vient prêcher. Une jarre de marbre, les tiles de Siznik et la wish colonne, la colonne des souhaits, des voeux : pouvoir continuer mon tour du monde en bonne santé ainsi que mes proches ? La loge de l'impératrice. La porte de marbre ouvre sur des panneaux de mosaïque, d'une rare beauté. Le Christ sur son trône, entouré de Marie et de l'apôtre Saint-Jean. La Vierge et l'enfant entourée de l'empereur Johannes Komenos II et de l'impératrice Irène et leur fils lui offrant des présents. Une troisième représente le Christ Pantocreator, créateur du monde, trônant au centre, entouré de l'impératrice Zoé et de Constantin IX Monomaktos du XIe siècle. Encore des présents sur cette scène. Le Christ tient un livre sacré d'une main une bible ? et de l'autre semble leur dire : je n'accepterai rien ou silence. Et ce Christ a toujours l'air désabusé avec sa bouche aux lèvres pendantes.

mosquée Sainte Sophiemosquée Sainte Sophie

Au Grand bazar, Kapuliçarsi, c'est le bazar, Y en a dans tous les sens, des échoppes, les marchands du temple ont tout envahi ce labyrinthe de ruelles et de coursives sous des coupoles et des arcades. Un labyrinthe infini d'échoppes, de joailliers, d'artisanat, de poteries, de souvenirs, de tee-shirts, de vêtements, de sacs, d'orfèvreries Tout se côtoie et s'entremêlent entre commerces de luxe et simple souvenir, entre clients fortunés et touristes de passage. Au Budesten café, pour me reposer de tout ce grouillement incessant. Grand miroir et banquettes de cuir rouge sous le regard sévère d'Atatürk ? C'est pas donné mais un jus d'orange pressée, quel délice ! Je continue mon marathon dans les bibelots, des antiquaires, les tapis pas trop agressifs, pas trop entreprenant les marchands. Du coup, je ne sais que choisir ! Une échappée surprenante vers les livres, des bouquinistes installés aux portes du Grand Bazar; c'est le Satraflar Carzia. Quelques boutiques de luxe pour terminer : Gulaylar, Altini, Airadolu, Fusum, Aslan, Zeki, Timriçun Pana, Mehmet Cumbus, Kafkas, Gurpinas, Hitit, Furat Kirgiz, Bosphore, pour faire rêver... A Nuruarmariye, les imams discutent au pied des platanes, que faut-il faire avec les marchands du temple ? Ils nous font concurrence à la mosquée. J'arrête là car on va lever une Ftawa sur moi !
Quand Paul sort enfin de l'ombre après tant d'incertitudes. J'arrive à le retrouver enfin à Island Hotel à côté du Marvin Guest House. Il s'était endormi, le jour de notre arrivée mémorable. Avec Kevin, un Irlandais, barbe noire, parti comme lui sur les routes du monde, on se passe le film qu'il a pris avec sa caméra embarquée sur le vélo. On me voit pas mal puisque j'étais souvent devant lui, comme une arrivée d'une étape du Tour de France ! On parle aussi de leur projet, Kevin veut partir comme Paul en Iran. Mais pas de visa accordé pour le moment. Encore des barrières, encore des murs que les hommes se construisent. À défaut, on part pour la Syrie, le Guatemala, le Kazakhstan... Autour d'une bière, pas besoin de visa, ça roule tout seul.

