Découverte de Télémark, Norvège

Lucie et Jean nous font découvrir le pays des fjords en camping-car.

Intro

C’était en 2004 comme l’indique le titre. Il fallait faire un voyage hors du commun ne serait-ce que pour oublier notre Afrique bien aimée, vers laquelle il nous est impossible d’aller désormais. Ce périple-là nous devrons le faire en camping-car, ce qui est beaucoup plus confortable que nos deux précédents véhicules utilisés en 1995 le Toyota 4x4 au confort spartiate et  en 1996 l’ Iveco sommaire mais où l’on trouvait à peu près tout ce que l’on avait besoin.

Le camping-car de Lucie et Jean

En 2004 nous avons un Detleff tout neuf dans lequel il fait bon vivre même sous les latitudes extrêmes que
nous allons rencontrer. La saison  n’est guère favorable et je ne sais ce qui nous a pris de partir aussi tôt dans l’année alors que l’hiver bat son plein au nord de notre terre. Nous sommes à la mi-mai  et rentrerons vers fin juin. Oui, c’est un superbe voyage, un total changement de vie, une solitude extrême dans certaines régions. Mais il faut croire que l’on aime bien ce genre d’expédition puisqu’on la recommence pour la troisième fois. Pour éviter la lassitude on va essayer de voir des contrées que nous ne connaissons pas et que nous sommes curieux de découvrir. Tout d’abord le sud, ou plutôt le centre sud, ce que l’on appelle le Télémarq où sont centralisées la plus grande partie des églises en bois debout que l’on appelle ici les stavkirkes .

Une église norvégienne

Elles furent édifiées vers les années 1000 jusqu’à 1300 et il y en avait 750 alors qu’il n’en reste plus que 27 ou 28. Celles-ci sont protégées par l’Unesco qui décidément a beaucoup à faire dans toutes les parties du monde. Ces visites, nous en ferons beaucoup jusqu’à en avoir assez de ces monuments noirs si vieux, qu’on ne peut pas visiter à l’intérieur car ils sont tous fermés. C’est l’hiver nous dit-on dans le guide, celui de Routard et même celui du Futé. A la mi-juin c’est encore l’hiver dans ce fichu pays. Je crois bien qu’il faudrait se borner à ne venir ici qu’en juillet ou même en Août, mais alors il faut faire vite car l’hiver suivant arrive dare-dare, c’est bien le paradoxe de ce bout du monde si loin de nous.

Nous  avons atteint une étape décisive, depuis que nous sommes privés de notre cher compagnon d’aventure. Notre bon vieux Toyota, véhicule 4x4 âgé de 21 ans, dont nous avons dû nous séparer.
Comme nous en avons bien plus, il nous a fallu tourner définitivement la page de nos échappées un peu folles. Sans savoir de prime abord ce que serait l’étape suivante, nous qui rêvons de pays au-delà des mers. Une idée vient à nous un beau jour…elle nous conduit en Norvège, ce pays des quatre vents à la solitude profonde, incroyable et rare… A ce désert glacé, ce pays de paysages ce soleil permanent 24 heures sur 24. Nous avons découvert ce pays en 1995, nous l’avons revu en 1996 mais il y a encore plein de sites qui restent à voir,  sur lesquels nous avions fait l’impasse et puis on va tenter de fuir les sentiers battus pour en emprunter de plus secrets, et avoir l’air d’être les premiers à être passés par là...Donc il faut partir, partir de la France du sud vers celle de l’est et vers l’Allemagne sur Fribourg. On est déjà le 15 mai. On a roulé jusqu’à 18heure15 on va arrêter notre course sur une aire proche de Baden-Baden. Il y a un monde fou : Camions, citernes, autocars, autos, motos et en plus des frigorifiques en marche qui font un boucan continu et totalement énervant . C’est ça ou rien du tout, il faut bien se réhabituer à cet enfer quotidien. Il y a deux autres camping-cars qui doivent comme nous prendre leur mal en patience. Dire qu’on était si bien à la maison !…
En faisant le tour du paysage, je m’aperçois qu’on est tout près des boites à ordures, il y en a je ne sais combien !…
On déménage, pour s ‘éloigner aussi du frigorifique en marche. Les camping-cars sont arrivés également et après plein de précautions pour la  sécurité on s’installe pour la nuit.
La télé marche bien,  en français et on peut voir une partie de l’eurovision  des chansons. Las, sur le vu de la nullité du programme, on tire les rideaux sur notre journée et rejoignons les rêves de Morphée.

On dort bien, compte tenu de l’environnement et de l’incroyable pléthore de gros cubes.
Ce matin on traverse des régions à grosse culture d’asperges, il y a des cueilleurs par dizaines qui s’affairent, avec leur serpe et leur paniers de bois. C’est impressionnant !
On roule, sur cette autoroute bordée de champs cultivés qu’animent des éoliennes au garde à vous sur de longues distances. L’écologie bat son plein  entre deux villes à l’industrie démesurée : Hanovre, Kassel et plus loin Hambourg.