Vendredi 3 juillet, les cornes des bateaux qui appellent au voyage, les oiseaux et les mouettes qui gloussent semblent rigoler. Ca incite à se lever. S'il n'y avait que ça,un chien n'a pas arrêté d'aboyer toute la nuit, bien sûr, ce matin, il a cessé ! Départ sur le pont sur le Halic. Je prends le grand trottoir. Les pêcheurs et leurs lignes où parfois frétille un poisson comme un cortège. Déjà une étape de franchie. Je suis dans Karakoy : des quincailliers, des commerces d'outillage, de bricolage, de jardinage. On est loin de l'Istanbul des touristes.
Je longe la mer par les rues intérieures. Le Dolmabahce Sarayi surprend au détour d'une rue avec ses gardes droits comme des i. Mon but est de franchir le Bosphore, le Bogazici qu'on entraperçoit de temps en temps. La circulation quelquefois s'arrête quelques secondes dans mon sens, quel miracle et quel repos pendant ces rares instants. J'arrive au pied de ce géant aux larges pieds, remonte une route à forte pente mais qui se perd dans les villas chicos. Je demande à un kiosque. Demi-tour. On m'indique que c'est interdit voire impossible pour un vélo. Uniquement par ferry. J'essaie quand même de remonter de l'autre côté du géant. Et là, j'aperçois une route de chantier, des camions y montent, je me dis que c'est pas gagné mais je tente et trouve une simple trouée, un passage en chemin qui donne accès à la quatre voies menant au pont. Je me lance. Une large bande cyclable, c'est royale jusqu'à l'entrée du pont. Là, y en a plus et je bascule mon vélo hors route de l'autre côté des immenses câbles. tanker Ça y est, j'y suis, je peux repartir sur mon vélo. Le revêtement a l'air tout fin, quand j'arrive au-dessus du Bosphore. A un moment, je vois la mer en dessous de moi, le pont tremble et moi aussi. Un gros tanker arrive dessous l'immense pont. Photo de ce moment unique mais pas trop le temps d'admirer les collines de la Corne d'or et de Buyaghi et les dômes et les minarets de Sainte-Sophie brillant au loin. La descente de l'autre côté. Comme un funambule sur son fil, j'atteind la terre ferme, l'autre côté, l'Asie ! Des voies réservées aux bus, je me fais klaxonner. Moins de touristes. Des parcs, des commerces, plus aéré jusqu'à Harem où je demande l'embarcadère. Ça se concentre et bouchonne à son entrée. A la cafétéria Harem où je souffle un peu après cette expédition risquée. Les cars alignés, le bruit incessant des voitures, des clients qui voint et viennent, les klaxons, de grosses valises, les dames à gabardine, foulard qui attendent. C'est un ronronnement et un mouvement perpétuel qui estourdit. En repartant sur le ferry, un jeton d'une livre et demie ! Vue sur la rive opposée, de grandes tours comme un petit Manhattan. À l'arrivée, retour sur terre dans le grouillement et la folie de Sultanhamet. Je remonte après Yeni Camii, dans le bazar égyptien ? Plus bazar que le Grand bazar, petites ruelles, des milliers d'échoppes, commerces plus authentiques, plus pour les locaux, de la quincaillerie, des chaussures, des vêtements. A Suleymaniye Camii où j'arrive enfin au sommet du quartier.
JP en habit folkloriqueQuand un cyclo de Meylan se transforme en habit floklorique. À l'entrée, il faut se déchausser bien sûr mais comme je suis en cuissard, le bonhomme de l'entrée me remet une splendide petite jupette. Avec ça, je suis la reine de la pédale ! Un peu d'histoire après ce moment marrant. La mosquée fut construite pour le sultan Suleyman le magnifique par Sinan, l'architecte en 1557. Intérieur simple et sobre, juste une partie se visite, l'autre est en restauration. Des colonnes de marbre soutiennent des arches à deux couleurs rouge et blanc. Un homme jeune se met à prier, agenouillé sur le tapis, baisant le sol. Photo par lui pour immortaliser cette tenue originale ! À quatre autour de la table du Marvin Guest House, Paul, Kevin, l'Allemand et moi. Je me fais invité pour une salade succulente : pâtes, tomates, thon préparé par Paul. Un anglais d'origine iranienne fête son anniversaire. Peut-être, pourra-t-il aidé Kevin et Paul pour leurs visas ? Encore des pays traversés, des expériences, du vécu partagé au fil des bières. J'ai l'impression d'avoir le monde à portée de moi et que les gens s'y parlent et s'y côtoient, se comprennent et se tolèrent leurs différences : Panama, Argentine, Canada, Australie etc. sans heurt ni violence. Le monde devient petit, généreux, solidaire comme la salade que l'on partage.

mosquée d'Ortakoy