Tiens ! un cabriolet  Bugatti rouge nous dépasse cavalièrement, bien qu’ayant de nombreuses années de route .C’est un très bel engin, qu’on ne peut qu’admirer, hélas fugitivement !
C’est alors que lors d’un arrêt on retrouve sur un parking la belle auto rouge, en train de parader . Elle fait donc la dernière photo de ma pellicule, je l’espère réussie .

Un cabriolet Bugatti rouge

On parcourt aujourd’hui 615 kilomètres, c’est un grand bond qui nous rapproche de Hambourg. On choisit une aire, minuscule et  bruyante et là on perçoit notre éloignement. La télé ne diffuse plus en français, ni la radio. On a donc mis la cassette des «  chariots de feu » en remerciant ce gentil et talentueux Morricone . Entre latins le courant passe mieux, on le constate encore ce soir .

Lundi 17 mai

Aire avant  Hambourg. Il est 6 heures 15 C’est bien tôt pour un début de vacances, mais on est prêts à partir. Il faut dire que la circulation incessante, nous a obligés à nous lever bien avant le jour. Un bruit pareil est infernal sur la route toute proche. Roulements à folles vitesses, le goudron crie sous les pneus, différemment selon la voiture ou son allure…Ce matin on a préféré mettre la radio qui émet en allemand, c’est dire !…
On va aujourd’hui vers le Danemark. Les prochaines étapes seront : Flensbourg----Kolding -----Odense------Kopenhavn-----Malmo
Notre itinéraire un brin fantaisiste nous conduit de Kolding vers Odense et Nyborg puis vers Korsor et Roskilde. Nous venons de traverser par deux fois la mer Baltique. Ce pays composé d’îles s’est doté de ponts souvent très longs qui enjambent la mer et relient entre elles les villes côtières  et celles-ci aux pays voisins comme la Suède. Les péages sont coûteux mais la liberté de circuler sur une route engendre une préférence pour ce genre de traversée.

Pont norvégien
  

La monnaie du Danemark est le DKK c’est à dire la couronne danoise qui vaut 0,14 euro. Mais nous transitons seulement dans ce pays, ce qui nous autorise à faire l’impasse sur le change. On utilise à outrance notre carte visa partout acceptée.
A Copenhague , on emprunte un tunnel puis le pont de « Oro Sun » qui traverse la Baltique et rejoint Malmo . C’est la première fois que l’on roule sur ce pont qui était en construction lors de notre dernier passage en 1996, nous mesurons le travail gigantesque accompli durant ce laps de temps.( huit ans, quand même ! ).  L’espace entre les deux rives étant de 18 kilomètres, on peut tout à loisir  admirer l’ouvrage et s’étonner du  trafic intense sur la mer et sur le pont. On vient de faire déjà notre troisième traversée, toujours sur la mer Baltique.
Malmo est sûrement une belle ville, que nous passons sans nous arrêter par manque de parking, d’autre part la circulation dans ce port est si intense que l’on dirige nos pas vers ailleurs.
Pourtant, il nous faut changer un peu d’argent , contre des KS, des couronnes suédoises, opération que nous faisions autrefois à la frontière, mais il n’y a plus de frontière, donc il faut trouver une banque, dans la prochaine ville.

Vraiment dur, ces fichus pays ! qui en n’acceptant pas l’euro nous ont mis dans de beaux draps. Ayant quand même adhéré à l’Union Européenne parce que ça les arrangeait, ils n’en ont pas accepté les contraintes
Ainsi nous serons en permanence en souci de nos deniers, change ou non, problème sans cesse posé entre les trois pays : Danemark, Suède , Norvège, la Finlande quant à elle faisant partie de la zone euro, pour notre plus grande joie. Donc, malgré la grande commodité de la carte visa, elle ne nous est pas utile pour les petits achats : pain, horodateur de parking pour aller à la banque et d’ailleurs où trouver une banque ? Au hasard d’une balade, on en trouve une et je peux enfin changer cinquante euros. Malgré la taxe locale prohibitive, nous voilà tranquillisés. Je rejoins Jeannot qui avait rallié la voiture garée en zone payante, droit impossible à régler pour nous qui ne possédions pas le moindre écot…. Le plus drôle, lorsqu’on a eu l’argent, on n’a pas trouvé de pain  et on est partis sur la route, à l’aventure en comptant sur le grillé Heudebert placé en cas dans nos provisions, fort heureusement. Mais le pire de tout, la frontière approche, celle de Norvège et l’on n’a pas dépensé le moindre sou. Nous décidons donc de faire le plein de diesel, avec le pécule que l ‘on a eu tant de mal à changer et qui ne va plus nous servir.

Point de pompe à l’horizon, où alors si, il y en a une, mais qui fonctionne exclusivement avec la carte alors qu’on a des espèces à liquider. Il n’y a plus d’aire de repos non plus, ni de camping, ceux-ci, disséminés sur la carte le long de notre route, ne sont plus  indiqués nulle part  et qui sait ? sont peut- être fermés à cette pré saison. La situation étant, ce qu’elle est, on finit par trouver une aire parmi des centaines de camions et des dizaines de frigorifiques en mouvement. Il est 9heures 45 le soleil luit encore, on va essayer de se reposer au milieu de ce tintouin ambiant, avec nos nombreux petits soucis.. Et puis après tout il fera jour demain !….